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Le groupe devait s’entretenir avec le pape François sur différents thèmes, notamment les dix principes de la réconciliation et les tombes non marquées sur les sites des anciens pensionnats.
La visite prévue d’une délégation autochtone au Vatican, qui devait rencontrer le pape François dans une dizaine de jours, a été reportée à cause de la pandémie.
Les dirigeants des trois grandes organisations autochtones nationales qui devaient envoyer des délégués à Rome, ainsi que la Conférence des évêques catholiques du Canada, ont annoncé la décision mardi après-midi.
Les organisateurs comptent sur ce voyage pour convaincre le pape de venir ensuite au Canada afin de présenter des excuses pour le rôle de l’Église dans la gestion du système des pensionnats fédéraux pour Autochtones. Le Vatican a indiqué en octobre que François serait prêt à venir au Canada, sans préciser si le pape présenterait les excuses de l’Église.
Le report de la visite avait été annoncé plus tôt dans la journée par la cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations (APN), RoseAnne Archibald, qui faisait part de ses inquiétudes concernant le nouveau variant Omicron de la COVID-19. Les représentants des différents intervenants se sont réunis mardi pour discuter de la question et ont publié plus tard une déclaration commune indiquant qu’ils avaient décidé de reporter la visite à Rome, en raison de l’incertitude et des risques pour la santé entourant les voyages à l’étranger.
Les organisations autochtones précisent que le voyage pour rencontrer le pape au Vatican sera reprogrammé « à la première occasion en 2022 ». Le communiqué indique que cette décision a été « déchirante », mais il fallait aussi penser aux risques posés aux aînés qui feraient partie du voyage et aux personnes qui vivent dans des communautés éloignées. Plus tôt mardi, le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, s’était dit déçu pour les délégués, mais il comprenait les risques sanitaires. « On veut qu’ils restent en santé (...) Donc, je me fie à eux. » Le ministre est convaincu que ce n’est que partie remise. « De toute évidence, c’est malheureux parce que je pense que le Saint-Père a besoin d’entendre directement les Autochtones et cette occasion n’est que reportée », a-t-il déclaré. M. Miller a rappelé que ce voyage n’était pas organisé ou dirigé par le gouvernement fédéral, mais qu’Ottawa fournissait un certain soutien à la délégation autochtone.
Les évêques catholiques avaient annoncé en juin que des organisations autochtones nationales, dont l’Assemblée des Premières Nations, enverraient une délégation pour rencontrer le pape François au Vatican. Les survivants des pensionnats et leurs familles ont demandé des excuses papales pour les agressions commises contre les enfants autochtones forcés de fréquenter des pensionnats. Ces institutions fédérales étaient gérées par des communautés religieuses, y compris l’Église catholique. Le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada énumérait les excuses papales parmi ses 94 « appels à l’action », mais cet appel n’a pas encore été entendu. Le rapport demandait en 2015 que ces excuses soient présentées par le pape au Canada, dans un délai d’un an suivant la publication des recommandations.
Les pressions pour que le pape s’excuse sont réapparues six ans plus tard, avec la découverte cette année de ce que l’on croit être des centaines de tombes non marquées sur les anciens sites des pensionnats fédéraux en Colombie-Britannique et en Saskatchewan. Dans son discours aux chefs de l’APN, mardi, Mme Archibald a déclaré que l’Église catholique avait été invitée à poser des gestes concrets de réparation, notamment la restitution aux Autochtones des terres et des propriétés diocésaines.
Elle croit également que l’Église doit fournir plus d’argent pour les initiatives de guérison à long terme, au-delà des 30 millions $ que la Conférence des évêques a promis de recueillir plus tôt cet automne. Mme Archibald soutient qu’elle a également demandé au pape de répudier la « doctrine de la découverte » de 1493, utilisée pour justifier la souveraineté des Européens sur les territoires et les peuples autochtones. Elle demande au pape de remplacer cette doctrine par un décret selon lequel « les peuples et les cultures autochtones sont précieux et dignes, et qu’ils doivent être traités avec dignité et respect ».