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«J’ai déjà été violée par un chauffeur de taxi et les policiers m’ont répondu que c’était juste que je n’avais pas été payée. Ce sont des choses qui ne se disent pas. Des fois, les policiers ne veulent pas prendre ta plainte de viol, parce qu’on est des prostituées et qu’on consomme. Mais quand on dit non, c’est non, et quand tu dis oui, c’est oui.»
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Les femmes en situation d’itinérance qui se prostituent et qui consomment ont une pratique répandue pour dissimuler leur drogue à l’intérieur de leurs parties génitales. C’est une manière d’éviter que les hommes de la rue et les pushers ne la volent. Elles appellent ça «se ploguer». Il semble que la pénurie de drogue dans la rue engendre en ce moment une violence accrue, dont témoigne la femme.
Crédit photo: Noovo Info
Elle raconte avoir été victime d’une sauvage agression de la part de quatre hommes en situation d’itinérance qui lui ont enlevé sa drogue dissimulée. Elle dit avoir été mordue par un pitbull pendant les horribles minutes de l’attaque.
«C’était proche du métro Atwater, on est rentrés dans un crackhouse et il y avait le chien qui me jappait dessus, un gros pitbull. J’avais une grosse cloque sur la fesse, il m’avait mordu. Tu sais, quand ils sont trois ou quatre sur toi, tu ne peux pas rien faire. Même si je sais me défendre, à 3-4, c’est dur.» Elle dit s’être débattue, mais personne ne lui est venue en aide. «Ils m’ont déploguée, ils m’ont tout pris mon argent, ma dope… ma dignité. La police va faire quoi?» Elle s’est réfugiée en pleurs à la maison pour femmes La rue des femmes, où Ann-Gaël Whiteman, l’a accueillie.
L’intervenante dit que les cas de violence envers les femmes ne cessent d’augmenter depuis deux mois, soit depuis les dernières déclarations publiques de la mairesse de Montréal et les tergiversations entre la Ville et le gouvernement.
Crédit photo: Noovo Info
Les victimes ne portent pas plainte au Service de police de la Ville de Montréal et les cas sont réguliers, affirme Mme Whiteman. «On en a pratiquement tout le temps, parce que lorsqu’elles dénoncent, elles font face aussi à des représailles dans la rue. Il faut dire aussi que c’est difficile pour nous, même si on aimerait qu’elles portent plainte, il faut savoir qu’en Cour le processus judiciaire n’est pas facile, parce qu’elles se font rentrer dedans au niveau de leur fiabilité.»
La femme a accepté de témoigner et avait un message pour la mairesse Valérie Plante. «La mairesse met un accent sur nous, parce qu’elle ne veut plus d’itinérants, sauf que la police nous court davantage après, la STM nous met dehors du métro, les pushers font moins de ventes, donc là c’est rendu beaucoup dangereux à Berri-UQAM et à Atwater.»
Selon l’élu Benoît Langevin, la situation est réellement alarmante. Il est évident pour lui que l’administration Plante ne fait pas son travail en matière de prévention et se contente de regarder la parade passer.
«La preuve, c’est que l’administration Plante vient de dire à Québec qu’elle était heureuse d’une subvention de 11,8 millions de dollars qui permet de prolonger l’entente de lutte à l’exclusion sociale et à la pauvreté qui finance le travail de rue.» Il fait remarquer que budget à cet égard n’a pas augmenté et qu’au contraire, les organismes qui œuvrent en prévention dénoncent un manque à gagner dans l’embauche de travailleurs de rue.
«On est vraiment là. On est dans une réalité où il faut augmenter significativement les investissements en prévention. La mairesse va te répondre que c’est une responsabilité partagée, que ce n’est pas le rôle de la municipalité de faire de l’intervention auprès de la toxicomanie et de la santé mentale, mais c’est carrément son rôle par exemple de s’assurer que ces gens-là ont accès à un toit, à de la nourriture. Ça fait partie de la charte. Actuellement, selon moi, ce qu’on fait, c’est qu’on passe la puck. On fait semblant que la situation n’est pas pire qu’elle était, mais elle l’est! », martèle-t-il.
Quant à elle, la femme en situation d’itinérance pense que le gouvernement a laissé tomber les personnes à la rue dans ce contexte économique qui s’aggrave.
«On dirait qu’il ne veut pas nous aider, qu’il nous met de côté parce qu’il y a trop d’itinérants, trop de ci, trop de ça, mais crime trouvez-nous des logements pour qu’on s’en sorte, on ne va pas disparaître de même.»
Voyez le reportage de Véronique Dubé dans la vidéo.