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Le chef bloquiste a fait une annonce à l'usine de bois-d'oeuvre de Cedrico, à Causapscal, dans la vallée de la Matapédia.
«Ça aurait pu être pire», mais «ça fait quand même mal», a dit mercredi soir le chef bloquiste Yves-François Blanchet, en réaction à l'annonce des droits de douane imposés par le président américain Donald Trump au Canada.
Les États-Unis frapperont d'un droit de douane de 25 % tous les véhicules construits à l'étranger à compter de minuit, jeudi, mais ne semblent pas avoir ciblé le Canada avec d'autres mesures, selon ce qui a été compris.
C'est une «déclaration assez confuse» de M. Trump, a lancé M. Blanchet dans une courte déclaration aux médias mercredi soir à Québec.
Des droits de douane déjà imposés au Canada sur le bois et l'aluminium restent en vigueur, «ça fait quand même mal», a convenu M. Blanchet, tout en rappelant que le traité de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique reste valide.
«On comprend que ça aurait pu être pire», a-t-il aussi affirmé, après toutes les menaces proférées par l'administration américaine au cours des dernières semaines.
Il a ajouté que les spécialistes du parti allaient analyser plus en détail les mesures annoncées pour apporter un argumentaire approfondi dans les prochains jours.
Rappelons que le Québec ne compte aucune usine d'assemblage de véhicules légers, mais plusieurs fournisseurs de pièces, ainsi que des usines d'assemblage d'autobus scolaires et d'autocars.
Il produit aussi beaucoup d'aluminium et de bois d'oeuvre.
D'ailleurs, dans le cadre de sa campagne, M. Blanchet a visité mercredi matin dans la vallée de la Matapédia un producteur de bois d'oeuvre - cette industrie est déjà frappée par des droits de douane de 14,5 % des États-Unis.
Le grand patron de la scierie Cedrico à Casapscal en a profité pour exprimer ses inquiétudes, alors que M. Blanchet terminait une tournée de trois jours dans l'Est du Québec, dont la Gaspésie.
En soirée mercredi, le chef bloquiste a assisté au lancement du livre de l’ancien maire de Québec, Régis Labeaume, à la salle de spectacle Le Diamant, qui était bondée pour l'occasion.
Dans «Le code Labeaume» écrit par la journaliste Karine Gagnon, il revient sur 25 moments de son parcours.
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«C'est une campagne (électorale) bizarre un peu», a lancé M. Labeaume à M. Blanchet, qui a répondu: «très bizarre!»
«Lâche pas!» a dit M. Labeaume, avant que M. Blanchet l'invite à aller souper ultérieurement pour obtenir une dédicace de son livre.
Plus tôt mercredi, M. Blanchet a reproché au nouveau premier ministre Mark Carney de ne pas avoir pris contact avec lui, notamment concernant la guerre commerciale en cours avec les États-Unis.
Le chef du Bloc attend toujours un premier coup de fil de M. Carney, alors que Justin Trudeau, quand il était à la tête du pays, appelait M. Blanchet pour discuter de projets et d'enjeux.
«C'est arrivé plusieurs fois de façon inusitée: 'le premier ministre (Trudeau) voudrait vous parler'», a-t-il relaté dans la cour à bois d'une usine de Causapscal, dans la vallée de la Matapédia.
«Je me rappelle, dans une allée d'un Canadian Tire, j'étais en train de parler avec M. Trudeau parce qu'il voulait me parler d'une certaine proposition qu'il avait. M. Carney ne m'a pas encore adressé la parole.»
M. Blanchet souhaite discuter avec M. Carney des droits de douane des États-Unis.
«Je veux connaître les stratégies et approches», a plaidé M. Blanchet.
Selon lui, quand on est confronté à Donald Trump, le mieux qui puisse arriver est que le plus grand nombre possible de personnes disent la même chose pour lui répondre.
«Moi je suis prêt à dire la même chose que M. Carney, et je suis certain que M. Poilievre aussi et M. Singh aussi», a dit le chef bloquiste.
