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Des scientifiques ont calculé que pour chaque degré Celsius de réchauffement de la planète, les précipitations extrêmes en altitude augmentent de 15 %.
Le réchauffement climatique transforme certaines chutes de neige importantes en pluies extrêmes sur les montagnes, aggravant ainsi les inondations dangereuses comme celles qui ont dévasté le Pakistan l'année dernière, ainsi que les pénuries d'eau à long terme, prévient une nouvelle étude.
À l'aide de mesures de la pluie et de la neige depuis 1950 et de simulations informatiques du climat futur, les scientifiques ont calculé que pour chaque degré Celsius de réchauffement de la planète, les précipitations extrêmes en altitude augmentent de 15 %, selon une étude publiée dans la revue Nature de mercredi.
Les fortes pluies en montagne causent beaucoup plus de problèmes que la neige, notamment des inondations, des glissements de terrain et de l'érosion, selon les scientifiques. En outre, la pluie n'est pas stockée de manière pratique comme le manteau neigeux qui peut remplir les réservoirs au printemps et en été.
«Il ne s'agit pas seulement d'un problème lointain qui devrait se produire à l'avenir: les données nous indiquent qu'il se produit déjà et nous le constatons dans les données des dernières décennies», a souligné l'auteur principal Mohammed Ombadi, qui est hydrologue et climatologue au Laboratoire national Lawrence Berkeley.
Alors que la planète s'est réchauffée au point de frôler le seuil de 1,5 degré Celsius convenu au niveau international pour endiguer les pires effets des changements climatiques, cette étude montre que «chaque degré (Celsius) compte car il s'accompagne d'une augmentation supplémentaire de 15 %» des pluies extrêmes sur les montagnes, a martelé M. Ombadi.
Cette augmentation des précipitations par degré dans les montagnes est plus de deux fois supérieure à l'augmentation que le reste du monde obtient grâce au réchauffement de l'air qui retient davantage d'eau.
L'étude n'a porté que sur les pluies les plus abondantes chaque année pendant six décennies dans l'hémisphère nord, et a révélé que l'augmentation de l'altitude s'accompagnait d'une accélération des précipitations.
L'augmentation la plus importante des précipitations a été observée à environ 3000 mètres d'altitude. Il s'agit d'une grande partie de l'Ouest américain, où, selon M. Ombadi, «le phénomène est très prononcé», ainsi que certaines parties des Appalaches. L'Himalaya, le Tian Shan et les montagnes de l'Hindou Kouch constituent un autre point chaud en Asie, les Alpes étant également touchées.
Environ un habitant de la planète sur quatre vit dans une zone suffisamment proche des montagnes ou en contrebas pour être menacé par des pluies et des inondations extrêmes, a ajouté M. Ombadi.
Cela signifie qu'il y aura davantage d'inondations dans les montagnes, comme celle qui a tué plus de 1700 personnes au Pakistan et qui a mis un tiers du pays sous l'eau, a déclaré M. Ombadi. Il a toutefois précisé qu'ils n'avaient pas étudié précisément les inondations de 2022 au Pakistan et qu'il pouvait donc y avoir de légères différences.
L'étude est logique et «les implications sont sérieuses», a estimé Park Williams, un hydrologue climatique à l'Université de la Californie à Los Angeles qui n'a pas participé à la recherche.
Les scientifiques s'attendent à une augmentation des précipitations avec le réchauffement des températures, mais l'impact de la neige lourde sur les inondations est moindre parce qu'elle met du temps à fondre et qu'il est plus facile de surveiller le manteau neigeux pour voir ce qui se passe, a-t-il expliqué.
«Mais comme la proportion des précipitations de montagne tombant sous forme de neige diminue, les risques d'inondation peuvent augmenter très rapidement», a dit M. Williams.
Dans l'Ouest américain, le phénomène frappe durement de deux manières différentes, a analysé Charuleka Varadharajan, qui est coautrice de l'étude et une spécialiste du climat et de l'hydrologie au sein du laboratoire.
«Ce type de précipitations extrêmes va aggraver les inondations. Il faut ensuite se demander où va l'eau, a-t-elle déclaré. Nous sommes actuellement confrontés à cette situation dans les Sierras, avec les inondations du lac Tulare et les graves problèmes qui en découlent.»
Les inondations peuvent également nuire à la production alimentaire, selon M. Ombadi. Il rappelle que le département de l'Agriculture de Californie estime à 89 millions $ US les pertes de récoltes et de bétail dues aux pluies torrentielles de cette année.
Mais à long terme, l'approvisionnement en eau constitue un autre problème. Lorsque l'Ouest reçoit d'importantes chutes de neige en hiver, cette neige fond lentement au printemps et en été, remplissant les réservoirs où elle peut être utilisée en cas de besoin ultérieur.
«Cela va diminuer votre neige, votre approvisionnement en eau à l'avenir, a souligné Mme Varadharajan. Il y aura plus de ruissellement à court terme, ce qui entraînera plus d'inondations, et moins d'accumulation de neige pour recharger les nappes phréatiques qui, en fin de compte, aident à maintenir le débit des cours d'eau.»
«Ces systèmes montagneux fournissent la majeure partie de l'eau dans l'Ouest, de sorte que toute diminution de l'approvisionnement en eau serait très importante en termes de gestion de l'eau», a-t-elle ajouté.
En période de sécheresse ― et une grande partie de l'Ouest est confrontée à une méga-sécheresse qui dure depuis plus de 20 ans ― les gestionnaires de l'eau aiment maintenir des niveaux d'eau élevés dans les réservoirs, ce qu'ils peuvent faire avec des accumulations de neige importantes parce qu'elles fondent lentement, a rappelé M. Williams. Mais ils ne peuvent pas le faire avec de fortes précipitations.
Ainsi, à mesure que le réchauffement entraîne des précipitations extrêmes, la société devra choisir entre réduire l'utilisation de l'eau en raison des faibles niveaux d'eau dans les réservoirs afin d'absorber un éventuel ruissellement important et soudain des montagnes, ou construire de nouveaux réservoirs coûteux, a dit M. Williams.