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Le risque de démence plus élevé chez les femmes est souvent associé à leur longévité supérieure à celle des hommes, ce qui augmente le nombre d'années pendant lesquelles la maladie peut se manifester.
Une défavorisation sociale et économique pourrait expliquer, du moins en partie, le risque plus élevé que présentent les femmes de souffrir de démence, porte à croire une nouvelle étude.
Une enquête menée auprès de quelque 30 000 personnes dans 18 pays a ainsi constaté que le risque de démence était plus important chez les habitantes des pays défavorisés, et ce, même si les facteurs de risque touchaient aussi bien les hommes que les femmes.
«Ça fait longtemps qu'il y a cette notion que les femmes sont plus à risque de démence que les hommes», a commenté la professeure Sylvie Belleville, qui occupe la Chaire de recherche du Canada en neuroscience cognitive du vieillissement et plasticité cérébrale.
«C'est vraiment un peu intrigant et on sait maintenant qu'il y a tout un tas de facteurs liés au style de vie, ou des choses qui nous arrivent pendant la vie, qui vont avoir un impact sur notre risque de développer une démence.»
Cette étude, poursuit-elle, «raffine énormément notre compréhension et illustre la complexité de la démence, combien les différents facteurs interagissent pour augmenter notre risque», qu'il s'agisse du contexte socio-économique, du contexte social ou même de la génération.
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Le risque de démence plus élevé chez les femmes est souvent associé à leur longévité supérieure à celle des hommes, ce qui augmente le nombre d'années pendant lesquelles la maladie peut se manifester.
Une étude publiée en 2020 calculait toutefois que jusqu'à 40 % du risque de démence pourrait être attribuable à douze facteurs de risque modifiables: moins d'éducation, l'hypertension, l'obésité, le diabète, la dépression, des problèmes d'audition, le tabagisme, une consommation excessive d'alcool, la sédentarité, un piètre réseau social, des blessures au cerveau et une exposition à la pollution atmosphérique.
Plusieurs de ces facteurs sont très présents dans les pays défavorisés et peuvent toucher plus particulièrement les femmes. Les femmes pourront par exemple avoir un accès restreint à l'éducation (et donc à des emplois qui les stimulent intellectuellement) ou à des soins de santé de qualité, ce qui pourra avoir un impact négatif sur leur santé cognitive plus tard pendant la vie.
«Quand on regarde les données (de l'étude), on voit bien qu'il y a vraiment un risque accru chez les femmes en fonction du type de pays où on vit, si on vit dans un pays qui est socioéconomiquement plus défavorisé, alors que cet effet de défavorisation, on ne le trouve pas chez les hommes», a dit Mme Belleville.
L'impact du pays dans lequel on vit sur le risque de souffrir de démence est particulièrement important pour les femmes, mais pas pour les hommes, précise-t-elle. «C'est quand même incroyable comme donnée», a dit la chercheuse.
Peut-on en conclure que le fait, pour une femme, d'habiter un quartier défavorisé dans un pays riche augmentera son risque de démence, comme c'est le cas pour une femme qui habite un pays pauvre? «Probablement, mais on ne le sait pas trop en fait», a admis Mme Belleville, qui rappelle que l'on doit encore décortiquer les données de l'étude pour mieux comprendre ce qui explique l'effet observé.
Cette étude démontre aussi qu'il est possible de réduire le risque de démence des femmes non seulement sur le plan personnel, mais aussi sur le plan sociétal, a dit Mme Belleville. On observe ainsi un risque plus modeste chez les femmes plus jeunes, ce qui pourrait témoigner de l'impact des mesures mises en place pour réduire les inégalités.
Certaines projections indiquent que jusqu'à 150 millions de personnes pourraient souffrir de démence à travers le monde en 2050, soit trois fois plus qu'en 2019. Les taux de démence augmentent particulièrement rapidement dans les pays à revenu inférieur ou intermédiaire.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical Alzheimer's & Dementia.