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Politique

Le «flip» immobilier inversé de QS

Gabriel Nadeau-Dubois et son parti veulent renverser la tendance de l’«injustice générationnelle» de l’accès à la propriété.

/ Noovo Info
Stéphane Rolland / La Presse canadienne

Déterminé à régler la crise du logement, Québec solidaire (QS) veut renverser la tendance de «l’injustice générationnelle» de l’accès à la propriété en instaurant des flips immobiliers inversés, soit des fiducies foncières communautaires, pour aider les jeunes familles à devenir propriétaires.

Ce faisant, Gabriel Nadeau-Dubois et son parti, en cas d’élection au scrutin du 3 octobre 2022, s’attelleraient à utiliser un fonds «anti-spéculation» de 1 milliard $ pour acheter 10 0000 maisons et condos, les retaper et les rendre disponibles de manière abordable — 25 % moins chères — pour les familles du Québec. Le bénéfice à la vente serait fixé d'avance.

QS imiterait ainsi un modèle inventé par le démocrate Bernie Sanders à Burlington, au Vermont.

«On ne réglera pas la crise du logement si on n’améliore pas l’accès à la propriété», a martelé Nadeau-Dubois en entrevue avec Noovo Info, lundi, avant la présentation de cet engagement électoral à Longueuil.

Ne manquez pas l'entrevue avec Gabriel Nadeau-Dubois au bulletin Noovo Le Fil 22 avec Marie-Christine Bergeron et Michel Bherer à 17h.

La clé pour GND, c'est la séparation des propriétés de leur terrain. C'est là, d'après lui, qu'un gouvernement solidaire pourrait opérer afin de baisser les prix. «En séparant les maisons des terrains, votre maison vous coûte à peu près 25 % moins cher. Le terrain est public, la maison est privée et un organisme local gère tout ça», a expliqué le chef de QS.

Le modèle s'inspire de celui des fiducies foncières communautaires (community land trust) apparues aux États-Unis dans les années 1970. Il s'est surtout développé dans le nord-est des États-Unis, notamment à Burlington, au Vermont.

Questionné à plusieurs reprises, M. Nadeau-Dubois a évité de dire s'il faudrait recourir à un système de loterie pour déterminer quels premiers acheteurs auraient accès à l'aide gouvernementale. Il a dit que des organismes locaux détermineraient les critères d'admission.

GND dit répondre à ceux qui trouvent que la spéculation les sort du marché. «Depuis 1990 au Québec, le prix des maisons a augmenté six fois plus vite que les salaires du monde, a-t-il calculé, Ça ne peut plus continuer. Est-ce qu’on veut vivre dans un Québec où seuls les millionnaires peuvent s’acheter une maison? Je refuse qu’une génération au complet soit privée d’une propriété à cause de la spéculation.»

DOSSIER | Élections Québec 2022

La proposition survient à un moment où l'accès à la propriété est devenu une préoccupation pour de nombreux jeunes. L'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec (APCHQ) estime qu'il manque 100 000 habitations au Québec. «Depuis 1990, au Québec, le prix des maisons a augmenté six fois plus vite que les salaires du monde, s'inquiète M. Nadeau-Dubois. Ça ne peut plus continuer.»

Bien avant le début de la campagne électorale, le premier ministre sortant François Legault a fait sa propre promesse pour s’attaquer à la crise du logement. Il a annoncé un investissement de 1,8 milliard $ pour les logements sociaux si son gouvernement était reconduit au pouvoir. Cette somme se traduit par la construction de 11 700 logements sociaux et abordables pendant un mandat.

La CAQ a par ailleurs l'intention de subventionner 7200 logements de plus via le Programme de supplément au loyer «afin d’aider les familles qui en ont le plus besoin à payer leur loyer.»

Immigration : un chiffre, mais pas de «numérologie»

Le candidat a été questionné sur les seuils d'immigration. Vendredi, à Rimouski, il avait dit que Québec solidaire relèverait les seuils d'immigration. En entrevue à Radio-Canada, la veille, il a évoqué un seuil d'entre 60 000 et 80 000 personnes.

«Pour nous, 80 000, c'est un maximum. Entre 60 000 et 80 000, il faut travailler avec des experts pour la déterminer précisément, cette capacité d'accueil, a-t-il dit lors d'un point de presse à Longueuil. Moi, je ne ferai pas de petite politique et de numérologie, en traitant les immigrants, les immigrantes comme des numéros. Ce n'est pas qu'une question de chiffre, c'est une question de modèle [d'intégration].»

Les arguments de Québec solidaire semblent rejoindre une des principales demandes du milieu des affaires. En juillet, les Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) demandaient de relever les seuils d'immigration jusqu'à 90 000 personnes par année au Québec.

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Le gouvernement Legault a évoqué une cible de 50 000 personnes. Ce seuil serait idéal pour assurer l'intégration, affirme le gouvernement. Une affirmation contestée par Québec solidaire, le Parti libéral et les milieux d'affaires.

Cette année, le gouvernement compte accueillir près de 70 000 immigrants, ce qui comprend la cible de 50 000, mais aussi un rattrapage pour les personnes qui n'ont pu venir au Québec en raison de la pandémie en 2020. Les libéraux, pour leur part, proposent de laisser ce chiffre à 70 000 en 2023, plutôt que de le ramener à 50 000.

M. Nadeau-Dubois a accusé M. Legault d'avoir «ses propres obsessions idéologiques» avec l'immigration. Il a aussi accusé le Parti québécois d'avoir abandonné les régions en proposant d'abaisser les seuils d'immigration à 35 000 tandis que les régions souffrent de la pénurie de main-d'œuvre.

«L'immigration, c'est une richesse. Vous ne m'entendrez jamais casser du sucre sur le dos des immigrants.»

Francois Legault «ment» sur le climat

Québec solidaire, qui a présenté son plan vert la veille, a été pris à parti par François Legault, qui a dit que le plan du parti de gauche ferait augmenter la dette du Québec de 50%.

«Il va falloir qu'il nous explique où il va prendre l'argent, de combien il va augmenter les impôts. Écoutez, il faut rester réaliste. L'argent ne pousse pas dans les arbres.»

M. Nadeau-Dubois accuse M. Legault de «mentir» aux Québécois lorsqu'il affirme que le plan vert de Québec solidaire entraînera une augmentation de la dette. Il n'a pas à fournir plus d'informations avant de présenter son cadre financier `dans les prochains jours', mais il a assuré que celui-ci serait équilibré.

«Ce qu'on a besoin en 2022, ce n'est pas quelqu'un qui raconte des histoires de peur sur la transition écologique. C'est quelqu'un qui prend ses responsabilités», a souligné le chef parlementaire de QS.

Avec de l'information de La Presse canadienne

/ Noovo Info
Stéphane Rolland / La Presse canadienne