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Si la COP 27 sur le climat prend tout juste fin, la Conférence des Nations unies sur la biodiversité – la COP15 – n’en est pas moins importante.
Car la biodiversité «ne va pas très bien», lance d’emblée le directeur à l’Institut de recherche en biologie végétale, Simon Joly.
Un million d’espèces sont actuellement en voie d’extinction dans le monde.
Un rapport réalisé l'année dernière sur un panel intergouvernemental au sujet de la biodiversité et des services écosystémiques démontre que les taux d'extinction observés présentement sont de 10 à 100 fois plus élevés que la normale.
Au Québec, on retrouve évidemment le caribou forestier dans les régions de Val-d’Or, de la Gaspésie et de Charlevoix sur cette liste. On peut également penser au béluga, affecté par le trafic maritime dans le fleuve Saint-Laurent ou la rainette faux-grillon, mise à mal par la destruction des milieux humides.
«Ce qui est le plus important pour protéger la biodiversité, c'est de protéger le territoire. Puis, ce qui est encore plus important, c'est de préserver de grandes régions de territoire. Si on protège des endroits qui sont trop petits, on ne sera pas capable de préserver beaucoup d'espèces», soutient-il.
Bien que le Québec soit parvenu à respecter les engagements pris à la COP10 en protégeant près de 17% de ses milieux naturels terrestres d’ici 2020, les coins de la province ne sont pas tous protégés de façon uniforme sur le territoire.
«On a protégé plus d’espaces qui sont au Nord que d’espaces qui sont au Sud et donc ça, c'est quand même problématique. Dans un monde idéal, on voudrait vraiment protéger plus d’habitats qui sont au Sud pour mieux protéger les espèces qui s’y retrouvent», explique M. Joly, tout en précisant que la plus grande proportion de biodiversité de la province se trouve justement à cet endroit.
De son côté, Anne-Céline Guyon croit que la COP15 serait un bon moment pour le gouvernement du Québec d’afficher sa volonté d’en faire plus. «On a vraiment énormément de travail à faire au Québec. Puis, malheureusement, le gouvernement a en général fait preuve de très peu d'ambition pour respecter sa propre loi sur les espèces vulnérables et menacées.»
La COP15 sera l’occasion pour les 196 nations membres présentes de discuter du prochain Cadre mondial pour la biodiversité, qui guidera l'ensemble des actions menées par les États signataires.
«On arrive à un stade où l'ancien Cadre mondial avec les objectifs d'Aichi [de la COP10] est arrivé à échéance en 2020. Donc, on doit négocier le cadre post-2020 pour les dix prochaines années», explique Anne-Céline Guyon, chargée de projet climat chez Nature Québec.
Cet événement revêt d’ailleurs une grande importance, précise-t-elle. Ce cadre guidera les actions à poser à l’échelle internationale pour protéger et restaurer le vivant. Les cibles de protection des territoires terrestres et marins seront notamment négociées.
«Vous allez beaucoup entendre parler notamment de la “cible 30x30”, soit protéger 30% des territoires terrestres et marins d'ici 2030 à l'échelle mondiale», ajoute-t-elle.
Bien que des mesures soient nécessaires pour sauvegarder la biodiversité, les droits humains ne devraient pas être relégués aux oubliettes durant les discussions des négociateurs aux dires de Mme Guyon.
Il faut non seulement protéger la biodiversité, mais il faut également protéger les défenseurs des territoires, qui sont «souvent criminalisés, voire même assassinés» dans certains pays pour protéger ces territoires.
«On attend des délégations des pays du Sud, de grandes organisations, notamment autochtones, amazoniennes par exemple, issues d'Afrique aussi, qui vont venir participer à ces négociations-là et qui vont venir dire haut et fort que protéger les territoires, c'est aussi protéger leur culture et leur vision de cette nature-là», poursuit-elle.
Les changements climatiques sont inévitablement liés à la perte de la biodiversité. C’est d’ailleurs une des cinq grandes causes responsables de la chute de celle-ci.
«Les changements drastiques que les changements climatiques apportent sur l'environnement, sur les habitats essentiels des espèces notamment, mais se passent à une échelle tellement rapide que autant les animaux que les végétaux n'ont pas le temps de s'y adapter», explique Mme Guyon.
«L'autre élément, c'est que les changements climatiques, avec l'augmentation des épisodes de météo extrêmes notamment, ça met à mal les écosystèmes, voire les détruisent», poursuit-elle.
Elle met toutefois en garde que les solutions apportées à la crise climatique ne doivent pas aggraver la crise de la biodiversité.
«D'avoir cette COP 27 qui vient de se terminer et à très courte échéance, la COP15 ici à Montréal, c'est vraiment une occasion en or de lier les deux crises dans les réponses qu'on doit y apporter.»