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L'Arabie saoudite a appelé à la levée des sanctions, qui menacent de compromettre la reprise de la Syrie.
Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne se réuniront fin janvier pour discuter de l'assouplissement des sanctions imposées à la Syrie, a indiqué dimanche la cheffe de la diplomatie de l'UE, même si cette décision dépendra de la capacité des nouveaux dirigeants syriens à mener une transition politique inclusive après le renversement du président Bachar al-Assad le mois dernier.
Les commentaires de Kaja Kallas ont été faits lors d'une réunion de hauts diplomates européens et du Moyen-Orient dans la capitale saoudienne de Riyad pour discuter de l'avenir de la Syrie.
L'Arabie saoudite a appelé à la levée des sanctions, qui menacent de compromettre la reprise de la Syrie après près de 14 ans de guerre civile qui a fait environ 500 000 morts et déplacé la moitié de la population d'avant-guerre du pays, qui était de 23 millions.
Les pays européens et les États-Unis se méfient des racines islamistes des anciens insurgés qui ont chassé M. Assad du pouvoir et qui dirigent désormais un gouvernement intérimaire.
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Les anciens rebelles ont promis d'organiser un sommet de dialogue national qui comprend différents groupes à travers la Syrie pour convenir d'une nouvelle feuille de route politique menant à une nouvelle constitution et à des élections.
Mme Kallas a mentionné que les ministres des Affaires étrangères de l’UE examineront comment alléger les sanctions lors d’une réunion le 27 janvier à Bruxelles.
«Mais cela doit faire suite à des progrès tangibles dans une transition politique qui reflète la Syrie dans toute sa diversité», a-t-elle déclaré dans un message sur la plateforme de médias sociaux X. Elle a également publié une photo d’elle-même rencontrant le nouveau ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Shibani, lors de la réunion de dimanche.
Les États-Unis, l’UE et certains pays arabes ont commencé à imposer des sanctions à la Syrie après la répression brutale de Bachar al-Assad contre le soulèvement de 2011 contre son régime et les ont renforcées lorsque le conflit a dégénéré en guerre.
Certaines des mesures visent des personnes du gouvernement de M. Assad, notamment le gel des avoirs. Mais beaucoup visent le gouvernement en général, notamment l’interdiction de nombreuses transactions financières et bancaires, des achats de pétrole et des investissements ou du commerce dans certains secteurs, paralysant l’économie syrienne dans son ensemble.
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a souligné que les sanctions contre «les hommes de main d’Assad qui ont commis des crimes graves» doivent rester en place.
Elle a toutefois appelé à «une approche intelligente des sanctions, en apportant un soulagement rapide à la population syrienne. Les Syriens ont maintenant besoin de recevoir rapidement les dividendes de la transition du pouvoir». Mme Baerbock n’a pas donné plus de détails, mais a annoncé une aide allemande supplémentaire de 50 millions d’euros (73,8 millions de dollars canadiens) pour la nourriture, les abris d’urgence et les soins médicaux.
Lors de la réunion, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré que les sanctions internationales et unilatérales contre la Syrie devraient être levées.
Leur maintien «entravera les aspirations du peuple syrien frère à parvenir au développement et à la reconstruction», a-t-il avancé. Il a salué les mesures prises jusqu’à présent par le gouvernement syrien intérimaire, notamment les promesses de lancer un processus politique «qui inclut diverses composantes» du peuple syrien.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a déclaré que son pays, qui était un fervent soutien de l’opposition syrienne à M. Assad, essaierait d’aider la Syrie à normaliser ses relations avec la communauté internationale.
Il a soutenu qu’il était important d’établir un «équilibre entre les attentes de la communauté internationale et les réalités auxquelles est confrontée la nouvelle administration en Syrie».
Il a promis le soutien de la Turquie au nouveau gouvernement, notamment dans la lutte contre les menaces du groupe État islamique. «En tant que Turquie, nous sommes prêts à faire notre part pour faciliter le chemin difficile qui attend le peuple syrien», a-t-il expliqué dans des commentaires rapportés par l’agence de presse turque Anadolu.
La semaine dernière, Washington a assoupli certaines de ses restrictions sur la Syrie, le Trésor américain ayant émis une licence générale, d’une durée de six mois, autorisant certaines transactions avec le gouvernement syrien, notamment certaines ventes d’énergie et transactions accessoires.
Les États-Unis ont également abandonné une prime de 10 millions $ US qu’ils avaient offerte pour la capture d’Ahmad al-Sharaa, un chef rebelle syrien autrefois connu sous le nom d’Abou Mohammed al-Joulani, dont les forces ont dirigé l’éviction de M. Assad le mois dernier. M. Al-Sharaa était un ancien militant d’Al-Qaïda qui a rompu avec le groupe il y a des années et s’est engagé à construire une Syrie inclusive qui respecte les droits des minorités religieuses.
Les rebelles ont mené une insurrection éclair qui a renversé M. Assad le 8 décembre et mis fin à des décennies de règne de sa famille.
Une grande partie du monde a rompu ses liens avec M. Assad et imposé des sanctions à son gouvernement — et à ses alliés russes et iraniens — pour des crimes de guerre présumés et la fabrication de Captagon, un stimulant semblable à l’amphétamine, qui aurait généré des milliards de dollars grâce au passage en contrebande de paquets de petites pilules blanches à travers les frontières poreuses de la Syrie.
Bachar al-Assad étant hors jeu, les nouvelles autorités syriennes espèrent que la communauté internationale injectera de l’argent dans le pays pour reconstruire ses infrastructures délabrées et rendre son économie à nouveau viable.