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Sur la scène criminelle, Montréal a connu une année 2024 marquée par plusieurs événements violents. Malgré tout, les événements reliés à la violence armée ont diminué dans la métropole pour une deuxième année consécutive.
Le dernier bilan du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pour 2024 fait état de 10 meurtres par arme à feu, 17 tentatives de meurtre par arme à feu et 81 événements de décharges d’arme à feu, pour un total de 108 événements.
Note de la rédaction: En 2021, alors que Montréal connaissait une flambée de violence, le nombre total des événements de violence armée était de 187.
En date du 29 décembre 2024, 32 meurtres avaient été commis cette année à Montréal. La division des crimes majeurs du SPVM en a résolu 25 – un chiffre exceptionnel selon Jean-Sébastien Caron, inspecteur aux enquêtes spécialisées criminelles au SPVM, qui affirme que les enquêtes sont de plus en plus complexes en fonction de la preuve que les enquêteurs doivent analyser.
«Il va malheureusement toujours y avoir des meurtres à Montréal, on est une métropole», s’est désolé M. Caron en entrevue avec Noovo Info. «Mais quand on se compare au reste des villes canadiennes, Montréal est très sécuritaire.»
Une récente étude de Statistique Canada révèle que Montréal est l’une des grandes villes canadiennes avec le plus faible taux d’homicides, soit 1,19 homicide pour 100 000 habitants. Thunder Bay, en Ontario, affiche le taux du genre le plus élevé au Canada, soit 5,39 homicides pour 100 000 habitants.
Parmi les enquêtes des crimes majeurs qui ont été concluantes, on retrouve celle reliée à l’incendie criminel survenu dans la nuit du 3 au 4 octobre dernier dans le Vieux-Montréal. Une mère et sa fille de 7 ans originaires de la France ont tragiquement perdu la vie dans le brasier.
«En moins d’une semaine, on a été capable de récupérer la preuve et d’accuser deux personnes», se souvient l’inspecteur Caron. «En plus de ça, on a réalisé dans l’enquête on a réalisé qu’ils avaient commis d’autres incendies criminels avant celui du Vieux-Montréal.»
Justin Fortier-Trahan, 20 ans, et Juventino Hernandez Pelaez, 18 ans, ont été arrêtés peu de temps après l’incendie mortel. Ils ont été accusés, notamment, de meurtre au deuxième degré.
Cet événement a mis en lumière une recrudescence du nombre de commerçants victimes d’extorsion. Plusieurs restaurants et bars de la métropole ont été la cible de coups de feu et d’incendies criminels.
L’augmentation des événements violents visant des commerçants a forcé le SPVM à agir.
«On a fait la conférence de presse ou on tendait la main à nos commerçants, ils ont vraiment entendu ce qu’on avait à leur dire», a dit le chef de section du crime organisé du SPVM, Francis Renaud, dans un entretien avec Noovo Info. «Pour ce qui est des extorsions ou des incendies qui ciblent des commerces, on touche du bois, on va rester humble, mais on n’en a pas depuis octobre.»
Parmi les arrestations d’individu accusé d’extorsion: Teavon Nesfield.
L’homme de 30 ans, qui possède un lourd passé criminel, est suspecté d’être l’homme derrière un violent évènement survenu à l’intérieur du restaurant MAÜ le 12 septembre dernier. Il aurait fracassé du mobilier et des vitres de l’établissement à l’aide d’un marteau, devant des clients.
Parmi les groupes criminalisés qui seraient responsables, entre autres, de plusieurs événements violents dont des extorsions cette année, on retrouve Arab Power.
«C’est un groupe qui est connu, un regroupement de gangs de rue», dit le commandant Renaud. «Ils s’affichent, il y en a certain qui sont en milieu carcéral présentement. Ce regroupement-là existe aujourd’hui, n’existait pas avant. […] Normalement on essaie de passer sous le radar; maintenant, ils sont sur le radar.»
Plusieurs membres d’Arab Power incarcérés pour meurtre auraient commandé cette année plusieurs crimes violentts, notamment l’attaque à Frampton d’un club-école relié aux Hells Angels dans laquelle un jeune Montréalais de 14 ans a été tué.
