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«Le plus grand avantage de travailler comme infirmière pour une agence c’est le salaire.»
Enya Jaime, une infirmière clinicienne incorporée de la région de Montréal s’est emparée de la plateforme Tik Tok afin de partager son salaire à «temps partiel».
En tout, Mme Jaime dit avoir fait sept quarts de travail de sept heures et demi en 14 jours pour un revenu brut de 4300 dollars. Cinq de ces quarts ont été travaillés pour une agence qui l’a payée 90 dollars l’heure, alors que la deuxième agence lui a offert un montant de 63 dollars l’heure pour ses services.
Comme le travail d’une infirmière incorporée est considéré comme une entreprise, son talon de paie comprend également des taxes de vente, faisant grimper la facture totale à 4966,92 dollars pour 52,5 heures de travail.
L’infirmière explique aux internautes qu’il y a eu des augmentations salariales pour l’année 2023, ce qui lui a fait «beaucoup plaisir».
Hypothétiquement, le salaire annuel brut de Mme Jaime s’éléverait à 124 173 dollars pour 50 semaines de travail (si on considère deux semaines de vacances) à trois quarts et demi de sept heures et demie par semaine.
La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) a refusé notre demande d’entrevue pour réagir à la publication de cette vidéo.
Il est important de prendre note que ce talon de paie ne comprend aucune déduction, comme chez un travailleur autonome.
«Évidemment, je suis obligée de payer des impôts comme tout le monde, donc quand je reçois le montant de ma facture je mets une bonne partie de côté pour payer mes impôts à la fin de l’année pour ne pas être prise au dépourvu», poursuit-elle à ses auditeurs.
De plus, le salaire de l’infirmière ne comprend pas de contribution à un fonds de pension ou pour des assurances. Mme Jaime est donc responsable de mettre de l’argent de côté pour sa retraite et de se trouver des assurances de manière indépendante.
«Il y en a qui vont dire: “Tu gagnes beaucoup plus, mais tu vas payer plus d’impôt.” Oui, mais selon moi, c’est normal de payer plus d’impôt si on gagne un peu plus d’argent», ajoute-t-elle.
Elle admet également être consciente que le travail pour les agences privées «n’est pas pour tout le monde».
Selon les dernières données du gouvernement du Canada concernant les infirmières du réseau public de (16 novembre 2022), le salaire médian s’établit à 37 dollars l’heure et le «haut» salaire s’élève à 45,44 dollars l’heure.
Mais le salaire n’est pas tout. Les récents épisodes aux urgences, notamment à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, ont démontré que les conditions de travail et le temps supplémentaire obligatoire (TSO) sont des épines pour les soignants du réseau public.
En date du 17 décembre 2022, il manquait 3871 infirmières techniciennes et cliniciennes dans le réseau québécois, selon les données du tableau de bord du ministère de la Santé. À cela on peut ajouter 1708 infirmières auxiliaires recherchées pour un total de 5500 postes à combler.
À VOIR | «Je ne peux pas vivre dans des conditions comme ça»: une future infirmière dit non aux urgences
De plus de nombreuses infirmières partiront à la retraite au cours des prochaines années. Ce sont en effet 1325 infirmières qui prendront leur retraite en 2022-2023, 1237 en 2023-2024 et 1154 en 2024-2025.
Le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime, tenait justement une conférence de presse, mercredi, sur l’apport du privé dans le réseau de la santé. M. Duhaime estime que le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) nuit à la cause du secteur privé.
«Évidemment, ma crainte n’est pas qu’il y ait plus de privé en santé, on se comprend, insiste M. Duhaime, en conférence de presse mercredi. Ma crainte, c’est que ça se fasse un peu n’importe comment et que, dans quatre ans ou dans huit ans, le système soit tout aussi inefficace et que les adversaires du système de santé se servent de ça pour dire : "voyez-vous ça ne marche pas le privé en santé".»
Il croit que la présence du privé en santé bénéficierait d’une meilleure acceptabilité sociale si la question faisait l’objet d’une consultation publique. L’ensemble des acteurs de la société civile devrait pouvoir se prononcer.
«Je n’ai pas de problème à ce que les gens qui sont contre le privé en santé puissent s’exprimer. Au contraire, j’invite les syndicats, j’invite les gens qui ont une sensibilité beaucoup plus à gauche, qui s’opposent à la concurrence, qui appuient le monopole public à sortir. Je pense qu’avec la force de nos arguments, on va se trouver avec une solution qui va se trouver avec davantage de privé.»
Avec des informations de la Presse canadienne.