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La FIQ annonce déjà deux autres journées de grève, les 23 et 24 novembre, pour les 80 000 professionnelles en soins du Québec, soit les infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques.
Les membres de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) ont entamé mercredi une première journée de grève - la deuxième journée consécutive aura lieu jeudi - et annoncent déjà deux autres journées de grève, les 23 et 24 novembre, dans le but de faire pression sur le gouvernement du Québec et ainsi obtenir une entente concernant leurs conditions de travail. Les conventions collectives du secteur public sont échues depuis le 31 mars dernier.
La présidente de la FIQ, Julie Bouchard, a annoncé ces deux prochaines journées de grève en lançant, à l'endroit du gouvernement Legault: «ça suffit le temps où on achète du temps, où on dit n'importe quoi sur la place publique. Prenez ça au sérieux, assoyez-vous à la table de négociation et négociez.»
Laurence Royer est revenue sur les revendications de membres de la FIQ de partout au Québec, mercredi. Voyez son reportage dans la vidéo liée à l'article.
Ce sont donc 80 000 professionnelles et professionnels en soins œuvrant dans les établissements de santé des quatre coins du Québec qui sont en grève mercredi et jeudi. Il s'agit d'infirmières, d'infirmières auxiliaires, d'inhalothérapeutes et de perfusionnistes cliniques.
Les syndiqués membres de la FIQ ont voté à la fin du mois d'octobre à 95 % en faveur de la grève, pouvant aller d’une journée de grève jusqu’à la grève générale illimitée.
Est-ce qu'après ces deux journées de la fin de novembre, la FIQ pourrait déclencher dès lors un tel débrayage? «Si on en vient là, on en viendra là», a répondu Mme Bouchard.
La FIQ et le gouvernement du Québec seront de nouveau en négociation mercredi et jeudi.
Rappelons que les déléguées de la FIQ ont rejeté à l'unanimité la nouvelle offre du gouvernement du Québec, présentée dimanche dernier.
«Alors que le réseau de la santé tombe en ruines, que les professionnelles sacrifient leur santé physique et mentale pour arriver à donner des soins aux patients et que la qualité de ces soins est mise en péril, cette proposition démontre le manque de respect du gouvernement envers une main-d'œuvre majoritairement composée de femmes», avait alors lancé la présidente de la FIQ, Julie Bouchard.
Les négociations avec le Conseil du trésor achoppent notamment sur les salaires, mais aussi sur plusieurs autres demandes de Québec, notamment celle touchant la flexibilité attendue des infirmières face aux changements de quart de travail, d'unité de soins ou d'établissement, selon les besoins.
«La ministre LeBel dit qu’elle ne veut forcer personne à se déplacer pour son quart de travail, mais ce n’est pas ce qu’on nous dit à la table de négociation. La partie patronale maintient qu’elle commencera par demander des volontaires. Si elle n’en trouve pas ou si elle n’en trouve pas suffisamment, elle imposera alors le déplacement. Ça ne fera que pousser plus de professionnelles en soins vers la porte de sortie» a expliqué Jérôme Rousseau, vice-président de la FIQ et coresponsable de la négociation.
La FIQ souhaite également faire des gains, entre autres, concernant la conciliation travail-famille et le fardeau de tâche.
La FIQ revendique par exemple l'adoption d'une loi sur des ratios sécuritaires infirmière/patients. Elle réclame aussi que la cinquième semaine de congé annuel soit obtenue avant 10 ans de service et qu'une sixième semaine soit ajoutée avant 15 ans de service. Elle demande également de bonifier les primes de soir et de nuit.
À voir également : Énorme manifestation de la FIQ: de nombreuses infirmières se rassemblent devant les bureaux de Dubé
De son côté, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, estime qu'elle doit revoir l'organisation du travail afin de pouvoir mieux répondre aux besoins.