D’ailleurs, les événements violents reliés à la guerre des stupéfiants dans l’est du Québec opposant les Hells Angels et un gang nommé Blood Family Mafia (BFM) a fait couler beaucoup d’encre en 2024.
La grande région de Montréal a aussi connu cette année des impacts de ce conflit meurtrier. Dernièrement, selon nos informations, les Hells Angels, pour acheter la paix, auraient cédé des territoires de stupéfiants dans la grande région de Montréal aux membres d’Arab Power – une stratégie pour garantir une certaine loyauté, dans une année marqué par des conflits internes au sein des groupes criminalisés les plus connus.
«C’est une hypothèse qui est valable; la toile d’araignée criminelle à Montréal est en mouvance et a beaucoup changé dans les dernières années», commente le commandant Francis Renaud.
Toujours selon nos informations, plusieurs membres influents d’Arab Power continuent à commander des crimes violents en prison à l’aide de téléphones cellulaires. Cette situation a des conséquences sur le travail des policiers à l’extérieur des murs.
La direction du SPVM affirme avoir discuté de cette problématique avec le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, et espère voir des changements significatifs en 2025 concernant ce constat inquiétant.
«Ce n’est pas juste un problème provincial, c’est un problème également dans les pénitenciers fédéraux», note l’inspecteur du SPVM Jean-Sébastien Caron. «Que ça soit des commandes d’homicides, d’incendie, de run de stupéfiants peu importe, ça se passe entre ces murs. Et c’est là qu’il faut qu’il y ait un changement. Ce n’est pas normal qu’on soit en mesure de continuer notre business [en prison] quand on a passé à travers tout le système judiciaire qui est assez complexe.»
Parmi les enquêtes majeures de la section du crime organisé du SPVM en 2024, le projet nommé «Mécano» s’est conclu par l’arrestation récente de 13 membres de gangs qui seraient responsables de plusieurs événements violents dans la métropole au cours des trois dernières années.
Plusieurs des criminels arrêtés ont d’ailleurs été accusés de meurtre au premier degré ou de complot de meurtre. Dylan Denis est d’ailleurs toujours activement recherché en lien avec cette enquête.
«Ce qui intéressant dans Mécano, c’est que les gangs qui s’affrontent, des regroupements de jeunes de rue de Montréal et de Laval, c’est qu’il y en a là-dedans qui ont laissé faire leur gang pour aller dans un gang rival», souligne le commandant Renaud du SPVM. «On parle d’un conflit qui perdure dans le temps. […] On peut parler du début des années 2000. […] On a des acteurs de ces conflits-là qui étaient des enfants d’école [à l’époque]. Contrairement à ce qu’on voit normalement, il n’y a pas d’aspect pécunier ou de territoires de stupéfiants à gagner, on est vraiment dans une guerre d’égo avec de la testostérone mal placée.»
Côté drogue, les enquêteurs en stupéfiants ont été fort occupés encore cette année. Selon l’estimé du SPVM, près d’une tonne de cocaïne a été retirée des rues de la métropole en 2024.
Plusieurs trafiquants de drogue ont été arrêtés, dont Laxshan Mylvaganam, suspecté d’avoir vendu un comprimé d’isotonitazène en ligne au jeune Mathis Boivin, 15 an, mort d’une surdose chez lui à la fin de 2023. Cet opioïde est 20 fois plus puissants que le fentanyl.
Malgré que cette drogue soit saisie chaque semaine à Montréal, le commandant Francis Renaud se veut rassurant: Montréal ne fait pas face à une crise des opioïdes, selon lui.
«Si on se compare au reste du Canada, le Québec fait bonne figure», dit-il. «En Colombie-Britannique, il y a une crise; au Québec, on n’est pas rendu là. Est-ce qu’on s’y dirige? Je ne peux pas vous dire. Mais on en saisit. C’est une priorité pour nous, cette famille d’opioïdes.»
Pour la section du crime organisé du SPVM, l’objectif en 2025 sera de maintenir la pression sur les milieux criminels par l’entremise de saisies et d’arrestations, grâce entre autres à la collecte de renseignements sur le terrain.
La collaboration avec les services policiers de l’Ontario va également se poursuivre, tout comme celle de partenaires au Québec, afin de maximiser les échanges d’information et la réussite des opérations.