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L'autopartage, le transport collectif et le vélo ne sont pas seulement des solutions pour les grandes métropoles.
Réduire la dépendance à l’automobile et à sa place toujours croissante dans notre société représente un défi important pour plusieurs municipalités, surtout dans un contexte où des réseaux de transport en commun annoncent des compressions. Mais des solutions existent, même pour les petites localités rurales.
De plus en plus de villes du Québec réussissent à faire la preuve que l'autopartage, le transport collectif et le vélo ne sont pas seulement des solutions qui s’appliquent aux grandes métropoles.
Par exemple, Chelsea, Cantley, La Pêche et Val-des-Monts, en Outaouais, ont récemment lancé leur propre projet d’autopartage.
L’Assomption a pour sa part misé sur plusieurs initiatives pour réduire la dépendance à l’auto solo.
La municipalité située dans la région de Lanaudière permet notamment aux citoyens d’emprunter, de façon ponctuelle, l’un des véhicules électriques qui appartiennent à la Ville, grâce à une plateforme d’autopartage appelée Sauvér, présente dans des dizaines de municipalités au Québec.
Plus largement, la Ville a «vraiment fait une réflexion sur l'optimisation du parc de véhicules», a expliqué Blandine Sébileau, chargée de projet à l'électrification des transports pour Équiterre, aux participants du Forum national de l'action climatique qui avait lieu à Montréal mardi.
«L’Assomption tente de s'assurer d'optimiser les déplacements, d'avoir une réflexion sur la réduction du nombre de véhicules, de l'utilisation de véhicules plus petits, donc moins énergivores», a expliqué Blandine Sébileau.
L’Assomption a également mis à la disposition de certains employés municipaux des trottinettes électriques.
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«Quand la météo le permet, les employés utilisent des trottinettes électriques pour certains déplacements, par exemple pour faire des inspections», a précisé Mme Sébileau.
Selon le site internet de la Ville, l’utilisation d’une trottinette «en remplacement d’un véhicule à moteur thermique, une camionnette de style F-150, très fréquemment utilisée par les municipalités pour le déplacement des employés sur le territoire, permet d’économiser 12 tonnes de GES».
Le président du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ), qui participait également au Forum national de l'action climatique, a fait état du succès de Vélovolt, financé par le gouvernement du Québec.
«Le projet est assez simple. On prête des flottes de vélos à assistance électrique à des entreprises pendant deux à quatre semaines pour que les employés les utilisent pour aller travailler», a résumé André Lavoie.
«Le taux de transfert modal est impressionnant. Il y a des familles qui se sont débarrassées de leur deuxième ou troisième auto, après l’avoir essayé», a-t-il indiqué.
Le président du RNCREQ a expliqué que la Société de transport de Trois-Rivières, qui en a fait l’essai, «a installé un abri à vélos avec des recharges à l'intérieur, mais les vélos étaient tellement populaires que l'année d'après, ils ont dû ajouter un autre abri avec des recharges».
L’utilisation des vélos électriques par un petit nombre d’employés a fini par créer un effet d’entraînement chez les autres employés, et certains ont «décidé de s’acheter des vélos électriques».
Mais parfois, il faut un peu tricher pour favoriser l’effet d’entraînement, a expliqué André Lavoie.
«Si vous êtes une entreprise qui décide d’installer des supports à vélos et que personne ne les utilise, au début, mettez des vélos dedans», a-t-il conseillé.
«Le monde va se dire: "ah!, peut-être que je peux venir en vélo", et ils vont l’utiliser. On l’a fait et je vous dis que ça marche!», a-t-il expliqué.
De son côté, la Ville de Laval tente de faire la promotion de l’autopartage en offrant des subventions pour les utilisateurs de ce type de transport et elle compte également partager les véhicules de la municipalité avec ses citoyens.
«On va commencer cette année ce principe de partage des véhicules corporatifs avec les citoyens. Vous savez, après les heures de travail, le véhicule est là, il est stationné et il ne sert à rien. Donc si on peut sauver à des concitoyens le fait d'acheter un véhicule, tant mieux», a fait valoir le conseiller municipal Alexandre Warnet.
Il a expliqué que la Ville «travaille aussi à développer la culture du vélo chez les enfants et chez les adultes» et qu’elle a donc créé «des parcs ou des jardins de circulation à vélo».
L’objectif est de familiariser les citoyens avec les règles de la circulation routière, et ce, sans la circulation automobile. Ces parcs sont composés de véritables rues grandeur réduite qui comportent notamment des arrêts obligatoires, des traverses piétonnes et des voies à sens uniques.
«On essaie de nouvelles approches pour développer la culture de la mobilité active», a expliqué le conseiller municipal.
Pour que les citoyens laissent leur voiture pour la mobilité active, «ça prend des infrastructures», comme des supports à vélos dans les entreprises, des espaces de stationnement réservés au covoiturage ou encore simplement, des trottoirs sur le bord des rues, a renchéri André Lavoie.
«On commence à revoir des trottoirs dans les villages. Ceux qui travaillent à l'aménagement le savent, ça faisait des années que des quartiers étaient développés sans trottoir», a indiqué M. Lavoie.
Jérôme Laviolette, chercheur à l'Université McGill, a rappelé aux participants du Forum national de l'action climatique un certain nombre d’initiatives qui permettent de diminuer la dépendance à l'auto solo. Il demeure «difficile de changer le paradigme de la mobilité des personnes», parce que le Québec est pris dans un système de transport et d'aménagement du territoire principalement centré sur l'automobile, a-t-il toutefois fait valoir.
«C’est un système qui s'est construit, au fil des décennies et des décisions politiques, de façon à favoriser l'automobile au détriment de ces alternatives» et c'est «un système qui a permis d'assurer la dominance de l'automobile, qui a assuré de la rendre socialement indispensable», selon lui.
Les chiffres semblent lui donner raison. Dans le Plan d’infrastructure 2023-2033, Québec prévoit des investissements de 31,5 milliards $ dans le réseau routier, contre 13,8 milliards $ pour le transport collectif.
C'est donc 70 % des investissements qui vont au réseau routier, contre 30 % pour le transport collectif.
Ce système de transport centré sur l'automobile, a indiqué le chercheur, «ne serait pas tellement un problème s'il n'y avait pas un paquet d'externalités négatives sur l'environnement, la santé publique et la société».
Ce sont des externalités, a-t-il précisé, «parce qu'en fait, ce sont des coûts qui ne sont pas assumés par l'utilisateur, mais bien répartis dans la société».
Les Canadiens veulent davantage de mobilité durable
Il y a quelques semaines, le Jour de la Terre a publié un sondage Ipsos portant sur les habitudes des Canadiens dans leurs trajets entre le domicile et le travail.
Selon ce coup de sonde, 76 % des répondants qui ont un emploi préféreraient marcher ou aller au travail à vélo s'ils en avaient la possibilité. Le même pourcentage de répondants souhaiteraient également avoir plus d'options de mobilité durable pour les déplacements entre le domicile et le travail.