Début du contenu principal.
La publication en ligne de gestes criminels se multiplie chez de nombreux jeunes selon le Service de police de la ville de Montréal.
Acheter une arme à feu sur l’application Snapchat et s’en vanter sur Youtube, diffuser une vidéo d’une agression armée sur Instagram et la partager ensuite sur Tiktok: la publication en ligne de gestes criminels se multiplie chez de nombreux jeunes selon le Service de police de la ville de Montréal (SPVM).
«Les conflits sont initiés à même les médias sociaux», a résumé la superviseure du module de cyberenquête du SPVM, Maya Alieh, lors du Forum montréalais pour la lutte contre la violence armée.
Plusieurs intervenants du milieu sont clairs: cette lutte ne peut être gagnée sans faire de l’éducation à l’utilisation des médias sociaux une priorité.
Le forum montréalais pour la lutte contre la violence armée a lieu aujourd’hui. Des intervenant-es de tous les milieux sont réuni-es pour développer un modèle montréalais de sécurité publique. #polmtl #UnisPourLaJeunesse @SPVM pic.twitter.com/Ca7a1BIEst
— Valérie Plante (@Val_Plante) March 31, 2022
«Ça commence par une photo, un commentaire, un échange et ça se multiplie. On perd ensuite le contrôle et les menaces se multiplient», énumère la sergente-détective.
Depuis 2021, le SPVM a constaté une hausse de 68 % des dossiers d’arme à feu liés aux réseaux sociaux.
«En 2018, on ne voyait pas beaucoup de gens qui s’affichaient avec une arme à feu sur les réseaux sociaux. On a eu trois dossiers dans l’année, se souvient Maya Alieh. [En 2022], à la fin mars, on est déjà à 58 dossiers.»
Pour les plus récentes nouvelles touchant le grand Montréal, consultez le Noovo Info.
Et inutile de maîtriser les mécanismes du « dark web » pour mettre la main de manière illégale sur un fusil à Montréal. Les plateformes comme Instagram et Snapchat les «servent parfaitement.»
Selon Maya Alieh, la banalisation de la violence sur les réseaux sociaux a atteint un tel point que plusieurs jeunes partagent sans réfléchir des vidéos violentes plutôt que de contacter les policiers ou des intervenants de leur milieu.
«Il n’y a aucun profil type. Tous les jeunes peuvent être impliqués, dit-elle. Certains sont tellement désensibilisés, qu’ils partagent ces vidéos plutôt que de les signaler. C’est là qu’on doit travailler en amont et travailler sur la prévention, ainsi que l’éducation.»
À lire également :
Le SPVM propose entre autres de multiplier les formations pour les intervenants de tous les niveaux et de mieux légiférer l’usage des réseaux sociaux lorsqu’il est question de promotion ou d’incitation à la violence.
En moins d’un an, cinq adolescents ont été tués à Montréal. Ces drames successifs ont secoué l’ensemble de la province, générant un débat sur l’accessibilité aux armes à feu.
Parmi les jeunes victimes, il y a eu Thomas Trudel, abattu en pleine rue le 14 novembre 2021 dans le secteur St-Michel.
«Je crois que posséder une arme ce ne devrait pas être normal, estime son ami, Émile Tremblay. C’est trop facile de s’en procurer une. On peut en imprimer une chez soi ou la faire livrer pièce par pièce.»
L’étudiant de 16 ans à l’école secondaire de Joseph-François Perrault a pris la parole devant une audience d’intervenants du milieu social, communautaire et institutionnel rassemblés pour l’évènement.
«Il faut donner les moyens aux organismes qui connaissent les besoins et les préoccupations des jeunes, poursuit-il. Il faut être aussi occupés et avoir des activités. Il faut avoir des lieux pour créer une appartenance, autre que des gangs de rue.»
«On discutait entre jeunes et plusieurs me disaient que la violence était devenue normale. Ça faisait partie de leur quotidien, mais ce n’est pas normal que ça soit normal», a-t-il martelé.
