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Même si elle parlait très bien le français et que ses remarques sur le Québec ont toujours été respectueuses, les visites de la reine Élisabeth II dans la belle province se sont parfois déroulées dans la controverse.
Même si elle parlait très bien le français et que ses remarques sur le Québec ont toujours été respectueuses, les visites de la reine Élisabeth II dans la belle province se sont parfois déroulées dans la controverse. D'ailleurs, la reine n'avait pas mis les pieds au Québec depuis plus de 35 ans.
Selon L'Encyclopédie canadienne, la reine Élisabeth II a visité le Canada à plus de 22 reprises, dont quelques visites au Québec, notamment pour l'inauguration de la voie maritime du Saint-Laurent en 1959, de l'Expo 67 en 1967 et à l'occasion des Jeux olympiques de Montréal en 1976.
Mais c'est sa visite dans la ville de Québec en octobre 1964 qui aura le plus marqué l'imaginaire collectif.
À l'époque, la souveraine et le prince Philip visitent le Canada pour souligner le 100e anniversaire des conférences de Charlottetown et de Québec, qui menèrent à la Confédération.
Le premier ministre Jean Lesage avait accueilli le couple royal dans le Salon rouge, où siégeait le Conseil législatif.
Le quotidien catholique L'Action rapportait que dans son discours prononcé en majorité en français, la reine a dit: «Mon ardent désir est que personne parmi mes peuples ne subisse la contrainte».
Mais à l'extérieur, des manifestants qui désapprouvent sa visite sont sévèrement réprimés par la police. Une émeute éclate et 32 personnes sont arrêtées. Le lendemain de sa visite, le quotidien Le Soleil écrivait, en une, que «la population a fait preuve de froideur» envers le couple royal.
L'épisode, désormais connu sous le nom de «Samedi de la matraque», restera gravé dans la mémoire collective.
«Elle entretenait une relation avec le Québec évidemment beaucoup plus difficile qu'avec les autres provinces, en raison de l'histoire postcoloniale», a résumé Daniel Béland, professeur au département de science politique à l'Université McGill.
Selon lui, «le Québec n'a jamais été une province particulièrement agréable pour la famille royale, il fallait être prudent dans la façon dont les événements étaient organisés pour éviter les manifestations».
Cette tension «s'est évidemment amplifiée lors de la Révolution tranquille et la montée du nationalisme».
Au printemps 1982, la reine fait un voyage à Ottawa à l'occasion du rapatriement de la Constitution; elle ne traversera toutefois pas la rivière des Outaouais qui sépare l'Ontario du Québec.
En 1981, toutes les provinces canadiennes, sauf le Québec, avaient consenti à adopter de la Loi constitutionnelle de 1982, qui modifiait la Constitution du pays.
Le 17 avril 1982, la reine, le premier ministre Pierre Elliott Trudeau et le procureur général du Canada, Jean Chrétien, signent la Proclamation de la Loi constitutionnelle de 1982 qui a établi la Charte canadienne des droits et libertés dans la nouvelle Constitution du pays.
Le Canada devient alors un état indépendant sans le consentement du Québec.
Après le «Samedi de la matraque», la reine mettra 23 ans avant d'effectuer une autre visite au Québec.
À l'époque, le quotidien Le Devoir rapporte que des manifestations sont organisées au cours de la visite royale pour faire connaître les positions de certains nationalistes québécois sur la royauté.
Selon le «Bilan du siècle», une encyclopédie hébergée sur le site de l'Université de Sherbrooke, Élisabeth II avait prononcé un discours dans lequel elle parlait du Québec comme d'une «société distincte» et avait fait allusion à l'Accord du lac Meech en soulignant que «tous les chefs de gouvernements politiques au Canada ont contribué à réaliser cette heureuse harmonie dans la diversité».
Le lendemain, en présence du premier ministre Brian Mulroney, elle avait fait allusion au «sentiment d'unité qui se manifeste avec une vigueur renouvelée» chez tous les Canadiens.
«Il faut dire que la reine parlait bien français et c'est quelqu'un qui était toujours respectueux dans ses remarques. Tout était calculé, tout ce qu'elle disait, tout ce qu'elle écrivait et évidemment, on soutenait l'unité canadienne», a indiqué le professeur Daniel Béland.
En 2007, le ministère canadien des Affaires étrangères avait considéré l'inviter au 400e anniversaire de la Ville de Québec qui a eu lieu en 2008, mais sa possible venue avait provoqué un tollé au sein des forces souverainistes.
En entrevue avec La Presse Canadienne à l'époque, le président du Conseil de la souveraineté, Gérald Larose, avait dit: «C'est totalement indigeste et imbuvable que la reine d'Angleterre vienne promener sa postiche pour saluer la naissance de la nation québécoise. C'est inacceptable».
Finalement, la reine n'a jamais reçu l'invitation pour les fêtes du 400e anniversaire de la fondation de la ville et sa visite en 1987 fut sa dernière dans l'unique province majoritairement francophone.
En avril 2022, un sondage de la firme Angus Reid montrait que la moitié des Canadiens (51 %) était d'avis que le Canada ne devrait pas rester une monarchie dans les générations à venir.
Au Québec, l'appui à la fin de la monarchie était de 71 %.
Un autre sondage d'Angus Reid, réalisé en novembre 2021, montrait que 55 % des Canadiens appuyaient la place du Canada dans la monarchie avec la reine Élisabeth II, mais que cet appui tombait à 34 % pour son successeur, Charles, le nouveau roi du Canada.
La monarchie est «une institution en perte de vitesse», selon Daniel Béland, mais avec la mort de celle qui a régné pendant plus de sept décennies, la situation risque de se détériorer.
«Maintenant, il y a vraiment un défi majeur pour l'institution monarchique parce que Charles est moins populaire qu'Élisabeth et ça va avoir des conséquences au Royaume-Uni et aussi au Canada.»