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Pour sa 34e mouture, la Nuit des sans-abris souhaite ouvrir le dialogue entre les personnes en situation d’itinérance et la population générale, dans un contexte où l’itinérance prend de l’ampleur au Québec.
Pour sa 34e mouture, la Nuit des sans-abris souhaite ouvrir le dialogue entre les personnes en situation d’itinérance et la population générale, dans un contexte où l’itinérance prend de l’ampleur au Québec. Des événements auront lieu dans des dizaines de municipalités partout à travers la province, vendredi soir.
De Terrebonne, en passant par Rimouski et Val-d’Or, une cinquantaine de villes tiendront différentes activités à l’occasion de la Nuit des sans-abris, incluant des marches, des prestations musicales ou même des spectacles de cirque, comme ce sera le cas à Montréal.
Dans la métropole, les participants à l’événement se réuniront au square Phillips sur le coup de 16h, pour marcher jusqu’à la place Émilie-Gamelin, en solidarité avec les personnes en situation d’itinérance. Des activités se dérouleront dans le parc du centre-ville jusqu’à minuit.
«Sur place, il va y avoir pleins d’activités, des kiosques, de la nourriture, des spectacles de cirque, des cracheurs de feu, de la musique», résume Annie Archambault, porte-parole de la Nuit des sans-abris de Montréal, et intervenante de proximité à l’organisme RAP (Rue-Action-Prévention) jeunesse. Elle souligne que l’événement s’adresse à tout le monde, incluant les familles.
«La Nuit des sans-abris, c’est vraiment, le temps d’une soirée, que les gens viennent s’éduquer, se sensibiliser, à une réalité qui n’est pas nécessairement la leur. Donc oui, c’est la nuit des personnes en situation d’itinérance, ça leur appartient. Par contre, c’est vraiment pour créer un dialogue, qui je crois est vraiment important, surtout en ce moment, avec la crise du logement, la crise économique, et qu'on voit que l’itinérance explose à Montréal», explique-t-elle.
Une «bibliothèque humaine» sera organisée pour la Nuit des sans-abris à Montréal, permettant aux participants d’échanger avec des personnes qui ont été en situation d’itinérance, ou qui le sont toujours. Une collecte de produits d’hygiène menstruelle aura également lieu. Plusieurs activités se sont déroulées à l’occasion de la Nuit des sans-abris plus tôt cette semaine à Montréal, incluant une collecte de dons de vêtements chauds, à l’approche de l’hiver.
Mme Archambault, qui a elle-même été en situation d’itinérance pendant cinq ans, se dit fière d’être la porte-parole de l’événement à Montréal.
«C’est drôle de dire qu’il y a quelques années, moi je participais chaque année à la Nuit des sans-abris en tant que personne sans-abri, et de savoir qu’aujourd’hui on me donne le privilège de représenter ma communauté, c’est vraiment un gros privilège, et je suis vraiment fière», dit-elle.
Tout comme Mme Archambault, Julia Ouellet, chargée des communications pour le Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec (RISQ) et la Nuit des sans-abris, perçoit une augmentation du nombre de personnes qui se trouvent dans la rue.
«Le phénomène de l’itinérance voit un agrandissement depuis plusieurs années. C'est certain que la pandémie, ça a contribué, et on ne peut pas laisser de côté toute la convergence de l’inflation, la crise du logement (...) le revenu qui reste le même (pour les personnes bénéficiant de l’aide sociale)», indique-t-elle.
En septembre, un rapport diffusé par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) indiquait que 10 000 personnes se trouvaient en situation d’itinérance visible au Québec en 2022, soit une augmentation de 44 % depuis 2018.
À la suite de la Nuit des sans-abris, Mme Archambault espère que les participants de la population générale retiendront qu’il peut arriver à tout le monde de se retrouver en situation d’itinérance. «Je crois qu’on entend beaucoup les "calls" que c’est un choix, si tu veux tu peux, et peut-être que la Nuit des sans-abris peut souligner que ce n’est pas si facile que ça, que ces préjugés-là qu’on a, (on peut) venir les défaire», dit-elle.
Elle espère aussi que les personnes en situation d’itinérance se sentiront pour leur part écoutées lors de cet événement.
«Pour les personnes en situation d’itinérance, ce serait de se sentir plus respectées par les autres citoyens. Parce que, de ce qu’on voit un peu, il y a comme une vague (…) du pas dans ma cour, je ne veux pas voir de personnes en situation d’itinérance, pas à côté de chez moi, pas de campements», explique-t-elle.
L’intervenante incite les citoyens à «ne pas avoir peur» de se présenter à la Nuit des sans-abris.
«Je pense que les gens pensent que la Nuit des sans-abris c’est "dark", c’est triste, puis ce n'est vraiment pas ça cette année, ce qu’on souhaite, c’est d’ouvrir un dialogue», dit-elle.
La députée Manon Massé, de Québec solidaire, a affirmé lors d’un point de presse, jeudi, avoir invité le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, à participer à la marche pour la Nuit des sans-abris à Montréal, une invitation qu’il a acceptée.
«J'ai invité le ministre Carmant à venir marcher avec moi à la marche à Montréal pour que je puisse lui présenter des gens, des gens qui vivent à la rue, des gens qui travaillent avec ces gens-là. Que je puisse lui parler aussi, que j'aie du temps pour lui parler de la réalité de ces personnes-là, qu'il puisse voir concrètement c'est quoi», a affirmé Mme Massé.
L’attaché de presse du ministre, Lambert Drainville, a dit à La Presse Canadienne que M. Carmant prévoyait déjà participer à la Nuit des sans-abris à Longueuil, mais qu’il se rendra dorénavant à Montréal avant de se diriger vers ce deuxième événement sur la Rive-Sud.
Lors du Sommet sur l’itinérance, organisé en septembre par l'Union des municipalités du Québec, le ministre s’est engagé à faire un nouveau dénombrement des itinérants en 2024, et a annoncé que 20 millions $ seront alloués pour composer avec l’augmentation de l’itinérance dans la province.