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Emploi et Développement social Canada affirme que sa norme est de finaliser 80% des demandes d'assurance-emploi dans les 28 jours suivant la réception d'une demande.
Teffal Mohamed Amine a perdu tout espoir d'acheter un jour une maison.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
«J'ai complètement épuisé mes économies et ma carte de crédit qui devaient servir à acheter une maison», explique-t-il à CTV News. «J'ai parfois dû me priver de nourriture par manque d'argent, surtout récemment.»
L'ingénieur logiciel a été licencié en décembre 2022.
«J'étais en période de probation et beaucoup de gens, dont moi, ont été licenciés pour manque de budget», explique-t-il, ajoutant qu'il bénéficie de l'assurance-emploi (AE) depuis, mais qu'il n'a pas encore reçu un seul cent.
«Cela fait presque sept mois que je suis censé recevoir l'argent qui m'est dû», déplore-t-il. «C'est extrêmement frustrant, d'autant plus que j'ai fait tout ce que j'ai pu pour accélérer le processus. C'est un délai inacceptable pour ce genre de service essentiel pour les chômeurs.»
Emploi et Développement social Canada affirme que sa norme est de finaliser 80% des demandes d'assurance-emploi dans les 28 jours suivant la réception d'une demande.
«D'avril à septembre 2023, Service Canada a traité 84,5% des demandes d'assurance-emploi dans un délai de 28 jours», a affirmé Samuelle Carbonneau, agente des relations avec les médias à Emploi et Développement social Canada. «Pour les demandes qui n'ont pas été traitées dans les 28 jours, le délai de traitement moyen se situe entre 29 et 35 jours.»
Le ministère note que depuis le début de l'année, le nombre moyen de jours nécessaires pour qu'une personne reçoive son premier paiement de prestations d'assurance-emploi est de 19 jours, contre une moyenne de 26 jours pour la même période en 2022-23.
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M. Amine dit qu'il a essayé d'être proactif pour que son dossier soit traité, notamment en appelant Service Canada à plusieurs reprises.
«Je leur ai demandé s'il était possible d'accélérer le processus, sachant combien de temps j'attendais», dit-il.
Le Montréalais affirme qu'il n'a jamais obtenu de réponse claire de la part des agents auxquels il a parlé.
«Certains agents m'ont dit que c'était normal et que c'était le temps qu'il fallait pour traiter un dossier, et d'autres m'ont dit que c'était à cause du grand nombre de demandes», raconte-t-il à CTV News. «Chaque agent m'a dit quelque chose de différent ; trois agents différents m'ont donné des délais — une semaine, trois jours, deux semaines — et ils se sont tous trompés. Aucun des agents n'avait vraiment la réponse et n'avait la moindre idée de ce qu'il fallait faire dans mon cas.»
Selon lui, les retards ont causé plus qu'un simple désagrément.
«Ils semblent complètement déconnectés des besoins fondamentaux des gens», estime M. Amine. «Je trouve absolument inquiétant qu'ils n'assument aucune responsabilité. Sept mois, c'est un délai absolument inacceptable, quoi qu'il en soit».
L'histoire de M. Amine n'est pas unique, selon Gabriel Pelletier, avocat au Comité Chômage de Montréal, un organisme qui défend les droits des chômeurs.
«C'est ridicule parce que lorsqu'on fait une demande d'assurance-emploi, on fait une demande dans le cadre d'un programme auquel on contribue sur chaque chèque de paie», a-t-il déclaré. «C'est quelque chose auquel on a droit.»
Selon M. Pelletier, les deux tiers des dossiers actuellement sur son bureau sont dus à des retards exorbitants, et certains de ses clients recourent à des solutions extrêmes pour continuer à mettre de la nourriture sur la table.
«Ce que j'obtiens généralement comme réponse, c'est qu'ils réhypothèquent, s'ils ont une hypothèque. S'ils n'ont pas d'hypothèque, ils vont ouvrir de nouvelles cartes de crédit, ils vont obtenir des marges de crédit, ils vont charger des cartes de crédit existantes», a déclaré M. Pelletier. «Certains d'entre eux doivent demander de l'aide à leurs amis et à leur famille.»
