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Le rapport d’enquête sur l’école primaire Bedford est dévastateur, dressant le portrait d'un établissement sous le joug d’un «clan dominant» d’enseignants qui impose un véritable règne autocratique de terreur dans l'établissement.
Québec impose des mesures de redressement à l’école Bedford, de Montréal, en raison d’un climat toxique de peur et d’intimidation imposé par une clique d’enseignants et déclenche du même coup des enquêtes pour des situations similaires dans trois autres écoles montréalaises.
Le rapport d’enquête sur l’école primaire Bedford est dévastateur, dressant le portrait d'un établissement sous le joug d’un «clan dominant» d’enseignants qui impose un véritable règne autocratique de terreur dans l'établissement.
Ainsi, les enfants sont victimes de violence physique et psychologique, notamment des cris et des mesures d’humiliation comme être envoyés «au mur» ou dans le corridor, certains pour de très longues périodes.
Le rapport précise que «pour certains enseignants de l’école Bedford, les troubles d’apprentissage n’existent pas. (…) Pour ces enseignants, les enfants en difficulté seraient en fait des enfants faisant preuve de paresse, de caprice et ne voulant pas donner les efforts nécessaires. Il fut également mentionné que selon certains enseignants, le TSA (trouble du spectre de l’autisme) n’existe pas.» Ces enfants étaient qualifiés par certains d’«extraterrestre» ou encore de «cause perdue».
Les membres de ce clan dominant refusent l’accès à leurs classes aux professionnels tels que les techniciens en éducation spécialisée ou les orthophonistes, allant jusqu’à barrer la porte et baisser les rideaux des fenêtres intérieures pour qu’on ne puisse voir dans la classe. Aussi, précise le rapport, «certains enseignants refusaient l’élaboration d’un plan d’intervention pour certains de leurs élèves en mentionnant qu’il n’y a pas de problématique dans la classe. (…) La preuve démontre que plusieurs élèves n’ont pas obtenu les services auxquels ils avaient droit.»
Parmi les faits constatés, on a interdit aux filles durant longtemps de pratiquer le soccer sous prétexte que cette activité était réservée aux garçons.
La domination du clan en question est à ce point forte que l’on rapporte des départs de nombreux autres enseignants opposés à ces méthodes, dont certains étaient victimes de campagnes de boycottage, au vu et au su de leurs élèves, et même une ingérence dans les responsabilités qui relèvent de la direction.
Les faits énumérés dans le rapport d'enquête «soulèvent des inquiétudes quant à la sécurité physique et psychologique des élèves. (…) Globalement, le niveau de compétences des enseignants de l'école Bedford est inquiétant. Par ailleurs, il y a des manquements dans l'enseignement de certaines matières», ajoute le communiqué publié par le bureau du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville. Plus précisément, le rapport révèle que la communication orale, les sciences et la technologie, l'éthique et la culture religieuse et l'éducation à la sexualité n'étaient pas ou peu enseignées.
Le ministre dépêche donc deux accompagnateurs à l'école Bedford qui auront pour mission de «rétablir un climat sain et sécuritaire à l'abri de toute forme d'intimidation et de violence», «assurer la compétence des enseignants» et «proposer des solutions au problème d'ingérence du personnel enseignant dans la gestion de l'école».
Un plan d’action doit également être mis en place d’ici la fin du mois de novembre.
Quant aux 11 enseignants formant ce «clan dominant», ils sont confiés à des comités d’enquête qui devront «déterminer si ces enseignants ont commis une faute grave ou un acte dérogatoire à l'honneur ou à la dignité de la profession enseignante dans l'exercice de leurs fonctions. À la suite des travaux des comités d'enquête, l'autorisation d'enseigner ou le brevet de ces enseignants pourraient être maintenus sous conditions, suspendus ou révoqués.»
Par ailleurs, Bernard Drainville envoie des enquêteurs dans les écoles primaires Saint-Pascal-Baylon et Bienville et à l’école secondaire La Voie, qui relèvent également du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM). Ces enquêtes sont déclenchées «parce que des informations supplémentaires portant sur des enjeux et des problématiques similaires à celles signalées à l'école Bedford nous sont parvenues dans la foulée de l'enquête sur cette dernière». Il serait question, là encore, de problèmes de climat toxique et d’«ingérences dans les instances de gouvernance».
Enfin, le ministre enjoint la direction générale du CSSDM «d'utiliser tous les leviers dont elle dispose, y compris les leviers juridiques», pour s’assurer que ces écoles respectent leur obligation d’agir dans le meilleur intérêt des élèves et du personnel.
Bien que cela pourrait sembler évident, Bernard Drainville a quand même senti le besoin d’affirmer dans son communiqué que «l'école existe pour nos élèves. Leur intérêt et leurs besoins doivent primer en tout temps et dans toutes les écoles du Québec. Je ne ferai aucun compromis là-dessus. Force est de constater que ce n'est pas le cas à l'école Bedford et c'est pourquoi on doit agir et poser des gestes forts pour que ça change.»