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La Chine fait figure d'exception notable dans la suspension des droits de douane américains.
Les droits de douane additionnels appliqués aux produits chinois par les États-Unis atteignent désormais 145%, selon un décret de la Maison-Blanche publié jeudi précisant les conditions d'application de la nouvelle offensive visant la Chine annoncée la veille.
Cette mesure fait suite à une série de ripostes successives entre les deux premières puissances mondiales, Pékin ayant porté à 84% les surtaxes imposées aux produits américains.
L'AFP fait le point sur la situation et les conséquences possibles de ce bras de fer.
Donald Trump a annoncé mercredi durcir les droits de douane imposés à la Chine en raison d'un supposé «manque de respect», les portant à un niveau vertigineux de 125%, contre 104% auparavant.
Ils sont venus s'ajouter aux 20% déjà appliqués à Pékin dans le cadre de a lutte sur contre le trafic de fentanyl, un puissant opioïde responsable d'une grave crise sanitaire aux États-Unis, portant le total à 145%, en plus de ceux existants avant le retour de M. Trump à la Maison-Blanche.
Cette annonce tranche avec la suspension de 90 jours de surtaxes à l'importation accordée à des dizaines de pays.
Ces surtaxes imposées à la Chine constituent la dernière étape d'une série de surenchères entre les deux puissances.
L'administration Trump avait déjà porté à 34% les surtaxes imposées aux produits chinois dans le cadre de ce qu'il a appelé «la journée de la libération», entraînant une riposte réciproque de la Chine.
La Chine est par ailleurs sujette à d'autres tarifs douaniers américains sur ses expéditions d'acier, d'aluminium ou de véhicules.
La Chine a promis mardi de combattre les droits de douane américains «jusqu'au bout», et a riposté à chaque offensive tarifaire américaine.
En réponse aux droits de douane américains de 104% mercredi, Pékin a augmenté ses propres taxes sur les produits venant des États-Unis de 34% à 84%, avec effet jeudi midi.
Le gouvernement chinois a également annoncé le lancement d'une procédure auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), dénonçant la «coercition» de la part de l'administration Trump.
Jeudi matin, la Chine n'avait pas encore réagi aux dernières taxes de 125%.
Certaines de ses mesures de rétorsion ont dépassé la sphère commerciale: les autorités ont par exemple mis en garde les citoyens chinois contre les «risques» d'un voyage touristique aux États-Unis.
La Chine a «clairement signalé» qu'elle ne reculerait pas, note Zhiwei Zhang, économiste chez Pinpoint Asset Management, ajoutant qu'il ne voyait «pas de solution rapide et facile» au conflit.
Les exportations chinoises vers les États-Unis ont totalisé plus de 500 milliards de dollars l'année dernière, soit 16,4% des exportations du pays, selon les douanes chinoises.
La Chine a dans le même temps importé 143,5 milliards de dollars de produits américains en 2024, selon le Bureau du Représentant américain au Commerce.
Les produits agricoles dominent ces importations, selon le Conseil des affaires États-Unis-Chine (USCBC), ainsi que le pétrole et le gaz, les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs.
Cet excédent commercial de la Chine, qui a atteint 295,4 milliards de dollars l'année dernière selon le Département américain du Commerce, suscite l'ire de Donald Trump.
Le géant asiatique semble peu enclin à modifier cet équilibre, notamment parce que ses exportations servent de moteur à l'économie dans un contexte de consommation interne morose.
Une aggravation de la guerre commerciale pourrait avoir des répercussions sur l'objectif de croissance de Pékin pour 2025 - fixé à «environ 5%».
La guerre commerciale pourrait réduire «jusqu'à 80%» les échanges de marchandises entre les deux pays et effacer «près de 7%» du PIB mondial sur le long terme, a averti la directrice générale de l'OMC, Ngozi Okonjo-Iweala.
Les analystes s'attendent à ce que ce conflit commercial réduise considérablement la croissance du PIB chinois.
Les exportations chinoises de produits électroniques, de machines et de vêtements devraient être les plus touchées, selon l'Institut Peterson pour l'économie internationale, un groupe de réflexion basé à Washington.
Mais les surtaxes devraient également nuire aux fabricants et aux consommateurs américains, très voraces en produits chinois, ont averti des analystes.
Malgré ces coûts considérables, il semble «difficile de voir l'un ou l'autre camp reculer dans les prochains jours», estime Paul Ashworth, analyste chez Capital Economics.
«Des discussions finiront par avoir lieu, mais un retrait complet de toutes les surtaxes (...) semble peu probable», affirme-t-il.