Québec offre maintenant 10,3 % à l'ensemble des employés de l'État sur cinq ans, après avoir offert depuis décembre l'an passé 9 % sur cinq ans. Cette bonification de 1,3 % a été jugée dérisoire par l'ensemble des syndicats concernés, bien que la ministre juge son offre «extrêmement sérieuse» et en lien avec l'inflation.
La ministre LeBel y ajoute un montant forfaitaire de 1000 $, versé une seule fois, la première année du contrat de travail. Aussi, elle prévoit consacrer une somme équivalant à 3 % à des priorités gouvernementales comme des offres différenciées liées à l'organisation du travail.
Mardi, le ministre des Finances, Eric Girard, a présenté sa mise à jour économique en affirmant qu'il n'avait guère de marge de manoeuvre pour accroître les offres gouvernementales aux employés de l'État.
À ce sujet, la présidente de la FIQ, Julie Bouchard, s'est dite peu surprise. «À toutes les années où il y a des négociations nationales avec les travailleuses et les travailleurs de l'État, il n'y en a jamais de marge de manoeuvre. Quand c'est le temps de négocier avec nous, on n'a pas d'argent. Mais quand c'est le temps de tomber en élection, oh là, il va y avoir des surplus probablement dans les coffres», a-t-elle lancé.
Bien que la grève puisse perturber les activités du réseau de la santé, il est important de rappeler que ce moyen de pression est encadré par les services essentiels.
«Les professionnelles en soins ont à cœur la santé des patientes et des patients. Leur objectif est de mettre la pression sur l’employeur, pas sur les patients», précise-t-on dans un communiqué de la FIQ.
Par exemple, dans les urgences et les unités de soins intensifs, 100 % des services doivent être assurés durant la grève; dans les CHSLD, 90 %; en réadaptation, 70 %; à Info santé, 60 %; dans les Groupes de médecine familiale, 60 %; au bloc opératoire, 70 %.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux a prévenu que «certains rendez-vous, notamment pour des chirurgies non urgentes, pourraient être reportés» et que les patients potentiellement touchés par ces reports ont été ou seront contactés par les établissements de santé.
«Les plages de rendez-vous offertes dans les centres de vaccination ont quant à elles été planifiées en fonction du personnel disponible en temps de grève pour éviter l'annulation de rendez-vous», ajoute-t-on dans un communiqué.
Les représentants de la FIQ ont fait une sortie dans les médias à la fin du mois d'octobre pour dénoncer la décision du gouvernement du Québec d'interrompre des primes dans le secteur public, dont une prime de 3,5 % qui était versée à l'ensemble des infirmières.
La FIQ expliquait alors que cette prime avait été négociée lors du renouvellement de la convention collective 2020-2023. Selon elle, il ne s'agit donc pas d'une prime liée à l'urgence sanitaire, mais d'une prime de reconnaissance.
«Le comble de l'injure, c'est que le gouvernement a annoncé qu'il coupait la prime FIQ de 3,5 % à l'ensemble des professionnelles en soins. Ça, j'insiste, ce n'était pas une mesure dans le cadre de la COVID. C'est une mesure qu'on a négociée dans le cadre de la dernière convention collective. Le gouvernement et madame LeBel souhaitaient faire une offre différenciée pour les professionnelles en soins. Et c'est le chemin qu'on a trouvé d'octroyer une prime de 3,5 % à l'ensemble des professionnelles en soins. Et là, on nous annonce qu'on la coupe. Ça, j'avoue, je ne la comprends pas», s'était exclamé le vice-président de la FIQ, Jérôme Rousseau.
Le Conseil du trésor a confirmé qu'il cesse de verser cette prime. Il fait toutefois une autre lecture du but et du contexte de cette prime.
«Il s'agit bel et bien d'une prime mise en place dans le contexte de la COVID, plus spécifiquement elle visait la reconnaissance des professionnelles en soins, suivant la reprise des activités en raison du délestage découlant de la pandémie. C'était pour reconnaître leur rôle essentiel dans la réorganisation des activités cliniques entraînée par la pandémie», a expliqué à ce moment le cabinet de la ministre Sonia LeBel.
Avec des informations de La Presse canadienne.