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«C'est un grand fardeau pour sa santé mentale et son sentiment de sécurité»
Plusieurs politiciennes éminentes mettent en garde contre les menaces qui pourraient chasser les femmes de la politique.
Pam Damoff, député libérale de la circonscription fédérale d'Oakville-Nord—Burlington, a dit que sa décision de ne pas se représenter aux prochaines élections était attribuable aux menaces misogynes constantes et à l'harcèlement dont elle est victime.
«Nous observons un changement dans la façon dont les gens traitent les politiciens. Je suis très inquiète, parce qu'à un moment donné, quelqu'un sera assassiné», lance-t-elle.
Mme Damoff et la candidate à la succession de Justin Trudeau à la tête des libéraux fédéraux, Karina Gould, disent que le harcèlement s'est empiré depuis la pandémie de COVID-19.
«On doit être coriace en politique, c'est certain. Mais après la pandémie, une ligne a été franchie. Les gens sont plus agressifs. Je reçois des menaces de mort», raconte Mme Damoff. Je n'ai aucun regret d'avoir sollicité un mandat de députée. Dans n'importe quel domaine, on prend de meilleures décisions si les voix sont variés.»
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Autre exemple de ce harcèlement néfaste: l'ancienne ministre fédérale de l'Environnement, Catherine McKenna, avait quitté la scène politique en 2021 à cause des menaces qu'elle recevait sans cesse en ligne et même en personne.
«J'étais une personne normale. Quand je suis entrée en politique, je n'étais même pas une militante de la lutte contre les changements climatiques. Je m'étais occupée des droits de la personne. J'avais travaillé à l'étranger. J'étais avocate, mais je ne m'attendais pas à cela, raconte-t-elle. Tout à coup, les insultes ont plu, autant par des climatosceptiques que par des misogynes.»
Selon elle, les réseaux sociaux devraient être tenus plus imputables pour ne pas protéger plus efficacement ses utilisateurs.
Deux des quatre candidats à la direction du Parti libéral sont des femmes. Si elles sont élus par les militants libéraux, Karina Gould ou Chrystia Freeland deviendrait la deuxième femme première ministre du pays.
La première a été la progressiste-conservatrice Kim Campbell qui a brièvement succédé à Brian Mulroney en 1993.
Dans une entrevue à La Presse Canadienne, Mme Gould a reconnu que le harcèlement avait empiré, notamment sur les réseaux sociaux. Elle reçoit aussi plus de menaces dans son bureau de comté.
«C'est un grand fardeau pour sa santé mentale et son sentiment de sécurité», dit-elle.
À la suite du départ de nombreuses élues en 2022, l'historien Alexandre Dumas a été mandaté pour étudier cette tendance pour le comité des femmes du Cercle des ex-parlementaires de l'Assemblée nationale du Québec.
Dans le cadre de son rapport intitulé «Pourquoi les femmes quittent-elles la politique ?», M. Dumas avait parlé à 21 anciennes élus.
«Les élues qui quittent la politique […] ont eu l’impression que leurs compétences n’étaient pas reconnues et de n’avoir d’autre utilité que de faire acte de présence en Chambre pour assurer le quorum, […] autrement dit de jouer le rôle de “plante verte” », avait-il écrit dans son essai.
La présidente du comité des femmes du Cercle, Marie Malavoy, dit que les femmes veulent se sentir utiles. «Elles veulent que leurs habileté et leurs compétences soient utilisées. Et si on se le demande pendant quatre ans, on finit par se demander si on est à la bonne place.»
Malgré ces défis, Catherine McKenna et Karina Gould disent qu'il est crucial que les femmes fassent entendre leur voix.
«Ce n'est pas seulement une question d'avoir des femmes en politique, mais c'est important pour la santé de notre démocratie», souligne Mme McKenna.