Début du contenu principal.
Une autre a dit que «des collègues masculins se moquent d'autres collègues présumément homosexuels (...) ouvertement et avec beaucoup de mépris...»
Ce sont 65 % des travailleurs LGBTQ+ québécois qui ont été victimes de harcèlement sur leur milieu au travail dans les cinq dernières années, révèle un sondage Léger Marketing-Fondation Émergence rendu public jeudi.
À lire également:
En comparaison, les personnes n'appartenant pas à une minorité sexuelle ou de genre étaient 35 % à avoir subi du harcèlement durant cette période.
Les incidents les plus courants étaient des blagues discriminatoires, des questions indiscrètes ou des commentaires négatifs ou stéréotypés, des moqueries ou des blagues à caractère sexuel.
«Une personne en charge du ménage a fait le commentaire que les personnes LGBTQ+ devraient toutes mourir», a témoigné l'une des personnes sondées. Une autre a dit que «des collègues masculins se moquent d'autres collègues présumément homosexuels (...) ouvertement et avec beaucoup de mépris», et une autre encore faisait elle-même l'objet d'intimidation, alors que des collègues imitaient sa gestuelle et sa voix devant elle.
Au moins 5 % des répondants LGBTQ+ ont même témoigné avoir subi des menaces, des avances non désirées, des contacts physiques inappropriés ou des propositions dégradantes en échange de traitement de faveur.
Non seulement cela, mais 15 % des personnes LGBTQ+ sondées ont dit avoir quitté leur emploi parce que le milieu était peu inclusif, et 21 % y ont pensé. «Comme on est actuellement dans une situation où tout employé qui part est une catastrophe, ça vaut peut-être la peine d'investir pour les garder», a fait remarquer le président de la Fondation Émergence, Patrick Desmarais, en entrevue téléphonique.
«Sur les victimes, il y en a une seule sur trois qui signale ou qui porte plainte, a-t-il ajouté. Elles ont peur que des mesures ne soient pas prises par l'organisation.»
Selon lui, il est important que les entreprises aient «des politiques de ressources humaines qui sont claires, inclusives, qui nomment spécifiquement les personnes qui pourraient être victimes de harcèlement».
Il recommande aussi de «former lors de l'embauche sur les réalités LGBTQ+» et d'avoir une «tolérance zéro sur le harcèlement».
La Fondation Émergence, qui se spécialise dans la lutte contre l'homophobie et la transphobie, a inauguré jeudi une formation mise
à jour qui s'attarde particulièrement au problème du harcèlement psychologique ou sexuel en milieu de travail.
La nouvelle mouture, faite en partenariat avec le Conseil du patronat du Québec et avec le financement de la Commission des normes de l'équité et de la santé et sécurité au travail, s'accompagne d'une série de vidéos explicatives.
Selon les répondants au sondage, «lorsqu'il y a des formations, le milieu est beaucoup plus ouvert», a affirmé M. Desmarais. «Il y a des choses dont les gens ne se rendent pas compte, mais ils s'en rendent compte après une formation.»
Ce n'est pas moins de 48 % des travailleurs québécois qui ont été témoins d'une situation de harcèlement sexuel ou psychologique au cours des cinq dernières années. «Les gens voient des choses, mais ils ne savent parfois pas comment les gérer» et ont besoin d'outils, a-t-il expliqué.
Il n'est pas le seul à être de cet avis, alors qu'il remarque «une énorme demande pour de la formation» et «un intérêt marqué» de la part des entreprises.
Outre les formations générales, «il y a des organisations qui contactent des groupes LGBT comme la Fondation Émergence pour justement les accompagner aussi dans des situations où une personne veut faire une transition comme personne trans» pour «bien accueillir l'employé dans sa démarche et s'assurer que le milieu de travail soit sensibilisé aux enjeux LGBT avant l'annonce que cette personne-là est en transition».
Soulignons aussi que selon le sondage, les personnes ayant reçu au moins une formation se sentent en moyenne mieux équipées pour cultiver un milieu de travail inclusif et sécuritaire ou pour bien réagir en cas de problème. Ils sont aussi plus nombreux à être à l'aise avec la possibilité d'avoir une personne transgenre dans leur équipe.
Le coup de sonde a été réalisé en novembre 2021 auprès de 2002 travailleurs québécois non autonomes adultes. Environ un sur six (14 %) s'identifiait comme LGBTQ+.