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Pierrette Cyr, 82 ans, avait invité Noovo Info à venir la visiter à n’importe quel moment. Nous nous sommes donc rendus dans sa chambre le 31 décembre. À notre arrivée, la dame était en pyjama assise dans son fauteuil. Quelques boites étaient disposées par terre. Pourtant, on les a avisés que le départ était effectif pour le premier juillet seulement. Mais madame Cyr, qui paie pour recevoir les services de la cafétéria, raconte que son assiette est maintenant moins garnie.
«J’ai dit que je ne voulais pas aller à Saint-Léonard, ils m’ont montré une place à Saint-Léonard, non», raconte-t-elle. Elle doit circuler avec une marchette et ainsi vivre près des transports en commun pour faire ses emplettes.
Pierre Goupil a 68 ans. Il est aussi l’un des derniers résidents de l’endroit. Il confie avoir trouvé une autre RPA où il emménagera la semaine prochaine, mais il est estomaqué par la manière dont il s’est fait traiter. «Il n'y a quasiment plus d’eau chaude, ils ont tout coupé. Pourtant ils nous ont donné une lettre comme quoi ça fermait le premier juillet. Beaucoup de résidents ont des problèmes de santé mentale, il y en un qui est parti à l'Île Bizard», s’étonne-t-il.
Le Manoir est infesté de punaises de lit depuis des mois, il s’est fait piquer à plusieurs reprises et dit avoir été obligé de dormir 2 semaines dans son bain. Il ignore pourquoi on n’a pas plutôt décontaminé l’endroit plutôt que de mettre les aînés à la porte. Il rapporte aussi qu’on lui a enlevé ses vêtements pour les traiter il y a 2 semaines, et qu’il n’a eu qu’une paire de pantalons pour tout le temps des Fêtes. Il dit avoir vécu l’un des épisodes les plus stressants de son existence. «J’ai 68 ans et ce n'est pas normal de partir à pleurer. Je n'ai jamais vécu un stress comme ça d’abandon !», conclut-il.
Madame Cyr n’a pas reçu de visiteurs dans le temps des fêtes, nous étions les premiers qu’elle voyait. « Ils veulent t’aider, ils te parlent une fois et tu ne les vois plus. Ils te donnent de l’espoir et après ça tu l’as plus. Ça donne quoi t’en aller et vivre avec rien ça me tente pas. Autant j’ai été bénévole et activiste dans ma vie. J’ai fait ça toute ma vie, pis je n'ai pas un chat. Je ne sais pas pourquoi», laisse-t-elle tomber en pleurant à chaudes larmes.
Lors de notre passage dans l’établissement nous avons tenté de confirmer le nombre de résidents restants en nous promenant dans l’établissement. Nous avons remarqué que les noms qui servent habituellement à identifier les appartements avaient pour la plupart disparu. Nous avons quitté abruptement parce que le concierge nous a menacés d’appeler la police.
Les autorités de la santé nous ont promis des réponses pour la semaine prochaine. La propriétaire n’a pas retourné nos demandes d’entrevue. Selon M. Goupil, le mot d’ordre serait que tout le monde doit avoir quitté pour mardi le 7 janvier.