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Des militantes des droits des femmes se sont plaintes que les gouvernements ignorent une résolution de l’ONU adoptée en 2000 exigeant une participation égale des femmes aux pourparlers pour mettre fin aux conflits.
À la veille de la Journée internationale des femmes, des militantes des droits des femmes aux Nations Unies et à l’Union africaine ainsi qu'une lauréate du prix Nobel de la paix ont critiqué mardi les gouvernements dominés par les hommes pour avoir exclu les femmes des négociations de paix.
Elles se sont plaintes que les gouvernements ignorent une résolution de l’ONU adoptée en 2000 exigeant une participation égale des femmes aux pourparlers pour mettre fin aux conflits.
Sima Bahous, de l'agence onusienne consacrée à l'égalité des genres et à l'autonomisation des femmes, a déploré «la régression des droits des femmes».
Mme Bahous, directrice exécutive d’ONU Femmes, a appelé à «un changement radical de direction».
Elle a ajouté que des mesures devraient être prises pour mandater l’inclusion des femmes à chaque réunion et dans chaque processus de prise de décision, avec des conséquences en cas de non-conformité. Et les fonds devraient être acheminés vers les groupes de femmes dans les pays touchés par les conflits où l’argent est le plus nécessaire, a-t-elle affirmé.
Le Conseil de sécurité évaluait l’état de la résolution qu’il a adoptée le 31 octobre 2000, qui souligne le rôle important des femmes dans la prévention et la résolution des conflits et exige leur participation égale à tous les efforts visant à promouvoir la paix et la sécurité. Il appelle également toutes les parties aux conflits à protéger les femmes et les filles contre la violence fondée sur le genre, en particulier le viol et d’autres formes d’abus sexuels.
Depuis le 20e anniversaire de la résolution en 2020, a rappelé Mme Bahous, les dirigeants talibans d’Afghanistan ont imposé «l’apartheid de genre» et la guerre dans la région du nord du Tigré en Éthiopie aurait conduit à des violences sexuelles «à une échelle stupéfiante». Les coups d’État dans les pays touchés par les conflits du Sahel africain et du Soudan au Myanmar ont considérablement réduit l’espace civique pour les organisations de femmes et les militantes, a-t-elle ajouté.
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La Commission de la condition de la femme des Nations Unies a entamé lundi sa session annuelle de deux semaines axée sur la réduction des écarts entre les genres dans la technologie et l’innovation. Il examine également le harcèlement numérique et la désinformation visant les femmes qui favorisent la misogynie violente.
Mme Bahous a cité une étude récente qui indique que les abus en ligne à motivation politique contre les femmes au Myanmar et à partir du pays ont au moins quintuplé après le coup d’État de février 2021 dans ce pays.
«Cela prend principalement la forme de menaces sexuelles et de la publication d’adresses personnelles, de coordonnées et de photos ou de vidéos personnelles de femmes qui ont commenté positivement les groupes opposés au régime militaire au Myanmar», a-t-elle déclaré.
Mirjana Spoljaric Egger, présidente du Comité international de la Croix-Rouge, a abordé l’aspect de la violence sexiste de la résolution de l’ONU, affirmant que «plus de 100 conflits armés font rage dans le monde» et que des progrès durement acquis en faveur de l’égalité des sexes ont été renversés.
«Ce n’est pas une coïncidence, a-t-elle déclaré. Alors que le respect de l’égalité des sexes diminue, la violence augmente.»
Mme Egger a souligné que la Croix-Rouge voit «l’impact brutal» chaque jour de «la violence sexuelle aux mains des porteurs d’armes à des niveaux choquants».
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La militante pacifiste libérienne Leymah Gbowee, qui a organisé des manifestations de rue contre la brutalité de la longue guerre civile du pays et a partagé le prix Nobel de la paix 2011, a déclaré au conseil qu’«il a été prouvé à maintes reprises que les hommes font la guerre, mais sont incapables de faire la paix eux-mêmes.»
«Malheureusement, la conversation est la même en 2023, a-t-elle avancé. Comment discuter de la question de la paix et de la sécurité et laisser de côté cinquante pour cent de la population ?»
Mme Gbowee a dit qu’alors que la résolution de l’ONU sur les femmes, la paix et la sécurité approche de son 23e anniversaire, «l’investissement dans sa mise en œuvre est soit au point mort, soit lent».
Les plans d’action soumis par les gouvernements sont «un outil pour les politiciens et les acteurs politiques pour couvrir les problèmes de paix et de sécurité des femmes alors qu’ils dissimulent leur échec» à faire progresser les droits des femmes, a-t-elle martelé.
Mme Gbowee a appelé les femmes militantes pour la paix à faire partie de toutes les missions de paix, les qualifiant de «gardiennes de leurs communautés».
Bineta Diop, l’envoyée spéciale de la présidente de la Commission de l’Union africaine pour les femmes, la paix et la sécurité, a déclaré lors d’un breffage virtuel au conseil que l’impact actuel des conflits armés sur les femmes et les filles «est précaire».
Mme Diop a cité des enlèvements au Sahel, des viols, des meurtres et des mutilations de jeunes filles et garçons au Congo, et des atrocités dans le bassin du lac Tchad et en Afrique de l’Est, y compris «un taux sans précédent de violences sexuelles».
«Malheureusement, alors que de nombreuses femmes sont engagées dans les initiatives communautaires et de consolidation de la paix, leur voix n’a pas encore été entendue dans les négociations de paix et la médiation où les feuilles de route pour le retour à la paix sont tracées», a-t-elle déclaré.
Mme Diop a déclaré que l’Union africaine aidait à promouvoir les femmes leaders africaines qui peuvent s’asseoir à des tables de paix et à rassembler les femmes des régions rivales, comme cela vient de se produire lors d’une retraite à Pretoria, en Afrique du Sud, pour les femmes éthiopiennes.
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