L’intervenant de l’organisme Forum jeunesse de Saint-Michel, Abdellah Azzouz, a aussi pris la parole. À seulement 22 ans, il raconte avoir vécu de proche la perte de cinq jeunes au cours des dernières années.
Les jeunes ont des solutions pour lutter contre la violence à Montréal. Je voulais qu’ils soient présents au forum sur la sécurité pour nous partager leurs idées et leurs propositions pour des quartiers plus sécuritaires. #polmtl #UnisPourLaJeunesse pic.twitter.com/JB7rNKaddF
— Valérie Plante (@Val_Plante) March 31, 2022
«On va devoir réfléchir ensemble pour offrir d’autres moyens et d’autres opportunités aux jeunes, car ce n’est pas normal qu’à 15 ou 16 ans, certains pensent acheter une arme pour sa sécurité ou se protéger», donne-t-il en exemple.
Pour y arriver, il faut avant tout aider les jeunes à trouver leur passion et développer leurs ambitions, tout en investissement dans des initiatives visant à soigner la santé mentale des jeunes grandement affectée par la pandémie.
«Il faut nous aider à trouver les choses qu’on aime dans la vie», dit-il.
Pour Abdellah, il faut également accompagner et outiller les parents à la réalité des réseaux sociaux.
«Ils sont dépassés, ils ont besoin de conseil et d’intervenants en qui ils peuvent avoir confiance», croit-il.
En marge du Forum, la Ville de Montréal s’est engagée à créer un fonds spécial de deux millions de dollars supplémentaires pour des projets «pour et par les jeunes», a annoncé la mairesse Valérie Plante. Cette dernière mentionne que ces projets serviront à créer des activités sportives ou culturelles, notamment.
Il a également été annoncé que 400 000$ seront réservés pour la création d'une ligne «d’accompagnement téléphonique» pour les personnes qui sont confrontées à des problèmes reliés aux armes à feu. Une campagne de sensibilisation sera également mise sur pied.
Montréal allouera également 5 millions du budget participatif de la Ville pour d'autres projets «qui répondent aux besoins des jeunes», comme des ruelles vertes ou des projets d'agriculture urbaine.
Quant au SPVM, il se mobilisera pour établir des vigies plus «structurées» des réseaux sociaux et des plateformes d'échange utilisées par les plus jeunes. «Nous devons occuper cet espace nous aussi», a affirmé Sylvain Carron, directeur du Service de police de la Ville de Montréal. Le chef de police précise que la présence du SPVM se fera dans une optique de «prévention.»
Un nouveau Forum sur la question de la violence par armes à feu se tiendra en 2023, a-t-on confirmé vendredi. «Le SPVM s'engage à collaborer à la création de celui-ci», a détaillé M. Caron.
Valérie Plante, mairesse de Montréal : «On veut tout mettre en place pour que les familles et les jeunes soient en sécurité dans nos rues et nos quartiers. […] Il faut se rappeler que des jeunes sont morts dans les rues de Montréal et ça, c’est intolérable.»
En rencontre de travail avec le ministre de la Sécurité publique du gouv. du Canada, j’ai demandé une interdiction des armes de poing et un meilleur contrôle à la frontière. Unissons-nous pour lutter contre la prolifération des armes. #polmtl #UnisPourLaJeunesse @marcomendicino pic.twitter.com/2l9bP5K1k6
— Valérie Plante (@Val_Plante) March 31, 2022
Sylvain Carron, directeur du Service de police de la Ville de Montréal: «Je suis un peu fébrile. Parce qu’on travaille fort, depuis des mois et même des années. La réponse policière est importante, mais on s’aperçoit que la responsabilité est partagée. Pour moi, c’est un grand jour.»
Chantal Rouleau, ministre responsable de la métropole: «Les armes à feu ont tristement volé des vies dans les derniers mois. Elles ont frappé de plein fouet les jeunes, ont marqué à jamais leurs amis, leur famille et tout le Québec. Ce sont des évènements inacceptables, mais je réitère que Montréal est une ville sécuritaire.