A fortiori, M. Carney aurait tout intérêt à ouvrir un canal de communication avec le Bloc, dans l'éventualité où il détiendrait la balance du pouvoir aux Communes ou pourrait bloquer tout projet d'entente avec les États-Unis, a prévenu M. Blanchet.
M. Carney doit reconnaître un scénario où les Québécois choisissent le Bloc, et si les électeurs le décident, il y aura une «obligation d'intégrer le Québec dans le processus, alors pourquoi ne pas le faire maintenant comme geste de bonne foi?» a demandé le leader du Bloc.
Le Bloc a présenté mercredi des solutions pour aider l'industrie du bois d'oeuvre, déjà frappée par des droits de 14,5 % aux États-Unis.
Le propriétaire de la scierie Cedrico, qui a accueilli le chef bloquiste, a exprimé ses inquiétudes: 70 % de son chiffre d'affaires est aux États-Unis, ce qui représente 70 millions $.
«On s'attend à un ralentissement de la demande le temps qu'il y ait un ajustement du côté américain», a affirmé Denis Bérubé dans une entrevue avec La Presse Canadienne.
«La demande va sûrement diminuer et ça va créer une forme de récession. On va continuer à transformer (du bois) et gérer ce qu'on peut gérer.»
Le Bloc demande l'adoption par le fédéral d'une Charte du bois, à l'instar de ce qui se fait déjà au Québec depuis 2013.
Cette charte obligerait le gouvernement à privilégier l’utilisation des produits du bois dans les constructions et les rénovations d’immeubles.
Une loi a finalement été adoptée en octobre 2023, mais selon le Bloc, elle n'a pas suffisamment de portée. Dans la loi actuelle, le ministre «peut autoriser l’utilisation du bois ou de toute autre chose».
Dans le contexte de la guerre commerciale actuelle avec les États-Unis, les producteurs de bois du Québec sont en train de perdre leur principal débouché et selon le Bloc, pour compenser, il faut donc encourager le recours au bois dans le marché local.
Le Parti libéral (PLC) a répliqué que dans son plan sur le logement dévoilé lundi, il y aurait 25 milliards $ en financement pour les constructeurs de maisons préfabriquées, afin qu'ils utilisent notamment des ressources telles que le bois canadien.
M. Blanchet quittait mercredi l'Est du Québec où une bataille assez féroce se dessine, dans la péninsule gaspésienne.
En raison d'un redécoupage, la Gaspésie passe de trois à deux circonscriptions et le Bloc estime avoir de bonnes probabilités de ravir celle de Gaspésie—Les Îles-de-la-Madeleine—Listuguj à la députée libérale et ancienne ministre Diane Lebouthillier.
Elle a refusé notamment un débat dans une radio locale, sous prétexte que la conjointe du candidat bloquiste Alexis Deschênes y travaille.
«Les gens de la région ont des craintes, ils ont besoin d'être écoutés, qu'on crée des liens avec eux et qu'on leur parle de solutions, et Mme Lebouthillier, qu'est-ce qu'elle fait? Elle se défile et lance des insultes», a déploré M. Deschênes.
La Fédération professionnelle des journalistes (FPJQ) a dénoncé l'attaque de la candidate libérale en arguant que la conjointe du candidat bloquiste ne participe même pas à l'organisation de l'activité.
M. Blanchet a pris la balle au bond. Il n'a pu s'empêcher de faire un parallèle avec le débat national de TVA que refuse de faire le chef libéral Mark Carney et a invité la FPJQ à s'en mêler.
«C'est de la musique à mes oreilles», a laissé entendre M. Blanchet.
«Si c'est bon pour la région, c'est bon au plan national. Il n'y a pas un débat prévu le 9 avril sur LCN à TVA. Est-ce que la FPJQ pourrait se pencher - je leur fais totalement confiance - sur le fait que refuser le débat à TVA est un manque de respect pour la démocratie de la part du chef libéral?»