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Signe que l'accès au système de santé n'est pas évident pour personne.
Signe que l'accès au système de santé n'est pas évident pour personne, un ours polaire a récemment fait la route séparant Québec de Saint-Hyacinthe pour subir des tests médicaux à l'hôpital.
Les gardiens de Kinuk avaient remarqué il y a quelques semaines que l'animal souffrait de tremblements et de faiblesses aux membres arrière, relate Judith Farley, vétérinaire à l'Aquarium du Québec.
«C'étaient des signes qui pouvaient faire penser à un problème neurologique, alors on a eu besoin de faire un CT Scan», précise-t-elle.
Or, l'équipement médical de l'aquarium ne permettait pas de mener des tests médicaux suffisamment poussés pour établir un diagnostic.
L'équipe de soins a donc fait appel aux spécialistes du Centre hospitalier universitaire vétérinaire - CHUV - UdeM de Saint-Hyacinthe, qui dispose d'un équipement d'imagerie médicale avancé.
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«On a quand même des équipements ici, dont un échographe et un appareil à radiographie portatif, explique la Dre Farley. On est capables de faire les radiographies d’un phoque, mais un ours blanc, qui est plus imposant, ça devient plus difficile de faire du détail de thorax, d’abdomen: on n'a pas l’appareillage assez puissant.
«Le genre d'appareils pour mener ces examens est seulement disponible dans les centres hospitaliers vétérinaires, ajoute Dre Farley. Ils sont aussi extrêmement dispendieux, alors on n'aurait pas pu les avoir à l'Aquarium.»
Le personnel médical spécialisé de l'hôpital a aussi été fort utile. «On a eu besoin d'anesthésistes, de professionnels en médecine zoologique qui ont déjà réalisé de tels examens sur des mammifères marins, des spécialistes en imagerie médicale et des neurologues animaliers», énumère Dre Farley, qui a été présente aux côtés de son protégé ursidé lors des examens.
Déplacer un ours 450 kilos n'est toutefois pas une mince affaire, indique-t-on à l'Aquarium. C'est pourquoi le transport de ce passager inusité requiert son lot de planification.
L'Aquarium du Québec a d'abord dû aviser les autorités policières de son déplacement et de son itinéraire afin que celles-ci soient en mesure de réagir rapidement en cas d'urgence.
Kinuk a ensuite été incité à entrer dans sa cage sur simple commandement, un déplacement pour lequel il a été entraîné pendant des mois grâce au renforcement positif.
«Les éléments nouveaux peuvent être déstabilisants pour certaines espèces. Ainsi, le fait de pratiquer souvent un exercice en l’introduisant en étape graduelle désensibilise l’animal. Dans le cas présent, la cage a été introduite graduellement jusqu’à la réussite de l’exercice», indique-t-on sur le site de l'institution.
Comme Kinuk parvient à pénétrer lui-même dans sa cage, il n'a pas été nécessaire d'anesthésier l'animal, ce qui lui évite du stress. La cage a ensuite été placée dans un camion à l'aide d'un chariot élévateur.
Surtout, Kinuk ne voyage jamais seul. Un vétérinaire, un guide animalier et un responsable de projet l'accompagnent, en plus du chauffeur qui se chargera de tous les mener à destination. Selon l'Aquarium, «chaque membre de l’équipe dispose d’un rôle clair et est au fait du plan de mesure d’urgence»; ils sont également équipés du matériel de premiers soins, de nourriture et de l'eau dont le passager à quatre pattes pourrait avoir besoin.
Il a fallu mettre l'ours sous anesthésie pour procéder à plusieurs examens, dont des prises de sang, des prélèvements d'urine et de liquide céphalorachidien, des radiographies de son thorax, de son abdomen et de sa colonne vertébrale ainsi qu'une échographie abdominale.
Pour permettre la réalisation de certains de ces examens, il a fallu tondre partiellement l'épaisse fourrure blanche de Kinuk, ce qui a permis de révéler au grand jour sa jolie peau noire.
Une fois les tests médicaux réalisés, Kinuk est retourné au bercail rejoindre son demi-frère Shouka.
En attendant de recevoir les résultats de ses examens médicaux, qui ont été retardés en raison du congé des Fêtes, des traitements antibiotiques et antiphongiques ont été administrés à Kinuk et déjà, ceux-ci portent leurs fruits.
«Il va vraiment bien. se réjouit la Dre Farley. Il ne nous a pas montré d'épisodes de faiblesse, il joue dans la neige, il se baigne. On est vraiment contents, on est aux petits soins avec lui!»