D'autres se tournent vers l'aide sociale.
«Ils appellent l'aide sociale, qui leur dira : "Avez-vous demandé l'assurance-emploi? Êtes-vous admissible à l'assurance-emploi?" Ils vont dire: "Oui, mais je n'ai pas eu de prestations depuis des mois. Je n'ai plus d'argent. Je ne peux pas réhypothéquer. Je ne peux pas faire de crédit." Dans ces cas-là, l'aide sociale acceptera parfois... mais ce n'est pas la raison d'être de ce système, et c'est vraiment absurde», raconte M. Pelletier.
Dans des cas extrêmes, M. Pelletier affirme que des personnes ont été expulsées de leur logement parce qu'elles n'étaient pas en mesure d'effectuer leurs paiements.
C'est la situation dans laquelle Jennifer Cytrynbaum dit qu'elle aurait pu se retrouver.
Cette femme de 53 ans a été contrainte de faire une demande d'assurance-emploi après avoir été licenciée «sans motif ni avertissement».
Elle dit n'avoir reçu ses prestations d'assurance-emploi qu'après que le Comité Chômage de Montréal se soit impliqué dans son cas.
«J'ai attendu six mois sans nouvelles ni mise à jour de l'état de mon dossier», dit-elle, ajoutant qu'elle a contacté Service Canada à plusieurs reprises, sans succès. «Environ une semaine après avoir contacté le Comité Chômage de Montréal, mon dossier a été réglé et j'ai été payée.»
Elle affirme que cette expérience a été plus que frustrante : «J'étais désespérée».
«J'ai vécu entièrement à crédit, et mes paiements hypothécaires étaient une source d'anxiété totale», a-t-elle déclaré à CTV News.
M. Pelletier soutient que le gouvernement doit agir immédiatement pour résoudre cette crise — ou en payer le prix plus tard.
«Les gens perdent leur maison, les gens réhypothèquent, les gens augmentent la limite de leur carte de crédit», énumère-t-il. «De toute façon, le gouvernement finira par en faire les frais, alors autant régler le problème tout de suite.»
Selon Samuelle Carbonneau, agente des relations avec les médias à Emploi et Développement social Canada, il y a trois raisons principales pour lesquelles le traitement de certaines demandes d'indemnisation prend plus de temps :
Selon le ministère, le programme d'assurance-emploi reçoit 40 000 demandes de prestations par semaine, ce nombre doublant pendant les périodes de pointe de l'été et de l'hiver.
«Ces augmentations de demandes sont normales et associées à des demandeurs qui travaillent principalement dans l'industrie scolaire et/ou qui occupent des emplois saisonniers», explique Mme Carbonneau. «Pendant ces périodes, certains clients peuvent connaître des retards plus importants dans le traitement de leurs demandes et les temps d'attente peuvent être plus longs au centre d'appels.»
En date du 28 octobre, Emploi et Développement social Canada indique que 1 641 209 nouvelles demandes d'assurance-emploi et demandes renouvelées ont été reçues et que 1 642 311 ont été traitées.
«Les demandeurs qui sont confrontés à de graves difficultés financières et qui ont des besoins urgents doivent contacter le centre d'appel de l'assurance-emploi pour obtenir de l'aide afin d'examiner leur situation», note le ministère.
Toute personne ayant besoin d'aide est invitée à consulter le service suivant :
Les nouveaux demandeurs d'assurance-emploi doivent créer un compte Mon Dossier Service Canada (MSAC) pour :
Le ministère indique que toute personne qui attend son argent pendant une période prolongée doit s'assurer qu'elle a fourni tous les renseignements et documents requis et qu'elle a reçu son code d'accès pour remplir ses rapports bihebdomadaires.
En cas d'échec, elles doivent contacter Service Canada pour obtenir de l'aide.