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Après Québec, Ottawa et de nombreuses municipalités de la province, voilà que des médecins de la province se sont fait demander de retirer l’application TikTok de leurs téléphones.
Après les employés de tous les paliers gouvernementaux et certaines autres instances étatiques, des médecins du Québec se font demander de retirer l’application TikTok de leurs téléphones.
Ainsi, des médecins québécois ont publié leurs «derniers messages» sur TikTok, mercredi, disant avoir reçu une lettre d'interdiction de la part de leurs établissements respectifs.
Il s'agit d'une décision ministérielle qui date du 2 mars 2023. Par exemple, du côté du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval, on indique au personnel que «des mesures seront prochainement mises en place afin de détecter la présence de cette application ou d'en empêcher le téléchargement», a pu lire Noovo Info dans un mémo envoyé aux employés.
«Les médecins qui travaillent dans les hôpitaux du Québec ont reçu un courriel leur demandant de désinstaller l’application de leurs téléphones», a expliqué Mathieu Nadeau-Vallée, alias Wal Trudeau, dans sa dernière vidéo TikTok. L’habitué du populaire réseau social explique que l’on craint que l’application puisse avoir accès à des informations potentiellement confidentielles.
Ce n’est qu’un "Au revoir" ⚡️ pic.twitter.com/NogsUrS7or
— Mathieu Nadeau-Vallée, MD, PhD (@Wal_Trudeau) March 15, 2023
Le résident en médecine, qui a entre autres réalisé plusieurs capsules informatives scientifiques au plus fort de la pandémie de COVID-19, s'est réjoui avec l'humour qu'on lui connait d'avoir pu «combattre la désinformation» en plus de «rétablir les faits» avec l'aide de la communauté sur TikTok.
Il s'est toutefois avoué «triste» que les médecins doivent délaisser le réseau social, puisque cela laissera le «champ libre à la désinformation», a ajouté celui qui compte près de 80 000 abonnés sur TikTok.
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M. Nadeau-Vallée affirme que son compte restera toutefois actif, ce qui permettra aux utilisateurs de TikTok de visionner son contenu. Celui qui a été récompensé en 2022 avec un Medical Post Award pour son travail de vulgarisation du contenu scientifique invite désormais à le suivre sur les autres réseaux sociaux.
Voyez une entrevue du Dr Mathieu Nadeau-Vallée avec Michel Bherer au bulletin Noovo Le Fil 22 du jeudi 16 mars 2023 dans la vidéo ci-haut.
L'intensiviste au CISSS de Laval, le Dr Joseph Dahine, a lui aussi fait ses adieux à ses abonnés sur TikTok dans un message diffusé sur sa page. Pour lui, «le message est clair». Il affirme que la portée de l'interdiction est «très, très, large» et qu'il irait à l'«encontre» de son employeur, du ministère et des directives «s'il continuait à faire ce qu'il fait dans la forme actuelle».
Contacté par Noovo Info, l'intensiviste a fait part de son incompréhension face à cette décision, qui semble «sélective».
«Je ne vais pas défendre une plateforme dangereuse, mais à ce moment, ça serait plus cohérent que ça soit interdit d’utilisation au pays. Une interdiction sélective pour des gens qui apportaient du contenu valide, professionnel et positif, laisse le champ complètement libre à des gens qui ont des intentions pas vraiment bienveillantes», a lancé Dr Dahine en entrevue.
Il confesse devoir faire «un petit deuil» en raison du «positif» que TikTok a pu apporter, et soutient que le réseau social aura permis de «démystifier le quotidien sur le terrain, aux soins intensifs et ailleurs».
Un potentiel outil de recrutement pour le personnel soignant?
Le Dr Dahine confirme également que tous ses vidéos demeureront disponibles pour celles et ceux qui souhaitent les consulter et invite tout un chacun, les jeunes «en particulier», à se méfier des informations médicales qui pourraient se retrouver sur la plateforme. «Validez-là et apprenez à aiguiser votre sens critique», demande-t-il.
En février dernier, Québec a emboîté le pas au gouvernement fédéral en interdisant l’installation et l’utilisation de l’application TikTok sur les appareils mobiles du gouvernement.
Le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, avait alors précisé qu'il s'agissait d'une interdiction de nature préventive, soulignant qu'il n'y avait aucun indication qu'un qu'un «pays étranger espionnerait les employés de l'État au moyen de cette application».
Dès lors, les interdictions ont commencé à se multiplier dans les secteurs de la fonction publique, au Québec comme dans le reste du Canada et du monde.
TikTok est depuis longtemps impliqué dans des controverses sur la confidentialité, car la société mère de l'application, ByteDance, est basée en Chine, où les lois autorisent le pays à exiger l'accès aux données des utilisateurs.