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Le Canada accueille plus d'un million d'Américains.
Depuis sa victoire électorale, le nouveau président américain Donald Trump a suscité la controverse au Canada, en menaçant d'imposer des droits de douane considérables sur les produits canadiens et en envisageant que le pays devienne le «51e État».
Si les commentaires de Donald Trump ont suscité la colère et la crainte des Canadiens, les réactions des Américains qui vivent, étudient ou travaillent au Canada ont été mitigées - et largement influencées par leur vote lors de l'élection présidentielle.
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Jacob Wesoky, vice-président exécutif de Democrats Abroad Canada, qui étudie les sciences politiques à l'université McGill de Montréal, s'est dit «extrêmement» déçu par l'approche du président élu à l'égard de l'allié le plus «proche» de son pays.
«En tant qu'Américain vivant au Canada, c'est vraiment triste à regarder», a dit M. Wesoky, qui a voté pour Kamala Harris, la rivale de M. Trump.
Mais la Canado-Américaine Georganne Burke, fervente partisane de M. Trump, a affirmé que même si le nouveau président était «un peu troll», elle ne voyait pas ses actions comme nuisibles au Canada.
«Il ne demande rien de déraisonnable», a-t-elle mentionné.
M. Trump s'en est pris pour la première fois au Canada en novembre, lorsqu'il a dit qu'il imposerait des droits de douane de 25 % sur toutes les importations canadiennes et mexicaines dès son retour à la Maison-Blanche le 20 janvier, à moins que les deux pays n'améliorent la sécurité le long de leurs frontières avec les États-Unis.
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Après que le premier ministre sortant Justin Trudeau a rencontré M. Trump en Floride pour discuter de la menace tarifaire, le président élu a commencé à lancer l'idée que le Canada deviendrait le prochain État américain, trollant M. Trudeau en l'appelant «gouverneur» du «grand État du Canada» dans des messages sur les médias sociaux.
L'annonce faite lundi par le premier ministre qu'il quitterait ses fonctions après l'élection d'un nouveau chef par le parti libéral n'a fait qu'enhardir M. Trump, qui a affirmé sur sa plateforme Truth Social que «beaucoup de gens au Canada ADORERAINT être le 51e État».
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Ce qui avait commencé comme une apparente plaisanterie a pris une autre tournure mardi lorsque M. Trump a menacé d'utiliser la «force économique» pour faire du Canada le prochain État américain et a réitéré sa promesse de tarifs douaniers lors d'une conférence de presse en Floride. M. Trudeau a réagi en déclarant qu'il n'y avait «pas la moindre chance» que le Canada fasse partie des États-Unis.
Le Canada accueille plus d'un million d'Américains, y compris des visiteurs titulaires d'un visa de longue durée et des personnes ayant la double nationalité, selon les estimations de l'Association des Américains résidant à l'étranger. Parmi eux se trouvent de nombreux républicains qui ont voté pour Trump, et qui ont avancé dans les jours précédant la dernière déclaration de Trump que les Canadiens ne devraient pas s'inquiéter de son retour à la Maison Blanche.
Mme Burke a souligé que M. Trump «n'est pas anti-Canada», mais qu'il a de bonnes raisons d'être «très inquiet» de la menace de ce qu'elle a appelé le «terrorisme» le long de la frontière et de l'incapacité du Canada à respecter les critères de dépenses militaires de l'OTAN.
Il dit : «Vous savez quoi, le temps est écoulé, les États-Unis ne seront plus le guichet automatique pour personne, ni pour le Canada, ni pour personne d'autre», estime la résidente de l'Ontario.
«C'est un peu un troll, que les gens le veuillent ou non, qu'ils disent que ce n'est pas présidentiel ou autre, mais c'est comme ça qu'il est.»
Le mois dernier, le gouvernement fédéral a annoncé qu'il investirait 1,3 milliard de dollars pour renforcer la sécurité aux frontières. Selon M. Burke, les résultats de cet engagement pourraient encourager M. Trump à retarder l'application des droits de douane et à attendre de négocier les détails avec le prochain gouvernement canadien, après le départ de M. Trudeau.
Renna Bassal, partisane de longue date de M. Trump et Américaine ayant déménagé au Canada il y a une cinquantaine d'années, a avancé la semaine dernière que les remarques de M. Trump sur l'annexion du Canada n'étaient qu'une plaisanterie visant à manquer de respect à M. Trudeau et à se moquer de lui, et non pas à dénigrer le Canada en tant que nation.
La résidente de Montréal a expliqué qu'elle n'était pas certaine que M. Trump mettrait à exécution ses menaces de tarifs douaniers et qu'elle pensait que l'approche musclée qu'il avait adoptée était une «monnaie d'échange» avant les négociations commerciales attendues entre les deux pays.
Elle a avoué qu'elle restait optimiste quant aux relations entre les États-Unis et le Canada.
«Parfois, vous savez, il dit des choses qu'il ne devrait peut-être pas dire, et j'espère que ce sera l'un de ces cas où il n'ira pas jusqu'au bout (des droits de douane)», a-t-elle dit. «Ce serait extrêmement regrettable et j'espère vraiment que cela n'arrivera pas.»
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M. Wesoky, étudiant en sciences politiques impliqué dans Democrats Abroad Canada, a déclaré que les tarifs douaniers de M. Trump ne feraient pas qu'augmenter le coût de la vie aux États-Unis, mais qu'ils nuiraient aux consommateurs et aux entreprises américaines autant qu'ils nuiraient à l'économie canadienne.
«Donc cette rhétorique qui va vraiment à l'encontre de cette relation qui est construite sur la confiance et le respect [...] Je pense qu'elle est non seulement dangereuse, mais qu'elle sera préjudiciable à l'économie américaine», a-t-il précisé.
M. Wesoky a dit qu'il n'était pas certain que les inquiétudes de M. Trump concernant la sécurité des frontières canadiennes soient légitimes, mais que même si elles l'étaient, la question devrait être traitée par le biais de négociations et d'une collaboration.
Avant que M. Trump n'intensifie sa rhétorique sur l'annexion mardi, Ottawa avait largement adopté une approche mesurée face aux fanfaronnades du président élu.
Et c'est peut-être la meilleure stratégie, a souligné Mark R. Brawley, professeur américano-canadien de relations internationales à l'université McGill.
M. Brawley a suggéré qu'Ottawa pourrait plutôt cibler certaines circonscriptions du Congrès américain en appliquant des droits de douane réciproques afin de susciter l'opposition des sénateurs et des représentants de ces régions aux projets de M. Trump.
M. Brawley, qui est devenu citoyen canadien l'année dernière après avoir vécu dans le pays pendant près de 35 ans, a déclaré que M. Trump considérait les personnes avec lesquelles il négociait comme des adversaires, et non comme des partenaires, et qu'il pensait que le fait de faire des remarques scandaleuses à leur sujet lui donnait un avantage.
«Il pense qu'il les déstabilise et que cela lui donne une sorte d'avantage», a-t-il dit.
M. Trump a l'habitude d'exagérer les problèmes afin de pouvoir s'en attribuer le mérite une fois qu'ils sont résolus, a ajouté M. Brawley, et sa position sur la sécurité à la frontière entre les États-Unis et le Canada pourrait en être un exemple.
«L'idée que le Canada serait un État unique au sein des États-Unis ou que les États-Unis souhaitent que le Canada soit un État est tout à fait absurde», a-t-il affirmé. «C'est juste sa façon de faire, donc je ne la prendrais pas trop au sérieux.»