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La mousse de polystyrène peut mettre 500 ans à se décomposer, mais un nouveau matériau d'emballage appelé «biomousse», dérivé de déchets forestiers, peut se décomposer en quelques semaines, selon des scientifiques.
La mousse de polystyrène peut mettre 500 ans à se décomposer, mais un nouveau matériau d'emballage appelé «biomousse», dérivé de déchets forestiers, peut se décomposer en quelques semaines, selon des scientifiques.
Selon Feng Jiang, chercheur à l'Université de la Colombie-Britannique, il s'agit d'une aubaine environnementale potentielle, car la mousse de polystyrène remplit actuellement jusqu'à 30 % des décharges.
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«Nous avons fait quelques tests, qui consistent à mettre de la biomousse dans le sol, puis elle a commencé à se dégrader [...] et après deux mois, elle aura complètement disparu», a indiqué M. Jiang, professeur adjoint à la faculté de foresterie de l'université et membre de la Chaire de recherche du Canada sur les biomatériaux fonctionnels durables.
Le projet de biomousse est une collaboration entre la Première Nation Wet'suwet'en, du centre de la Colombie-Britannique, et des chercheurs de l'Université de la Colombie-Britannique.
Le partenariat est né il y a environ trois ans lorsque le professeur Jiang a rencontré Reg Ogen, président et chef de la direction du Yinka Dene Economic Development Limited Partnership de la Première Nation, lors d'une rencontre organisée par le ministère des Forêts en Colombie-Britannique.
M. Jiang et ses collègues scientifiques ont écouté les membres des Premières Nations décrire leurs inquiétudes quant à ce qu'il fallait faire des déchets de bois sur leurs terres.
M. Ogen dit que les incendies de forêt et les infestations de dendroctones du pin ponderosa dans les années 1990 et 2000 avaient créé de grandes quantités de déchets qu'ils voulaient utiliser de manière utile.
«Nous avons rencontré le docteur Jiang là-bas et nous avons examiné différentes façons d'utiliser les déchets de bois et finalement nous avons trouvé un produit avec lequel je pense que nous pouvons faire quelque chose de bien», a-t-il expliqué.
«Et avec un peu de chance, en fin de compte, on gardera toute la mousse de polystyrène hors des décharges et on s'assurera que nous continuons à protéger la Terre mère.»
Il dit que de voir des déchets transformés en un matériau utile le fait sourire. M. Ogen espère que la biomousse créera des emplois chez les Premières Nations, qui ont été perdus lorsque l'épidémie de dendroctone du pin a balayé leur industrie du bois.
«L'un de nos principaux objectifs est de veiller à ce que nos prochaines générations soient prises en charge et à ce qu'elles aient des opportunités d'emploi», a-t-il soutenu.
«Avec cette opportunité, nous n'avons pas nécessairement à regarder [uniquement] notre arrière-cour. Il y a d'autres régions de l'Ouest canadien que nous pourrions envisager, même aux États-Unis ou à l'étranger… Je pense qu'il y a une excellente occasion d'en faire un succès mondial.»
La texture de la biomousse est proche de la mousse de polystyrène et peut être façonnée de la même manière en différentes formes. Ses origines naturelles rendent la biomousse légèrement plus foncée.
Bien que les ingrédients spécifiques restent secrets, elle est fabriquée en broyant le bois en fibre pour créer une bouillie, puis en ajoutant des produits chimiques non toxiques et enfin en mettant le mélange dans un four à 80 °C.
M. Jiang souligne que le processus est semblable à de la pâtisserie.
«Après quelques heures, nous l'enlevons, comme un gros gâteau», illustre-t-il.
Des investisseurs et des fabricants sont maintenant recherchés pour lancer une usine pilote de production de biomousse en Colombie-Britannique, l'année prochaine.
Un avantage secondaire du projet pourrait être l'atténuation des incendies de forêt alimentés par les déchets de bois, a avancé le professeur.
La propriété intellectuelle du projet est partagée par l'équipe de M. Jiang et la Première Nation Wet'suwet'en, a précisé l'Université de la Colombie-Britannique.
M. Jiang a déclaré que la durabilité environnementale est sa passion, et bien qu'il ne soit pas réaliste de remplacer tous les plastiques par des fibres naturelles, il souhaite mettre l'accent sur ce qu'il appelle les trois R: réutiliser, recycler et remplacer les plastiques.
«Chaque fois que je vois un produit sur le marché, je pense toujours : peut-on le remplacer par de la fibre naturelle ? Je continue aussi à poser la même question à mes étudiants. Tout au long de ma carrière, je souhaite utiliser mes connaissances et mon expertise pour créer quelque chose qui soit bénéfique pour la société et la planète », a-t-il conclu.