Passer au contenu principal
À voir:

Début du contenu principal.

Politique

Le Canada présidera le G7 en 2025: qu'est-ce qui est en jeu?

Voici un aperçu de ce que signifie accueillir le G7 et de ce qui est en jeu.

Dylan Robertson
Dylan Robertson / La Presse canadienne

Le Canada est sur le point de prendre la présidence du Groupe des sept (G7) en 2025, dirigeant un forum réunissant sept des économies les plus avancées du monde, à une époque d'instabilité politique au pays et dans le monde entier.

Voici un aperçu de ce que signifie accueillir le G7 et de ce qui est en jeu.

Qu'est-ce que le G7?

Le G7 comprend les États-Unis, la France, l'Allemagne, le Japon, le Royaume-Uni, l'Italie et le Canada, ainsi que l'Union européenne. Depuis 50 ans, les gouvernements du groupe coordonnent la manière dont les démocraties libérales répondent aux défis économiques et sociétaux.

Le G7 n'a pas de charte, de bureaux ou d'administration permanente. Il prend des décisions sur la base du consensus, sans vote formel.

La présidence tournante implique une série de réunions dans le pays hôte pour les hauts fonctionnaires des pays du G7, qui coordonnent des politiques allant de la défense à la réglementation numérique. Certaines réunions impliquent des groupes de la société civile, des chefs d'entreprise et des syndicats.

L'accueil se termine par un sommet des dirigeants, où les chefs de gouvernement se réunissent pour faire le point sur les principaux défis mondiaux. Cela se conclut souvent par un communiqué qui donne le ton aux autres démocraties industrialisées et peut façonner les politiques mondiales aux Nations unies.

Le Canada a rejoint le groupe en 1976 et présidera cette année ses réunions pour la septième fois. Ottawa prévoit accueillir le sommet des dirigeants du 15 au 17 juin à Kananaskis, en Alberta.

Le Canada est également connu pour le Groupe de recherche sur le G7 de l'Université de Toronto, un projet indépendant qui surveille le respect par les pays des engagements qu'ils ont pris dans le cadre du G7.

La Russie a été membre du groupe à partir de 1997, ce qui en a fait le G8, jusqu'à ce que les autres membres expulsent Moscou en 2014 pour avoir envahi l'Ukraine.

Pourquoi faire partie du G7?

Le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, a qualifié le G7 de «comité directeur du monde libre» en 2022.

Le sénateur Peter Boehm, un ancien diplomate qui a joué un rôle central dans la participation du Canada au G7 pendant des décennies, a déclaré qu'il s'agissait d'un outil essentiel pour le Canada pour exercer une influence et protéger ses intérêts économiques et de sécurité. «Notre participation au G7 est potentiellement le joyau de la couronne de notre politique étrangère.»

Le groupe se concentrait à l'origine principalement sur les questions économiques. Toutefois, l'essor de pays comme la Chine et l'Inde a incité le G7 à se concentrer sur l'État de droit, les droits de la personne et l'ouverture des marchés.

Le G7 encourage également des projets, comme un service de surveillance dirigé par le Canada qui observe la manière dont les pays adversaires diffusent la désinformation, notamment via les médias sociaux pendant les élections générales.

Lorsqu'ils accueillent le G7, les pays lancent souvent une «initiative phare», généralement un projet de développement pluriannuel qui reçoit des fonds importants de la part de pays pairs.

Le Canada a accueilli pour la dernière fois le sommet en 2018 dans la région de Charlevoix, au Québec, dans le cadre duquel les libéraux ont mobilisé près de 3,8 milliards $ pour l'éducation des femmes et des filles en situation de crise et de conflit. À Huntsville, en Ontario, en 2010, les conservateurs avaient promis 1,1 milliard $ pour la santé maternelle et demandé aux pays pairs de consacrer une partie de leur budget d'aide à cette cause.

Le sénateur Boehm soutient que les sommets comportent `des discussions franches et spontanées entre les dirigeants' qui les aident à se mettre sur la même longueur d'onde, «malgré le scepticisme presque universel des nouveaux participants».

Sur quels enjeux le Canada se concentre-t-il?

Affaires mondiales Canada a jusqu'à présent seulement déclaré que le Canada ferait progresser «des priorités communes, telles que la construction d'économies qui profitent à tous, la lutte contre le changement climatique et la gestion des technologies en évolution rapide».

Le premier ministre Justin Trudeau s'est engagé à soutenir des projets de recherche sur la manière dont l'intelligence artificielle peut être utilisée sans porter atteinte aux droits de la personne et aux valeurs démocratiques, et a déclaré la semaine dernière qu'il défendrait «la paix et la liberté pour l'Ukraine».

Il devrait s'en tenir à certaines des principales priorités mondiales du Canada, notamment le soutien à l'Ukraine, la lutte contre l'ingérence étrangère et la réforme des agences financières comme la Banque mondiale afin qu'elles puissent mieux servir les pays en développement.

M. Boehm a affirmé que M. Trudeau pourrait essayer de renforcer le soutien à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ou de se joindre aux appels à la réforme de l'institution. Le président élu des États-Unis, Donald Trump, a cherché à se retirer de l'agence, bien qu'elle puisse être cruciale dans la lutte contre une pandémie de grippe aviaire.

