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Leur identité a reçu un accueil mitigé de la part d’organismes LGBTQ+. On déplore notamment l’absence de consultations de Québec lors de son élaboration.
Le dévoilement de l’identité des membres constituant le «Comité des sages» a reçu un accueil mitigé de la part d’organismes LGBTQ+. On déplore notamment l’absence de consultations de Québec lors de son élaboration.
Bien que la ministre qui a chapeauté le dossier, Suzanne Roy, ait affirmé qu’«il n’est pas question de faire reculer les droits des personnes trans et non binaires», des intervenants du milieu LGBTQ+ ont avoué être relativement anxieux pour la suite des choses.
Québec a annoncé mardi que Diane Lavallée, le Dr Jean-Bernard Trudeau et le professeur en droit constitutionnel Patrick Taillon composeront le «Comité des sages» qui doit se pencher sur les questions entourant l’identité de genre au Québec.
Comité de sages sur l’identité de genre
— Suzanne Roy (@suzanneroy_caq) December 5, 2023
Le gouvernement sera de plus en plus appelé à se prononcer sur des enjeux liés à l’identité de genre. Il faut se faire une tête sur ces questions sensibles, dans le calme et la bienveillance.
Merci aux sages qui nous accompagnent.#PolQc pic.twitter.com/t4ngxZxYGQ
Lors d’un entretien téléphonique avec Noovo Info, le directeur général de l’organisme ENSEMBLE pour le respect de la diversité, Rafaël Provost, a souligné que l’absence de discussion avec la communauté était «stressante» et «scandalisante».
«Ces personnes sont des expertes dans leur milieu, mais pas nécessairement des enjeux de la communauté LGBTQ+», a-t-il expliqué au bout du fil. Il a confirmé qu'aucun canal de discussion n'avait été créé entre l'organisme ENSEMBLE et Québec.
Son de cloche semblable chez Celeste Trianon, juriste et activiste transféminine, qui indique dans un communiqué de presse qu'aucun «organisme communautaire trans ou 2SLGBTQ+, ni aucune personne trans» n’ont été consultés lors de la création du comité. «Je déplore cette absence de voix - tant de nous, tant des organismes nous représentant, et des expert.es qui ont travaillé avec nous pendant des années.»
On demande au gouvernement d'«inviter les personnes trans être autour de la table audit comité des sages, et surtout accueillir les expertises déjà reconnues.»
En septembre dernier, le gouvernement Legault avait confirmé qu'il irait de l'avant avec la création de ce comité en raison des manifestations et contre-manifestations houleuses qui s'étaient déroulées au Québec.
Ainsi, le comité devra notamment «brosser un portrait de la réalité québécoise», «analyser leurs effets potentiels sur l'ensemble de la société québécoise», «recenser les politiques publiques, les pratiques et les directives québécoises dans plusieurs secteurs» tout en travaillant étroitement avec la communauté LBGTQ+.
Le rapport du Comité doit voir le jour à l’hiver 2025 et permettra à Québec d’orienter ses décisions concernant l’identité de genre.
C'est Mme Lavallée qui présidera le Comité. Elle a auparavant présidé la Fédération des infirmières et infirmiers du Québec en plus d'avoir occupé le poste de secrétaire générale associée à la condition féminine et de présidente du Conseil du statut de la femme.
Le Dr Trudeau a quant à lui tenu le poste directeur général adjoint au Collège des médecins du Québec. Il a entre autres aidé à l'amélioration de l'accès aux soins en santé mentale tout en faisant tomber les préjugés à l'endroit des personnes de la communauté LBGTQ+.
De son côté, le professeur en droit constitutionnel Patrick Taillon est codirecteur du Centre d'études en droit administratif et constitutionnel de l'Université Laval et membre du Centre de recherche interdisciplinaire sur la diversité et la démocratie.
La députée libérale Jennifer Maccarone a souligné l'absence de membres de la communauté LGBTQ+ ou d'experts sur les questions concernant celle-ci. Elle a qualifié de ce choix de «questionnable».
«En tout respect pour les personnes autour de la table, l’UQAM a une chaire de recherche sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres. Où est la place de ces chercheurs dans ces débats ?», a-t-elle écrit sur X.
«Sans rien enlever aux qualités et aux compétences des personnes nommées, il aurait été avisé d'élargir la composition du comité en y invitant des experts de la question, un représentant de la jeune génération et un membre de la communauté LGBT. Pourquoi se limiter à seulement trois personnes pour une question aussi sensible?» a-t-elle ajouté par communiqué. «Les 800 000$ octroyés au comité auraient été mieux investis au sein des organismes qui travaillent sans relâche pour soutenir les membres sur le terrain, au quotidien.»
Lors d'un point de presse à l'Assemblée nationale, le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, a réitéré son désaccord avec l'idée de la création du Comité. «Le gouvernement a pris un chemin avec lequel on est en désaccord [...] C'est aux élus de prendre la responsabilité d'entendre tout le monde. On continue à prôner qu'il y aurait dû avoir une commission parlementaire», a-t-il expliqué. «Ce sont trois personnes compétentes, mais c'est la façon de faire qui est erronée», a conclu le péquiste.
Le co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois a également évoqué une certaine contradiction dans la composition du Conseil. «Le mandat semble correct à première vue. La question qui se pose est : “comment ça se fait qu’il n’y ait personne autour de la table pour conseiller les gens de ce comité ?” […] C’est un peu particulier de débattre de ces enjeux aussi sensibles sans mettre des personnes concernées autour de la table», a-t-il lancé lors d’un point de presse.