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«Il y a quelqu’un là-dedans qui se graisse la patte et je veux savoir c’est qui.»
Au lendemain du dépôt de la vérificatrice générale concernant le fiasco de la plateforme SAAQclic, les partis d’opposition sont unanimes: le gouvernement a erré dans la gestion du dossier.
Le Parti québécois (PQ) juge que le concept de responsabilité ministérielle a été complètement ignoré, Québec solidaire (QS) réclame une enquête publique, et le Parti libéral du Québec (PLQ) a été déçu par la réaction «nonchalante» et «laconique» du ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire aux recommandations de la VG.
Le solidaire Sol Zanetti a même comparé le fiasco à d’autres esclandres politiques qui ont marqué l’histoire québécoise. «Pour moi, cette affaire-là sent un scandale qui rappelle le scandale dans l’industrie de la construction, qui rappelle le scandale des commandites. Il y a quelqu’un là-dedans qui se graisse la patte et je veux savoir c’est qui», a lancé le député dans Jean-Lesage.
D'après M. Zanetti, il faut absolument passer par une enquête publique indépendante pour rétablir la confiance du public.
Sans abonder totalement dans le même sens que son collègue solidaire, le responsable de l’échec de SAAQclic est tout simplement le ministre Caire, pour le député dans Jean-Talon, Pascal Paradis. «Quand tu as un projet important, tu as des réunions régulières. Tu veux voir les documents, le produit, chaque mois, chaque semaine, chaque jour. Si, comme il le prétend, on a pu lui cacher tout ça, c’est sa responsabilité qui est en cause», estime le péquiste.
M. Paradis est même allé plus loin en accusant le M. Caire et le gouvernement «de s’en laver complètement les mains». «Le projet, c’est lui qui est imputable pour la réussite ou l’échec de ce projet-là.»
La libérale Michelle Setlakwe, de son côté, estime que le ministre Caire s’est en quelque sorte mis la tête dans le sable dans ce dossier. C’est l’impression qu’elle a eue lors de l’étude des recommandations de la VG. «Ce qui m’a déçue, surtout, c’est l’attitude qu’il a adoptée, que tout est beau. Il m’a même dit que mes questions n’étaient pas pertinentes», a-t-elle déploré.
Mais est-ce que des têtes doivent pour autant rouler au gouvernement ou à la SAAQ? Les partis d’opposition n’ont pas voulu se mouiller.
C’est un budget de 638 millions de dollars étalé sur 10 ans qui avait été attribué au programme CASA lors de son lancement en 2017. On prévoit désormais que celui-ci sera plus dispendieux de 500 millions de dollars en mars 2027.
L’une des principales causes de l’explosion des coûts est la sous-évaluation de la complexité d’un des volets du nouveau système informatique liée aux permis, à l’immatriculation et au contrôle routier, explique-t-on. De plus, l'augmentation de 329 % du budget n'a pas été «clairement communiquée aux décideurs», souligne la VG.
Des risques importants subsistaient aussi peu de temps avant le lancement de la plateforme SAAQclic en février 2023, qui a tourné en véritable «fiasco». Et deux ans plus tard, des bénéfices de la plateforme se font toujours attendre.
Le programme CASA, responsable de mener à terme le vaste chantier de transformation numérique de la Société d'Assurance Automobilie du Québec (SAAQ), a connu de nombreux retards avant la mise en service du nouveau système informatique de la société d'État. Qui plus est, «la direction du programme n’a pas mené les tests nécessaires» avant le lancement de ce dernier.
Mme Leclerc note que certains enjeux de retards et de qualité dans la réalisation des tests relatifs au bon fonctionnement de SAAQclic étaient connus, certains d'entre eux depuis 2022.
«Le 10 février 2023, la SAAQ a décidé d’arrêter la réalisation des tests intégrés finaux alors que 6 % d’entre eux n’avaient toujours pas été réalisés», écrit-on dans le rapport. «De surcroît, la SAAQ a reporté la correction de 129 anomalies, qui ont été corrigées, pour la plupart [...] s’ajoutaient aux problèmes informatiques décelés après la mise en service», ajoute la VG.
Finalement mis en service le 23 février, la plateforme SAAQclic a connu son lot de ratés provoquant des files d'attente remarquable devant les succursales. Le ministre responsable du Numérique, Éric Caire, avait admis que l'affaire était un «fiasco». M. Caire affirmait pourtant à l'époque que rien ne laissait présager une telle pagaille qui a coûté à elle seule 40 millions de dollars.
Avec de l’information de Julien Denis pour Noovo Info.