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«Il faut avoir un gouvernement avec un plan.»
Le chef libéral Mark Carney a réitéré son appel à «un mandat fort» en réponse aux appels du Bloc québécois et du Nouveau Parti démocratique (NPD) qui invitent les électeurs à revenir au bercail maintenant qu'il semble que le Parti libéral du Canada formera le prochain gouvernement.
«Nous sommes dans une crise. La crise la plus grave de nos vies. Dans quelques jours, il y aura une négociation avec les Américains», a-t-il répondu lors d'une conférence de presse lundi à Charlottetown, à l'Île-du-Prince-Édouard, alors qu'il entame la dernière ligne droite de la campagne électorale par une tournée dans les provinces des Maritimes.
«Il faut avoir un gouvernement avec un mandat fort, un mandat clair», a poursuivi le chef libéral.
«Il faut avoir un gouvernement avec un plan, avec un plan pour le moment. Avec un plan qui fait face à cette crise. Avec un plan qui nous rend maîtres chez nous. Et c'est notre plan.»
Les libéraux jouissent depuis quelques semaines d'une avance dans les intentions de vote. Selon la projection du vote populaire de l'agrégateur de sondages Canada338, les troupes de M. Carney récolteraient 43 % des suffrages, contre 38 % pour les conservateurs de Pierre Poilievre.
Ainsi, au cours des derniers jours, les bloquistes et néo-démocrates ont invité les électeurs qui leur sont sympathiques à abandonner l'idée d'un vote stratégique vu que M. Poilievre ne deviendrait pas premier ministre.
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Le chef bloquiste Yves-François Blanchet a par exemple déclaré dimanche soir en entrevue à la populaire émission «Tout le monde en parle» qu'il lui «paraît assez clair» que M. Carney va être premier ministre et qu'il est donc temps de «revenir au Bloc» compte tenu des différences que le parti porte.
Il juge aussi que «ça peut marcher» de «collaborer» avec les libéraux, pourvu que «la différence québécoise» soit protégée.
M. Carney a rigolé lorsque questionné sur ce qui l'a motivé à partager son numéro de téléphone avec le chef bloquiste en marge du débat des chefs en anglais et s'il est déjà à la recherche d'un partenaire au Parlement fédéral.
«Je suis un gentilhomme. Il l'a demandé (le numéro). Pas de problème. (...) Si vous me le demandez, je vais vous donner mon numéro», a-t-il lancé. Et alors que la presse parlementaire lui a signifié du tac au tac être intéressée et que la salle en entier riait de bon cœur, M. Carney s'est dit à voix haute qu'il n'aurait «peut-être pas dû dire cela».
M. Carney a profité de son point de presse destiné à réitérer ses engagements en matière de santé pour lancer quelques flèches aux conservateurs.
«Nous allons protéger le droit des femmes de choisir. Au Canada, l'avortement est un droit. Le débat devrait être clos, a-t-il dit. Pierre Poilievre s'engage maintenant à outrepasser vos droits constitutionnels. (...) Où s'arrêteront-ils?»
Le chef libéral s'est ensuite envolé vers la Nouvelle-Écosse où il a fait un arrêt à Truro, dans une circonscription qui est chaudement disputée avec les conservateurs. Il a prononcé un discours sur le porche d'une résidence où se tenait un barbecue, puis il a enfilé des chaussures de sport pour jouer du hockey de rue avec des enfants.
La circonscription de Cumberland—Colchester où il se trouvait bascule d'élection en élection entre libéraux et conservateurs, si bien qu'elle est à l'image de celles qui, d'un bout à l'autre du pays, détermineront si M. Carney formera un gouvernement majoritaire, a noté Chris McIntire, un résidant et sympathisant libéral qui assistait à l'événement.
En entrevue avec La Presse Canadienne, il a également dit craindre que les libéraux échappent la majorité dont le pays a tant «besoin» advenant que le Bloc et le NPD gagnent en «momentum».
Non loin, Sarah Flemming, une femme venue encourager son amie qui se porte candidate, a évoqué l'idée que les libéraux ont «pleins d'amis à Ottawa». Selon elle, les libéraux pourront «accomplir les choses» avec le NPD et le Bloc, même s'ils forment un gouvernement minoritaire, parce que les trois partis «travaillent bien ensemble».
En fin d'après-midi, M. Carney s'est rendu à Fredericton pour donner un coup de main à ses candidats du Nouveau-Brunswick lors d'un rassemblement de campagne dans un bâtiment qui abrite habituellement un marché fermier.
«Il ne reste que sept jours et on va la gagner», lance à la foule survoltée le chanteur folk et candidat dans Fredericton—Oromocto, David Myles, qui performe avant le discours de M. Carney.
Le chef libéral est «calme, compatissant, compétent», affirme la première ministre néo-brunswickoise, Susan Holt, qui monte ensuite sur scène.
L'élection actuelle est «historique», juge Éveline Haché, une francophone qui réside dans Beauséjour, la circonscription du ministre Dominic LeBlanc.
À ceux qui pourraient céder à la suggestion des néo-démocrates et des bloquistes, elle répond qu'elle a voté pour le Parti vert du Canada lors des dernières élections, mais que «cette fois-ci c'est trop important: on ne prend pas de chance et on vote libéral».
Le député sortant de Madawaska—Restigouche, René Arseneault, était venu donner un coup de main à celui qui, l'espère-t-il, lui succédera, le jeune Guillaume Deschênes-Thériault. «Chez nous, dans le Nord, ça va bien. Ça va même très bien. Mais il ne faut pas se laisser endormir», prévient-il.
Mais l'ancien député, avec trois élections derrière la cravate, reconnaît qu'à l'échelle nationale, les libéraux pourraient l'échapper si la confiance règne avec insistance. «Les supporteurs de Poilievre, eux, n'ont pas changé leur fusil d'épaule. Ils sont à 38 %, sont stables, sont enragés, ils vont aller voter», a-t-il déclaré.
Le Parti libéral du Canada (PLC) a une forte présence dans les Maritimes. Il détient actuellement 23 des 32 sièges du Canada atlantique, incluant l'Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve-et-Labrador. Un siège est vacant, et les huit autres sièges sont occupés par des députés conservateurs.