Des groupes de la société civile ont proposé d'autres priorités, comme mobiliser les pays occidentaux pour confisquer les actifs russes afin de financer l'effort de guerre de l'Ukraine, et annuler les réductions des dépenses d'aide étrangère depuis la pandémie de COVID-19 qui ont entravé les progrès dans l'éradication des principales maladies.

L'ancien ministre des Affaires étrangères Lloyd Axworthy et d'autres ont fait valoir que le Canada devrait relancer une initiative de 2002 visant à réduire les stocks d'armes chimiques et nucléaires. M. Axworthy a déclaré que cela pourrait aider à instaurer des garanties pour empêcher les pays utilisant l'énergie nucléaire de se doter d'armes nucléaires.

«Je pense que cette opportunité avec le G7 est une chance pour le Canada de reprendre pied et de devenir un acteur diplomatique efficace dans le monde. Je pense que nous avons laissé beaucoup de choses tomber en chemin», a-t-il dit au balado Global Exchange, publié par l'Institut canadien des affaires mondiales en octobre dernier.

À quoi ressemblera l'année?

En tant qu'hôte l'année dernière, l'Italie a organisé pas moins de 24 réunions entre mars et novembre 2024, allant d'une réunion pour les ministres du Tourisme à une autre sur la science et la technologie.

M. Boehm a expliqué que le Canada organiserait probablement moins de réunions et les jumellerait, peut-être en organisant des réunions parallèles entre les ministres des Affaires étrangères et de la Défense dans une ville, puis une réunion conjointe. Il a indiqué qu'Ottawa avait fait cela la dernière fois pour limiter les coûts élevés de sécurité.

«Le défi pour le Canada sera de trouver le moment opportun et de savoir comment cela s'intègre dans notre calendrier politique et électoral, mais aussi de savoir quel type d'initiatives mettre en place, là où un consensus peut être atteint», a affirmé M. Boehm.

Le calendrier a déjà été un défi pour Ottawa. L'année dernière, M. Trudeau n'a pas réussi à accueillir le Sommet des leaders nord-américains, ce que des personnes comme M. Boehm attribuent à un calendrier compliqué en pleine période d'élections aux États-Unis et au Mexique.

Tout d'abord, le Canada devra décider qui inviter au sommet. Le sommet de 2018 du Canada comprenait des dirigeants de pays insulaires qui ont discuté de l'impact du changement climatique et de la pollution plastique dans les océans.

L'Afrique du Sud préside séparément le G20 cette année, un groupe beaucoup plus large qui a beaucoup moins de consensus que le G7. M. Boehm a déclaré qu'il serait «très intelligent» que le pays soit représenté en Alberta. La Corée du Sud a dit qu'elle souhaitait rejoindre le G7 en tant que membre permanent.

Et Donald Trump?

La dernière fois que le Canada a accueilli le G7, Donald Trump a éclipsé le sommet des dirigeants lors de sa première administration en refusant de signer le communiqué. Il est parti plus tôt que prévu et a fustigé M. Trudeau en le qualifiant de «très malhonnête et faible» dans une dispute sur les tarifs douaniers.

M. Boehm a déclaré que le communiqué avait nécessité deux nuits de négociations tardives parce que l'administration Trump ne s'est pas alignée sur les autres sur le changement climatique ou sur la façon d'empêcher l'Iran de se doter d'armes nucléaires.

Il a noté que certains sommets se terminent par la publication par le pays hôte d'une déclaration résumant les négociations si les pays ne parviennent pas à un consensus, ce que le Canada a évité la dernière fois, selon lui.

Le retour de M. Trump à la Maison-Blanche ce mois-ci a jeté une nouvelle incertitude sur le G7, étant donné sa préférence pour la conclusion d'accords bilatéraux plutôt que de travailler au sein de groupes multilatéraux.

M. Boehm affirme que le G7 est beaucoup plus important pour le Canada que les États-Unis, et qu'Ottawa doit se coordonner avec quiconque fait partie du cercle intime de M. Trump, surtout s'il remplace continuellement son équipe principale.

Par ailleurs, les avocats canadiens spécialisés en immigration ont déclaré que M. Trump est techniquement interdit d'entrée au Canada depuis qu'un tribunal de New York l'a condamné au criminel en mai dernier. Cela signifie qu'il pourrait avoir besoin d'une autorisation spéciale d'Ottawa pour entrer au pays.

Qu'en est-il du chaos à Ottawa?

Avant les troubles politiques du mois dernier, M. Trudeau avait évoqué à plusieurs reprises son rôle imminent de président du sommet du G7 en juin, ce qui a conduit les observateurs à croire qu'il ferait de son mieux pour maintenir son gouvernement minoritaire au pouvoir jusqu'à l'automne.

Pourtant, la démission surprise de la ministre des Finances, Chrystia Freeland, et les troubles qui en ont résulté au sein du caucus pourraient mener au renversement de M. Trudeau par un vote de confiance, ce qui enverrait les Canadiens aux urnes.

Si M. Trudeau préside effectivement le sommet du G7 en juin, il sera le dirigeant ayant été le plus longtemps en poste parmi ses pairs, a noté M. Boehm. «Il aura une idée de ce qu'il veut accomplir et des enjeux et thèmes les plus pertinents.»

M. Boehm a ajouté qu'il avait «pleinement confiance» dans les responsables canadiens pour réussir leur mandat au G7, quel que soit le premier ministre.

Dylan Robertson
Dylan Robertson / La Presse canadienne