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L’entrepreneur et chef d’entreprise Elon Musk ne laisse personne indifférent de par ses envolées à l’emporte-pièce sur les réseaux sociaux ou de par ses projets parfois dignes des plus grands films de science-fiction.
L’entrepreneur et chef d’entreprise Elon Musk ne laisse personne indifférent de par ses envolées à l’emporte-pièce sur les réseaux sociaux ou de par ses projets parfois dignes des plus grands films de science-fiction.
L’homme d’affaires à la tête de Space X et Tesla se positionne-t-il pour autant comme un grand innovateur de l’histoire, au même titre que des précurseurs comme Nicolas Copernic, Galilée ou Nikola Tesla?
Si le magnat des affaires a obtenu une majeure en physique à l’Université de Pennsylvanie et même obtenu une bourse pour obtenir un doctorat en physique énergétique à l’Université Stanford – qu’il n’a pas achevé –, il n’a pas pour autant contribué en soi à l’avancement des sciences, pour certains experts.
«Je ne ferais pas du tout de comparaison entre Musk et Copernic ou quelconque autre savant du genre dans l’histoire, soutient le professeur au Département des sciences historiques de l’Université Laval Jean-François Gauvin. Musk n’est pas un scientifique, loin de là.»
Le professeur comparerait davantage Elon Musk à des industriels comme l’Écossais Andrew Carnegie ou les Américains John Davidson Rockefeller et John Pierpont Morgan, qui œuvraient respectivement dans le secteur de l’acier, du pétrole et de la finance au tournant du XXe siècle.
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«Ils ont innové dans leur domaine respectif, l’ont dominé même, ont fait fortune et sont devenus philanthropes, tout en conservant une influence profonde sur leur industrie, sur la société et sur le gouvernement», explique M. Gauvin.
De son côté, le maître d’enseignement à l’École de technologie supérieure Éric Francoeur évoque les parcours de Thomas Edison, Henry Ford ou Steve Jobs lorsque vient le temps de trouver des comparatifs historiques avec Elon Musk.
«Il faut comprendre que ce n’est pas un inventeur, souligne M. Francoeur. Il a fait son argent avec PayPal et il faut dire que déjà, il vient d’une famille qui était relativement aisée. Même quand on le compare avec Ford ou Edison, ils étaient déjà plus impliqués dans le processus. Ford, quand il a développé la chaîne de montage, il était dedans.»
Le maître d’enseignement soulève toutefois que Musk est doté d’une certaine vision et qu’il a les moyens de les réaliser. Il explique par exemple que la fondation de Space Exploration Technologies (SpaceX) en 2002 était en partie motivée par le désir de coloniser la planète Mars.
Photo : Elon Musk lors du gala Axel Springer en décembre 2020. Crédit photo : Hannibal Hanschke | Pool via AP
«Son but au départ, c’était de développer ses propres fusées, un peu dans cet objectif, ajoute-t-il. Il a été chanceux dans la mesure où il a réussi à vendre ce service à la NASA et à d’autres entreprises. On oublie qu’il était sur le bord de la faillite à la fin des années 2000.»
Pour le professeur à l’Université Laval Jean-François Gauvin, si on avait à revenir quelques centaines d’années en arrière, Elon Musk serait d’ailleurs davantage un «faiseur de projet».
«C’est une personne qui produit une variété de desseins (projets) spéculatifs qui ont pour but l’amélioration des sciences, de la technologie, de la condition humaine et de l’état, explique M. Gauvin. C’est une catégorie de personnes, souvent mal vues et décriées car elles se plantent plus souvent qu’elles ne réussissent, qui possèdent un tempérament téméraire et aiment à se "projeter" dans le futur.»
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Les ambitions de Musk peuvent parfois sembler démesurées, ce qui fait dire à M. Francoeur qu’il ne semble pas tout le temps «avoir les deux pieds dans la réalité». Ses rêves, s’ils peuvent sembler partir de bonnes intentions, peuvent parfois être problématiques, relève-t-il toutefois. Il donne en exemple le cas de l’initiative, qui partait au départ de l’intention d’offrir l'internet à tous, mais en envoyant en orbites des milliers de satellites, ce qui n’est pas sans risque.
M. Francoeur l’a souligné à plusieurs reprises, Elon Musk a un rapport parfois curieux avec les réseaux sociaux — essentiellement Twitter — qu’il emploie parfois à tort et à travers. Que ce soit sur ces plateformes ou en entrevue, l’homme d’affaires n’hésite généralement pas à émettre son opinion, si controversée soit-elle.
Photo: Elon Musk inaugure une nouvelle usine de Tesla au Texas lors du Cyber Rodeo, le 7 avril 2022. Crédit photo : Jay Janner | Austin American-Statesman via AP
En décembre dernier, par exemple, il n’hésitait pas à déclarer au Wall Street Journal que les taux de naissance en déclin représentaient «l’un des plus grands risques pour notre civilisation», malgré la crise climatique qui se pointe le bout du nez.
M. Francoeur soulève toutefois la possibilité que des personnages comme Thomas Edison ou Henry Ford aussi aient pu commettre des faux-pas médiatiques, s’ils avaient vécu à l’époque des réseaux sociaux. Ce dernier, par exemple, était un antisémite notoire et a même acheté un journal, The Dearborn Independent, pour véhiculer ses idées.
Selon Éric Francoeur, si ce n’est en tant qu’innovateur, on pourra tout de même se souvenir d’Elon Musk comme un entrepreneur marquant. En achetant et en contribuant au développement de la marque Tesla, par exemple.
«On se souviendra de lui, si ce n’est pour autre chose, pour avoir permis à la voiture électrique de percer et de devenir un produit de grande consommation, contrairement à un produit marginal, estime le maître d’enseignement. Il y a 15 ou 20 ans, on n’y croyait pas à la voiture électrique.»
D’après M. Francoeur, en plus d’être reconnu pour ses apports à la société en aérospatial et avec la voiture électrique, par exemple, on se souviendra également d’Elon Musk comme «un personnage assez excentrique, avec ses lubies et ses drôles d’idées».
«Le regard qu’on lance sur Musk évolue toujours. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, on lance un regard sur lui et ce regard dans 20 ans va être différent, conclut le maître d’enseignement. Il y a des choses qu’on peut dire actuellement. Il a connu des succès énormes, qu’on soit d’accord ou non.»