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Chronique |

Réseaux sociaux: terrain de chasse pour arnaqueurs du cœur

L’arnaque amoureuse est l’une des attrapes les plus fréquentes sur Facebook.

Ils sont chirurgiens, pilotes d’avion ou entrepreneurs. Ils sont — oh coïncidence — tous veufs et à la recherche de l’âme sœur. Du moins, c’est ce qu’ils écrivent dans votre messagerie Facebook pour attirer votre attention. 

Le stratagème n’est pas nouveau, mais une publication récente de l’autrice et sexologue Jocelyne Robert a attiré mon attention. Elle avait, elle aussi, reçu une demande d’amitié d’un beau sexagénaire au profil enviable. Un bon parti, comme on dit. Dans le statut Facebook où elle raconte l’événement, madame Robert a dit quelque chose de signifiant.

L’homme qui voulait assurément lui soutirer ses informations personnelles ou lui extorquer de l’argent lui a fait le compliment suivant: «quand je lève les yeux au ciel, je vois Dieu, et vous.» La sexologue a enchaîné en interpellant son auditoire: «avouez que ça fait un p’tit velours frelaté», faisant référence au fait que même si le chirurgien de pacotille essayait visiblement de l’amadouer avec des compliments, cela pouvait faire plaisir à l’ego quand même.

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Bingo! Pour moi, elle venait de mettre le doigt sur le bobo. Parce que quand on lit des témoignages de femmes qui se sont fait prendre par des arnaqueurs, ça peut être tentant de se dire qu’elles sont un peu naïves. Non, c’est beaucoup plus compliqué que ça.

Les réseaux de fraudeurs font appel à des enjôleurs de première, des personnes qui savent cibler les profils de femmes seules, souvent vieillissantes, et leur dire exactement ce qu’elles veulent entendre pour se sentir exister dans les yeux de quelqu’un d’autre, pour se sentir importantes. Ils sont passés maîtres dans l’art de trouver la faille pour y entrer.

La grande séduction

L’arnaque amoureuse est l’une des attrapes les plus fréquentes sur Facebook. Selon l’Association des banquiers canadiens, ce type de fraude a coûté aux Canadiens plus de 59 millions de dollars en 2022, comparativement à 28 millions en 2020. Le phénomène est donc, malheureusement, en plein essor. Des milliers de femmes se font prendre chaque année. Et ce ne sont pas des tartes.

Les réseaux sociaux sont le terrain de chasse de prédilection des arnaqueurs, qui sont prêts à tout pour hameçonner leur proie. Souvent, ça commence par des messages romantiques et des compliments. Ils vont faire des références à la beauté de leur victime, des victimes qui ont souvent atteint un âge où les femmes, malheureusement, se sentent invisibles. Oui, les compliments se font parfois rares quand on vit seule et/ou qu’on prend de l’âge. Les arnaqueurs le savent et utilisent cette blessure d’ego.

Si la femme répond, ils vont alors entamer une relation épistolaire et téléphonique qui peut durer des mois, voire des années, tout ça dans le but de gagner la confiance de leur cible. Mais ce n’est que quand ils auront le sentiment que vous êtes bien accrochées que les demandes vont commencer à pleuvoir.

Certaines femmes ont donné toutes leurs économies à ces hommes-là, persuadées d’avoir trouvé l’âme sœur. Elles voulaient, bien souvent, les sauver d’une situation fâcheuse dans laquelle ils prétendent se trouver: un accident, un séjour à l’hôpital, des problèmes de douanes, un divorce houleux. Ces professionnels ont plusieurs scénarios dans leur besace pour vous faire cracher jusqu’aux derniers deniers.

Le plus triste là-dedans, le plus crève-cœur, je trouve, c’est que les victimes, quand elles réalisent qu’elles se sont fait avoir, qu’elles ont été vilement manipulées, ont une double peine. Non seulement elles vivent de la honte et se sentent humiliées de s’être fait prendre, mais elles vivent une vraie peine d’amour. Car les sentiments qu’elles ont développés pour leurs amoureux virtuels étaient bien réels. Imaginez comment ça fait mal. Imaginez la détresse de ces femmes-là quand elle réalise dans quel panneau elles sont tombées.

Des signes qui devraient alerter

Lorsqu’on reçoit une demande d’amitié d’un top chirurgien de LA, voici quelques détails qui devraient faire se brandir les drapeaux rouges:

  • Un profil récemment créé avec peu de photo ni d’interaction.
  • Un homme qui dit vivre aux États-Unis et qui parle très bien français. Ça se peut, mais c’est rare.
  • Un homme qui a un nom qui a l’air de sortir d’un roman Harlequin. Genre James quelque chose.

Considération subsidiaire: pensez-vous qu’un top chirurgien de Los Angeles a besoin de Facebook pour se trouver une compagne? Une compagne qui habiterait au Québec? Je ne pense pas.

Quand c’est trop beau pour être vrai, c’est souvent que ce l’est.

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