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«Nous ne voulons pas que l’argent des Québécois soit entaché avec le sang des peuples opprimés.»
Installé depuis samedi, le campement propalestinien au square Victoria continue de faire pression auprès de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et du ministère québécois des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF).
Lors d'une conférence de presse mardi, le collectif Désinvestir pour la Palestine a réitéré ses demandes avec le soutien d'autres organisations. Ils souhaitent notamment la fermeture «immédiate» du bureau du Québec à Tel-Aviv.
«Accroître les relations commerciales et la coopération diplomatique avec Israël participe à légitimer le génocide et le nettoyage ethnique du peuple palestinien», a souligné le porte-parole du campement et du collectif, Benoit Allard. Un rapport des Nations Unies (ONU) remis par l'experte indépendante Francesca Albanese a conclu en mars 2024 «qu’il existe des motifs raisonnables de croire que le seuil indiquant que des actes de génocide» ont été commis «contre les Palestiniens à Gaza a été atteint». Cependant, aucun tribunal n’avait encore conclu à un crime de génocide à Gaza au moment d’écrire ces lignes.
Du côté du MRIF, le gouvernement se dit «horrifié» par le conflit et réclame un «cessez-le-feu humanitaire», en plus de «la libération des otages».
«La présence du bureau du Québec dans l’ambassade canadienne à Tel-Aviv ne doit pas être interprétée comme une prise de position dans le conflit entre Israël et le Hamas», a réagi le MRIF à Noovo Info par courriel concernant la demande de fermer son bureau sur place. «Comme porte d’entrée sur le Moyen-Orient, le rôle de ce bureau est d’accompagner les entreprises qui veulent y faire affaire.»
Le collectif demande le désinvestissement des 14,2 milliards $ de la CDPQ dans 87 entreprises qui seraient «complices de l'occupation israélienne». Ils ont pris l'exemple de l'entreprise Lockheed Martin, dont le siège est situé à Ottawa et qui est spécialisée dans le domaine de la défense. Les manifestants réclament aussi que la CDPQ se dote d’un «processus transparent de contrôle pour garantir le respect des droits humains et du droit international».
«Combien de morts, combien de crimes impunis faudra-t-il avant que nos institutions prennent acte du génocide en cours et se rangent du bon côté de l’histoire?» a demandé M. Allard en conférence de presse.
Quant à la CDPQ, elle se dit préoccupée par la situation de conflit actuelle et affirme prendre ces enjeux «très au sérieux». «Nous ne procédons à aucun nouvel investissement dans une zone en guerre, et ce, jusqu'à nouvel ordre», a assuré la CDPQ à Noovo Info par courriel.
Concernant les investissements soulevés par le collectif Désinvestir pour la Palestine, la CDPQ soutient que les cas diffèrent et que ses investissements directs en Israël représentent moins de 0,1% de son portefeuille. «La CDPQ s’assure en tout temps de respecter ses obligations légales et les normes internationales dans toutes les juridictions où elle opère», a souligné la CDPQ à Noovo Info par courriel. La majorité des investissements concernent des multinationales et la CDPQ s'attend à ce qu'elles «respectent les plus hautes normes partout où elles opèrent».
Pour les investissements de 5 G$ investis dans WSP et Alstom, «Alstom nous a confirmé n'avoir aucune activité en cours au sein ou en relation avec les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens contestés et a formellement demandé d’être retirée de la liste des Nations Unies; et WSP détient un contrat hérité d’une acquisition qui vise à assurer le contrôle qualité d’un projet de transport», a-t-on ajouté dans un courriel acheminé à Noovo Info.
Dans la soirée de lundi, les manifestants du secteur ont tenté de démolir la statue de la reine Victoria à Montréal. Le SPVM est intervenu pour les en empêcher, mais il n'y a eu aucune tentative de démanteler le campement. La porte-parole du SPVM, Sabrina Gauthier, a précisait que la police gardait un œil sur le campement parce que deux contre-manifestations devraient avoir lieu sur le site mardi.
Les manifestants affirment que leur campement au square Victoria s'inspire de ceux installés sur les campus universitaires au Canada et aux États-Unis.
«Nous appelons non seulement au désinvestissement des institutions universitaires, mais également de toutes nos institutions publiques», a réitéré le porte-parole du collectif en conférence de presse. «Nous ne voulons pas que l’argent des Québécois soit entaché avec le sang des peuples opprimés.»
Le 27 avril, des manifestants ont installé un campement propalestinien sur le terrain inférieur de l'Université McGill. Un juge a rejeté deux demandes de démantèlement de ce campement. Le collectif Désinvestir pour la Palestine a d'ailleurs souligné son soutien sans précédent au campement à McGill.
Un campement à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) a été installé sur le campus le 12 mai, mais les manifestants ont annoncé son démantèlement le mois dernier.
Avec des informations de CTV News