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Que fait-on en ce moment pour régler cette situation? Pas grand-chose — ou si peu.
Une famille sur cinq a faim ou se demande si elle aura assez à manger demain. Et une famille sur quatre vit dans un logement inadéquat. Oui, oui, au Québec. À l’aube de 2025. Est-ce acceptable ? Absolument pas !
Que fait-on en ce moment pour régler cette situation? Pas grand-chose — ou si peu.
Ces chiffres préoccupants sont tirés du nouveau portrait de l’Observatoire des tout-petits. Il s’agit de la troisième édition de ce rapport important, qui est en fait une méta-analyse regroupant de nombreux faits, des données et des études. Les informations sont fiables et surtout, récentes.
Dans cette édition, le rapport se penche sur la question de l’environnement dans lequel grandissent les 515 000 enfants de 5 ans et moins au Québec. Le rapport précédent, publié il y a trois ans, s’intéressait à l’état de santé des enfants.
Avant de fréquenter l’école, les tout-petits vivent principalement à deux endroits : à la maison et dans un service de garde reconnu dans 64 % des cas (une garderie du réseau des CPE ou du réseau privé, subventionné ou pas, ou encore un service de garde en milieu familial).
Et dans ces deux lieux, ça ne va pas si bien.
Un enfant sur quatre habite un logement inadéquat, c’est-à-dire qu’on y retrouve au moins une forme de nuisance comme de la moisissure, des insectes, des rongeurs ou un problème d’odeur. Ajoutez à cela des problèmes liés à la crise du logement, comme des habitations trop petites, trop chères ou qui nécessitent des travaux de rénovation.
Tous ces éléments ont un impact sur la santé physique, émotive et psychologique des enfants : cela nuit à leur bien-être. Sont-ils ensuite disposés à jouer, à apprendre, à grandir, à s’adapter, bref à grandir ? Moins que les autres.
Ce sont particulièrement les enfants qui sont nés à l’extérieur du Canada qui sont touchés, tout comme ceux qui vivent au sein d’une famille à faible revenu.
Non, on ne part pas tous égaux.
Les enfants souffrent d’insécurité alimentaire dans une proportion effarante : c’est près d’une famille sur cinq qui vit cette situation (19,8 %). Cela a évidemment des conséquences sur les parents, comme le stress, le manque de soutien et l’augmentation des signalements à la DPJ.
Quand ils ne sont pas à la maison, nos petits de 5 ans et moins sont à la garderie. Et là non plus, ça n’est pas tout rose.
Le rapport de l’Observatoire des tout-petits démontre que la qualité des services s’est détériorée depuis 2019. Non seulement il y a un manque de personnel, mais les éducateurs qui sont présents ne sont pas assez formés ni qualifiés.
On le sait, les bambins passent plusieurs heures par jour en garderie (en fait, plus du quart des tout-petits y passent 45 heures et plus par semaine). C’est là qu’ils se développent avec leurs camarades, d’un point de vue cognitif, moteur, langagier et socioaffectif.
Un constat : les enfants qui ne fréquentent pas du tout un service de garde sont vulnérables, car ils ne bénéficient pas d’un filet de sécurité extérieur à la maison (quand ça va moins bien chez eux) — mais ceux qui le fréquentent beaucoup, soit 45 heures ou plus par semaine, sont eux aussi vulnérables (ils sont plus inquiets, ils développent plus de problèmes de comportement et d’agressivité, souligne le rapport).
Ce n’est pas compliqué : pour améliorer la situation de nos petits, ça prend une prise de conscience sociale et de l’argent. Les ressources manquent partout, le système craque.
Il faut bâtir des logements — et surtout des logements sociaux et abordables. Alors que les logements sociaux locatifs ne représentent que 5 % des habitations au Canada, ils représentent 20 % de tous les logements dans des pays comme l’Autriche, le Danemark et les Pays-Bas.
On peut faire mieux. Et il faudrait faire vite.
Aussi, offrir plus de places en garderie, avec plus de personnel, disponibles et mieux formés, est essentiel si on veut offrir des chances égales à tous les enfants.
Finalement, pourrait-on bonifier les mesures de soutien aux familles ? Pour les familles moins bien nanties, les deux paliers de gouvernements pourraient augmenter les allocations.
Ces quelques mesures, déjà, seraient de grands pas en avant. Vers plus d’équité. Et de dignité.
Il me semble qu’on peut faire mieux.