Début du contenu principal.
Selon un organisme, la décision du gouvernement fédéral met à mal toutes les démarches entreprises par les migrants.
En réponse au gel de programmes d'immigration annoncé par les gouvernements, un organisme de défense des droits des immigrants organisait samedi, en début d'après-midi, une manifestation devant le bureau montréalais du ministère québécois de l’Immigration, de la Francisation et l’Intégration.
Afin de limiter le nombre d'immigrants permanents au Québec, le gouvernement de la CAQ a annoncé en octobre qu'il allait geler jusqu'en juin prochain le Programme de l'expérience québécoise (PEQ) volet diplômé et le Programme régulier des travailleurs qualifiés (PRTQ) — qui doit devenir le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ) — en n'acceptant plus de nouvelles demandes de Certificats de Sélection du Québec (CSQ).
Et comme une mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule, le gouvernement fédéral a annoncé le même mois baisser ses cibles pour les résidents permanents, de même que pour certains immigrants temporaires, soit les étudiants étrangers et les travailleurs étrangers temporaires.
Ces annonces ont fait monter au créneau Le Québec c'est nous aussi (LQCNA). L'organisme fait valoir que les décisions des deux niveaux de gouvernements, mais plus particulièrement la décision du provincial, mettent à mal toutes les démarches entreprises par les migrants déjà présents sur le sol québécois.
Dans un communiqué publié samedi matin, LQCNA affirme que les mesures annoncées vont rendre «impossible» pour des milliers de personnes de renouveler leur permis de travail, et «d'accéder à la résidence permanente».
Pour les personnes migrantes, les démarches afin de venir au Québec constituent un processus de plusieurs mois, si ce n'est plusieurs années, qui équivalent parfois à l'investissement d'une vie, rappelle l'organisme qui avertit que «ces retournements de situation répétés risquent également de refroidir de façon durable quiconque souhaite venir étudier ou travailler au Québec à l'avenir».
«la manifestation d'aujourd'hui, c'est vraiment pour mettre en valeur les impacts des gels sur les programmes d'immigration permanente», explique Claire Launay, présidente de LQCNA devant le bureau du ministère. «On comprend que le gouvernement veuille faire des coupes en immigration, mais ce qu'on veut faire comprendre, c'est qu'il y a des gens qui sont déjà ici qui sont affectés par ces problèmes-là. La nouvelle est tombée tellement brutalement»,
La présidente, elle-même immigrée et installée depuis près de 15 ans au Québec, rapporte que, lorsque son organisme a discuté avec le ministère, on leur a dit que l'Immigration ne pouvait garantir que la règlementation allait revenir à ce qu'elle était à la fin du gel.
Cela s'ajoute au gel des permis de travail fermés dans la région de Montréal pour les emplois à bas salaires. «Il y a plein de personnes qui allaient avoir leur permis de travail qui allaient expirer qui, maintenant, non seulement ne peuvent plus le renouveler, mais n'ont même plus de voie», déplore-t-elle.
Présent sur la manifestation, Federico Benavides est un travailleur originaire d'Espagne qui vit au Québec depuis huit maintenant. L'immigré désespérait déjà devant la longueur de la bureaucratie locale et la difficulté des démarches d'immigration. À présent, il se voit forcé de faire une entrée expresse et envisage de partir en Ontario, lui qui a patiemment appris le français depuis son arrivée ici. Il lance au gouvernement québécois: «On joue le jeu, mais respectez les règles.»
Un peu plus loin dans cette petite troupe multiculturelle, Amir Azad raconte qu'il a fourni beaucoup d'efforts et dépensé beaucoup d'argent pour immigrer au Québec. Ce jeune diplômé, qui a étudié en anglais, a appris le français et passé des tests linguistiques pour avoir le droit de déposer sa demande de CSQ. Les précédents changements en matière de règlementation le rendaient éligible à partir 23 novembre. Il confie à présent que tous ses efforts sont partis en fumée. Lui aussi envisage de changer de province pour pouvoir rester sur le sol canadien. Cet ingénieur en génie mécanique venu d'Iran confie qu'il a le sentiment de ne pas pouvoir faire confiance au gouvernement québécois.
Tous ceux présents reprochent notamment un point au gouvernement, c'est de ne pas avoir pris en compte les personnes ayant déjà lancé leurs démarches d'immigration et de ne pas rendre ses réformes applicables seulement à une date ultérieure et à partir des premières démarches d'immigrations.
LQCNA demande donc au gouvernement de mettre notamment fin aux gels d'émission de permis de travail fermés, du Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ) et du Programme de l'expérience québécoise (PEQ) pour les diplômés et de garantir le maintien de ces programmes pour les cinq prochaines années.