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Il y a un an, personne au gouvernement fédéral pensait que Trump pouvait être réélu. Cette réflexion est révolue.
Ce qui est le plus frappant lorsqu'on se promène dans l'enceinte de la Convention nationale républicaine (RNC), c'est de voir à quel point ce parti est celui de Donald Trump.
On peut lire des articles à ce sujet, on peut écouter les experts le dire, mais c'est autre chose de le voir de près. Les 56 000 personnes présentes ne souscrivent à aucune idéologie, elles ne se décrivent même pas comme des conservateurs.
Ce texte est la traduction d'un article de CTV News.
Ce sont des «patriotes», m’expliquent-ils longuement, et ils sont convaincus que Donald Trump est le seul homme politique prêt à se «battre» pour eux. C'est exactement le langage qu'ils utilisent encore et encore lorsque vous leur demandez pourquoi ils sont à la RNC ; pourquoi ils soutiennent Trump - c'est le gars qui va «se battre pour nous», c'est ce qu'ils me répètent encore et encore.
Qu'est-ce que cela signifie pour le Canada ?
C'est une question qui taraude les politiciens canadiens et leurs délégués, mais il y a peu de réponses certaines. L'ambassadrice du Canada aux États-Unis, Kirsten Hillman, était présente pendant toute la durée de la convention, tout comme le représentant de l'Ontario à Washington, David Patterson, et le représentant de l'Alberta à Washington, James Rajotte.
«Ce sont des lieux où l'on trouve une grande concentration d'élus politiques, ainsi que leurs conseillers politiques et leurs stratèges», m'a expliqué Mme Hillman le premier jour de la convention pour expliquer sa présence.
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Et il y a des dizaines de réunions et de sessions auxquelles elle, Patterson et Rajotte ont participé pour plaider la cause du Canada, face à la perspective d'une victoire de Trump - qui semble plus probable aujourd'hui qu'il y a un mois.
La délégation canadienne se concentre sur l'économie - c'est de loin la principale préoccupation des gouvernements fédéral et provinciaux, étant donné notre dépendance à l'égard des marchés américains, qui accueillent les trois quarts de nos exportations. Le souvenir des négociations de l'ALENA 2.0 n'est pas loin dans les esprits et l'inquiétude quant à l'avenir est ponctuée par la promesse de M. Trump d'imposer des droits de douane de 10 % sur toutes les importations.
Dans son discours, M. Trump n'a pas cité nommément le Canada, mais il a mentionné l'ALENA, critiquant l'accord initial et faisant l'éloge de l'accord actuel. Il a répété les propos qu'il a tenus à maintes reprises au cours des trois dernières années sur la nécessité de cibler les «soi-disant alliés» qui ont «profité [des États-Unis] pendant des années».
Le député Bill Huizenga, du Michigan, a déclaré qu'il avait l'intention de faire valoir auprès de M. Trump que les droits de douane ne devraient pas être appliqués au Canada, mais il admet qu'il n'y a aucune garantie.
«Je vous dis que nous serons nombreux à plaider en faveur d'une réflexion évoluée, avec quelques nuances», a soutenu M. Huizenga lors d'une entrevue accordée à CTV News.
«Nous serons des défenseurs, mais [...] il est sérieux lorsqu'il s'agit de s'assurer que les États-Unis ne se font pas abuser par leurs partenaires commerciaux.»
En 2017, lorsque le sénateur de Floride Ted Cruz n'avait pas encore décidé qu'il était un éternel Trumpiste, il avait plaidé pour la survie de l'ALENA. Je lui ai demandé si le Canada serait exempté de tout nouveau tarif douanier - lui non plus n'a pas pu offrir de garantie, mais il semblait bien connaître les relations entre nos deux pays.
«L'accord commercial entre les États-Unis, le Mexique et le Canada s'est avéré incroyablement fructueux pour les États-Unis, le Canada et le Mexique, et c'est l'une des grandes victoires de l'administration Trump», a insisté M. Cruz lors d'une entrevue.
«Je pense que nous continuerons à voir une coopération et un commerce économiques continus entre nos nations.»
Son collègue du Sénat dans le «Sunshine state», Marco Rubio, s'est montré moins optimiste.
«En fin de compte, le président est assez clair sur ce point», a-t-il affirmé lors d'une entrevue accordée à CTV. «Il faut réévaluer les politiques commerciales pour s'assurer que les industries américaines ne sont pas éviscérées et que les règles du jeu sont les mêmes pour tous.»
Lorsque j'ai demandé sans détour à Rubio si cela signifiait que le Canada devait s'inquiéter, il a répondu que bien que nous soyons un grand «ami, voisin et allié important», «ce n'est pas un mystère que le président Trump veut réexaminer le commerce injuste».
Il se peut toutefois que Trump veuille revenir sur quelque chose d'autre qui a un impact beaucoup plus important sur l'économie du Canada. Dans son discours, l'ancien président a fustigé la loi sur la réduction de l'inflation du président américain, Joe Biden. L'IRA est un programme d'incitation de plusieurs milliards de dollars pour le développement d'entreprises et d'infrastructures vertes.
M. Trump l'a qualifié de «nouvelle escroquerie verte» et a promis d'utiliser l'argent non encore distribué pour réparer les routes et les ponts.
Il a également promis de mettre fin à la réglementation américaine sur les véhicules électriques dès le premier jour de sa présidence, s'il l'emporte en novembre.
Le problème pour le Canada et le gouvernement fédéral est essentiellement que sa politique industrielle ou son plan de développement économique est basé sur ce que font les États-Unis en ce moment. L'IRA est la raison pour laquelle le gouvernement fédéral et certaines provinces - principalement l'Ontario - ont investi des milliards de dollars du contribuable dans des usines de fabrication de batteries et de chaînes d'approvisionnement pour véhicules électriques. Nos propres mandats en matière de batteries de véhicules électriques ont été mis en place conjointement avec nos voisins du sud de la frontière.
Si Trump met fin à tout cela, il ne fait aucun doute que l'impact sur le Canada sera direct.
Il y a un an, tout cela n'était qu'une série d'hypothèses - personne au sein du gouvernement fédéral ne pensait que Trump pourrait gagner à nouveau.
Ce genre de réflexion est désormais révolu.
La possibilité d'une deuxième présidence Trump - et de montagnes russes pour le Canada - semble de plus en plus probable. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les membres de la RNC sont convaincus d'une victoire en novembre, et avec les démocrates en plein désarroi, les Canadiens devraient être prêts.