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À l'échelle nationale, environ 43 % des répondants croient que les relations entre les musulmans et les juifs canadiens sont mauvaises.
Des Canadiens s'inquiètent davantage des relations interculturelles au pays, notamment entre les musulmans et les juifs, indique un sondage.
Ce sondage a été mené du 17 au 19 janvier par la firme Léger Marketing pour le compte de l'Association d'études canadiennes auprès de 1578 Canadiens afin de connaître leurs perceptions des relations entre les diverses communautés au pays.
À l'échelle nationale, environ 43 % des répondants croient que les relations entre les musulmans et les juifs canadiens sont mauvaises. Un répondant sur quatre les juge bonnes, tandis que 32 % des répondants disent ne pas savoir ou refusent de répondre à la question.
Le sondage indique aussi que 38 % des répondants croient que les relations entre musulmans et non-musulmans sont mauvaises et que 35 % estiment que celles entre les Autochtones et les non Autochtones ne sont pas mieux.
Les relations entre Blancs et non-Blancs sont jugées mauvaises par 19 % des répondants. Quant aux relations entre les juifs et non-juifs, 18 % des répondants les considèrent comme mauvaises.
Selon le Conseil de recherche et d’intelligence marketing canadien, une marge d’erreur ne peut pas être calculée pour un échantillon non probabiliste.
La catégorie d'âge la moins inquiète des relations entre juifs et musulmans est celle des 18 à 34 ans. Seulement 34 % jugent que les relations entre ces deux groupes sont mauvaises, contre 49 % des répondants âgés de 55 ans et plus.
Au Québec, ce pessimisme est partagé par 48 % des répondants, le moins bon résultat au pays. Au contraire, ce sentiment est affiché par 38 % des répondants albertains.
Jack Jedwab, président et chef de la direction de l'Institut Metropolis et de l'Association d'études canadiennes dit que la façon dont les Canadiens perçoivent les relations entre les groupes peut varier selon l'actualité.
Selon lui, il est clair que les perceptions des Canadiens se sont dégradées depuis l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023 qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza, un conflit qui perdure encore aujourd'hui, malgré le récent cessez-le-feu.
«C'est grandement influencé par les événements ayant suivi le 7 octobre, souligne M. Jedwab. Les résultats ne me surprennent pas. La question qui se pose maintenant: peut-on faire quelque chose pour améliorer ces relations ?»
La représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie, Amira Elghawaby, croit que la nécessité pour les Canadiens de se rassembler afin de lutter contre les récits nuisibles est plus urgente que jamais.
Elle ajoute que les Canadiens ont pu constater les conséquences meurtrières de la haine.
«Il est remarquable que ce sondage révèle que les gens âgés de 35 ou moins sont moins enclins à croire que les relations entre les musulmans et les juifs sont mauvaises. C'est un signal d'espoir pour le futur», dit-elle.
Deborah Lyons, l'envoyée spéciale du Canada pour la préservation de la mémoire de la Shoah et la lutte contre l’antisémitisme, juge que les perceptions publiques des relations entre les musulmans et les juifs ne sont pas toujours justes.
«En réalité, ces communautés partagent plus de traits que l'on peut penser, notamment la résilience et la persévérance pour lutter contre la haine et la discrimination.»
Michael Bueckert, président intérimaire des Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient, dit que les tensions actuelles résultant des opérations israéliennes à Gaza ne peuvent pas être uniquement interprétées sous la loupe d'un conflit entre juifs et musulmans.
«Les Canadiens le croient peut-être vraiment, mais cela reflète la fausse conception bien étendue que le conflit israélo-palestinien est avant tout un conflit religieux entre juifs et musulmans plutôt qu'une lutte politique pour les droits de la personne et le droit international.»
Richard Robertson, directeur de recherche et du plaidoyer de B’nai Brith Canada, juge que les résultats du sondage sont inquiétants. Selon lui, ils devraient inciter les dirigeants politiques à s'élever davantage contre «les discours et les événements qui fermentent la haine et la division».
«Nous croyons que le Canada est plus fort lorsque tous les individus de cultures et de religions différentes sont unis afin d'améliorer notre pays», affirme-t-il.