Le mouvement a été lancé par l’Association du Memphré-Rural, dont les membres sont à très forte majorité riverains du lac Memphrémagog. «Ça ne peut pas continuer comme ça. Ça ne peut pas, donc moi, c’est la seule chose que je peux tenter pour ne pas vendre», lance une membre de l’association, Jennifer Alleyn.
Elle a vu son compte de taxes bondir de 8 000$ à 16 000$ en un an. «Comment est-ce qu’on peut absorber des hausses comme ça ? Il n’y a personne qui peut prévoir ça dans son budget», estime-t-elle.
La hausse des taxes pour l’année en cours à Magog s’est chiffrée à 3,9%, or l’effet combiné du nouveau rôle d’évaluation des résidences fait en sorte que des propriétaires ont eu une très mauvaise surprise en recevant leur compte de taxes. Allan Smith, président de l’association, fait partie des instigateurs du mouvement.
Il souhaite rencontrer le plus de gens possible du district au cours des prochains mois pour leur proposer l’idée d’une annexion au Canton de Stanstead. Selon ses dires, l’association compterait environ 140 membres, et le district 6, 1500 personnes.
«Notre première initiative était de demander à la mairesse et le conseil de nous rencontrer pour voir s’il n’y avait pas une façon de pallier cette hausse de taxes brutale et elle a pris trois ou quatre mois avant de nous recevoir. Ç’a été une fin de non-recevoir», explique le résident. Allan Smith, en faisant ses propres calculs, croit pouvoir économiser 40% sur son compte de taxes si son district est annexé au Canton de Stanstead.
Jennifer Alleyn est aussi à la même place dans son raisonnement. «Il n’y a pas d’homogénéité du tout entre les urbains de Magog et nous, où c’est rural […] En allant nous annexer à Stanstead, bien là, à ce moment-là, la nature des propriétés est beaucoup plus homogène, et donc oui il y aura moins de services à payer, moins de taxes à payer», croit Jennifer Alleyn, qui n’hésite pas à qualifier les élus de Magog de dépensiers.
Le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation permet effectivement les annexions, en respectant plusieurs critères. «Toute demande d’annexion est analysée par le Ministère qui tient compte notamment des réalités physiques, sociologiques et économiques du territoire visé, des motifs invoqués par les municipalités concernées et des dispositions de la Loi », peut-on lire sur son site web.
«Il y a deux conditions indispensables à ça. La première, c’est que les gens du Canton de Stanstead acceptent de nous annexer […] La deuxième, c’est quelque chose qui montre qu’il y a vraiment la majorité du district 6 qui serait en faveur de cette idée-là», note M. Smith. Le regroupement de citoyens compte notamment faire du porte-à-porte au cours des prochaines semaines pour sonder l’intérêt des citoyens du district 6 à ce projet. Deux citoyennes rencontrées dans le district, mais loin des rives du lac, ont écarté l’idée de se joindre à un tel mouvement.
La mairesse de Magog, Nathalie Pelletier, doute quant à elle de la faisabilité du projet. Elle rappelle que c’est la valeur des résidences des gens touchés qui a grimpé en flèche et fait monter le compte de taxes, et non le taux de taxation à la Ville. «Un cas comme à Magog, il y en a partout sur le territoire du Québec, alors si le ministère des Affaires municipales ouvre cette porte-là, bien il va y avoir une multiplication des demandes. Rendu là, c’est à eux de l’évaluer […] C’est un dossier sur lequel on a travaillé, on a essayé de trouver des solutions équitables, mais il n’en existait pas», lance Mme Pelletier.
«Une des raisons qui fait que tu ne peux pas défusionner, c’est simplement si tu veux payer moins cher de taxes. Ça semble être la première raison, alors rendu là, ce sera au ministère des Affaires municipales de décider si c’est une raison qui est recevable», poursuit-elle.
Le regroupement citoyen, lui, croit pourtant avoir des motifs raisonnables pour une annexion, basés sur la réalité rurale du district 6, qui serait plus compatible avec celle du Canton de Stanstead. Le maire du Canton de Stanstead, Pierre Martineau, n’était pas disponible pour répondre à nos questions, lundi.