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Cette année encore et peut-être davantage que les années précédentes, des centaines de ménages n’auront pas d’endroit où aller, alors que leurs meubles et boîtes joncheront les trottoirs.
Dans quelques semaines arrivera le premier juillet, le grand rendez-vous du déménagement au Québec.
Cette année encore et peut-être davantage que les années précédentes, des centaines de ménages n’auront pas d’endroit où aller, alors que leurs meubles et boîtes joncheront les trottoirs.
Éviction, reprise, augmentation abusive, peu importe la raison, ces ménages devront quitter leur toit sans en avoir trouvé un autre. Imaginons l’anxiété vécue à ce moment, mais aussi depuis plusieurs mois qui précèdent cette date fatidique. Cette crise du logement dans laquelle nous nous enlisons, affecte de plus en plus de gens.
Si quelques centaines de ménages se retrouvent en hébergement d’urgence le premier juillet, des milliers d’autres trouveront refuge chez des membres de leur famille, chez des amis ou pire, seront forcés de rester avec un ex-conjoint. En espérant trouver un nouveau toit dans les jours, les semaines ou les mois qui suivront. Où vais-je aller? Lucas va-t-il devoir changer d’école? Combien me coûtera mon prochain logement?
Crise de l’offre ou crise de l’abordabilité? Si les deux semblent aller de pair a priori, c’est-à-dire que plus on construira moins chers seront les logements, cette vérité de La Palice est souvent nuancée par plusieurs. L’an dernier, la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL), considérait qu’il faudrait 620 000 nouveaux logements de plus d’ici 2030 au Québec, pour atteindre un taux de logements vacants (taux d’inoccupation) équilibré de 3% ce qui devrait être visé pour maintenir une abordabilité selon eux. Mais tous les indicateurs nous disent qu’il serait impossible d’augmenter la cadence de construction dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre, d’augmentation des coûts de construction et des taux d’intérêt. Pire on entend que les promoteurs terminent leur carnet de commandes et qu’ils ne vont pas se risquer à entamer de nouveaux projets. Surtout quand le coût des unités construites ne répond pas au budget d’une très vaste majorité des ménages, qu’elle soit mise en location ou en vente.
Deuxième élément qui fait douter de cette théorie de l’abordabilité Vs taux d’équilibre d’inoccupation, c’est qu’exceptionnellement en 2022, la région de Montréal a connu un taux d’inoccupation dépassant le taux d’équilibre, l’amenant à 3,7%. Normalement, selon toute vraisemblance, cela aurait dû favoriser une baisse des loyers dans la région. Or, non seulement la hausse moyenne a atteint un taux beaucoup plus élevé que l’indicateur proposé par le Tribunal administratif du logement, mais pire, 118 ménages se sont retrouvés à la rue au premier juillet 2022, sans parler des centaines d’autres, hébergés temporairement par des amis ou des membres de la famille, faute d’avoir trouvé un nouveau toit.
La crise, tel que nous la vivons, ira en s’accroissant, s’il n’y a pas un coup de barre qui est donné. Cette crise a un impact réel sur la santé physique et mentale des gens qui n’ont pas un toit abordable protégé. Un propriétaire bienveillant qui meurt ou une vente rapide de l’immeuble dans lequel on vit depuis 15 ans… toutes des situations qui remettent en question ce simple droit d’avoir un toit abordable sur la tête à long terme. Il n’est pas normal que dans une société aussi avancée que le Québec, des centaines, voire des milliers de ménages se sentent menacés de perdre cette mesure prioritaire de protection, à savoir l’accès à un logement salubre, assez grand pour les membres de sa famille et surtout abordable selon son revenu.
Beaucoup de pain sur la planche, mais rien n’est immuable: un vaste sommet sur l’habitation, piloté par le gouvernement Legault, serait déjà une piste plus structurante de réflexion pour des solutions durables à cette crise. Mais encore faudra-t-il qu’on lui accorde intérêt, ressources et financement.
Lors d’une prochaine chronique, j’aborderai les solutions des logements abordables de manière durable pour éviter d’autres crises dans l’avenir.