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CHRONIQUE | Une de ses fâcheuses caractéristiques, c’est sa capacité de transmission qui est encore plus efficace que celle des autres modèles Omicron jusqu’ici. C’est sans doute même le virus le plus contagieux n’ayant jamais existé.
Selon l’INSPQ, la vague de cas de COVID-19 plafonnerait bientôt. Tant mieux ! On peut d’ailleurs se demander s’il y a lieu d’être surpris. L’êtes-vous ? Soit de la présence d’une vague au début de l’été (pour qui était plutôt confiant), soit du fait qu’elle semble plafonner (pour qui était plutôt inquiet)?
Personnellement, je ne suis ni surpris de l’arrivée de cette vague ni par son plafonnement annoncé. Je n’ai pourtant rien d’un devin, croyez-moi sur parole. D’abord parce qu’elle était déjà annoncée par les montées similaires dans quelques pays européens, que nous avons tendance à imiter avec un décalage de quelques semaines. Il y a aussi le fait que ça fait un bout de temps qu’on voit que cette courbe estivale des cas n’apparaît pas aussi abrupte que celle de janvier, par exemple.
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Par ailleurs, Sylvain Lacroix l’avait déjà écrit, alors. Comment ? Vous ne savez pas qui c’est ? C’est un ceux et celles qui savent anticiper avec précision les événements de la pandémie. Ce prof de math « noname » (comme il le dit lui-même) spécialiste des courbes savantes impressionne beaucoup de gens sur Twitter en prédisant avec justesse le devenir des cas, des hospitalisations, des décès, non seulement pour ici, mais partout dans le monde. Merci Sylvain !
Comme l’a aussi mentionné la santé publique, la présence de ce nouveau variant, Omicron BA.5, causerait au moins 45 % des infections chez nous. Et ne vous demandez pas pourquoi ils s’appellent tous Omicron maintenant, je ne sais pas, peut-être qu’on a tout simplement égaré le reste de l’alphabet grec, il faudrait enquêter.
Une de ses fâcheuses caractéristiques, c’est sa capacité de transmission qui est encore plus efficace que celle des autres modèles Omicron jusqu’ici. C’est sans doute même le virus le plus contagieux n’ayant jamais existé, notamment plus que celui de la rougeole, champion jusque-là. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle, on s’entend, pour un virus aussi répandu dans le monde — bien plus que celui de la rougeole.
Une propagation élevée signifie donc beaucoup de cas, leur nombre exact étant difficile à déterminer puisqu’on ne teste presque plus les gens, sauf certaines personnes à risque, les travailleurs de la santé et leurs patients à l’hôpital.
Mais si vous êtes perspicace, vous avez peut-être déjà songé à la question: comment expliquer un plafonnement si le virus se transmet aussi bien ? Ça, c’est difficile d’en être certain. Peut-être que sous nos latitudes, le fait que les gens passent beaucoup plus de temps dehors en été, que l’on mange plus souvent à l’extérieur sur les terrasses ou le balcon et que l’ouverture plus fréquente des fenêtres permet une aération maximale contrebalance le gain de transmissibilité.
Peut-être aussi un certain effet d’immunité avec les souches plus récentes. Ou encore, un frein partiel à la propagation imposé par la présence d’un grand nombre de vaccinés.
Mais voilà, les hospitalisations montent aussi, avec 93 de plus annoncées jeudi. Soit, comme elles suivent toujours les montées et les baisses des cas, avec un décalage d’environ 2 semaines, on peut donc espérer que les projections de l’INSPQ à propos des cas sont justes.
On peut aussi sûrement craindre les effets de cette pression supplémentaire estivale appliquée sur un réseau où les gens sont vraiment fatigués après plus de deux ans de pandémie, en pleines vacances estivales (méritées), plusieurs facteurs poussant, en ce moment, les urgences vers un état de congestion qu’on n’avait pas vu en été depuis quelques années.
Comme nous sommes tout de même à la mi-juillet et que les vacances sont déjà bien entamées, il est probable qu’on va encore une fois tenir le coup. Mais vivement le plafonnement de cette courbe aussi !
La santé publique a aussi demandé jeudi de prendre plus de précautions, en particulier quand on a la COVID. Elle a rappelé les recommandations de s’isoler strictement cinq jours complets, puis cinq autres jours… sauf déplacement important. Et si la vie nous oblige à sortir entretemps, il convient de porter le masque en permanence lors des contacts. Plusieurs experts croient d’ailleurs que cinq journées, c’est plutôt court, les tests rapides restant positifs, signe de l’excrétion de virus, souvent au-delà.
On sent par contre la santé publique dans une position plus hésitante quand d’un côté elle paraît s’inquiéter de la montée de cas et que de l’autre elle reste timide concernant la réaction potentielle à cette montée.
J’ai par exemple remarqué qu’on n’avait presque par parlé des masques durant le point de presse, sinon du bout des lèvres, entretenant ainsi un certain flou quand on suggère en même temps aux gens de le porter lorsqu’ils se sentent « à risque ».
À propos de cette idée de se sentir « à risque » ou pas, le problème est qu’on réfère parfois à une condition personnelle qui pourrait mettre la personne plus « à risque » de complications en cas d’infection, ce qui tourne souvent autour de l’idée de vivre avec un système immunitaire affaibli, une foule de causes étant possibles. Et qu’à d’autres moments, on utilise plutôt « à risque » en se référant au contexte, par exemple dans un autobus bondé.
Bien sûr, si vous souffrez d’une condition qui vous met « à risque », vous devriez faire beaucoup plus attention, porter un masque de bonne qualité (KN95 ou N95 autre similaires) à l’intérieur et dans les transports en commun.
Mais on est aussi « à risque » de l’attraper (et de le transmettre) dans de ces contextes, en transport en commun ou dans un espace intérieur avec d’autres personnes, en particulier mal ventilé, même si on est jeune et en santé et donc peu à risque de complications. Il me semble que ce double usage est plutôt confondant.
Bon, je sais bien que la mode est au choix individuel. Mais si vous étiez mon patient ou ma patiente, je vous recommanderais de porter un masque dans ces endroits. Vous en faites ce que vous en voulez de ma recommandation, bien entendu.
Reste que ce qui a manqué toujours lors des points de presse, c’est de parler convenablement de la ventilation des espaces intérieurs. Un manque souligné par beaucoup d’experts, puisqu’il s’agit d’une question fort importante.
D’autant plus que des espaces intérieurs, ça concerne non seulement les espaces publics, mais tout autant votre domicile, là où justement vous avez plein contrôle et où, en été, il est plus facile de bien ventiler qu’à moins 30 en janvier. Ça aussi, si vous étiez ma patiente, je vous dirais que vous devriez le faire lorsque des personnes n’habitant pas sous votre toit s’y trouvent… après cela, vous le faites ou non, ça vous regarde.
Mais vous n’êtes ni mon patient ni ma patiente et on vit toujours dans un monde libre, où actuellement, comme à peu près partout dans le monde, le masque n’est pas obligatoire — mais pas interdit, on s’entend, et souvent recommandé. Pour l’instant, c’est donc à vous de voir.