Début du contenu principal.
Selon une étude, il faudrait songer à consommer encore plus d'oméga-3 pour rétablir l'équilibre.
Vous l’entendez souvent: il faut consommer des omégas-3 – des gras sains qui se trouvent notamment dans le poisson, les graines de lin ou les graines de chia – en bonne quantité pour une bonne santé du cerveau et du cœur. Mais faut-il en manger encore plus?
Une étude publiée ce printemps dans le magazine scientifique eLife suggère que oui, parce qu’en vertu du régime occidental tel qu’on le connaît aujourd’hui, la présence importante d’un autre type de gras – les omégas-6 – dans des aliments consommés en grande quantité par la population requiert une plus grande ingestion d’oméga-3.
Les noix, les graines, le maïs, le soja, les huiles et des agents de conservation sont riches en oméga-6. Or, on s’alimenterait à l’heure actuelle avec trop d’omégas-6 pour la quantité d’oméga-3 qu’on consomme.
«Nous avons constaté qu'un rapport oméga-6/oméga-3 plus élevé est associé à un plus grand risque de décès», a déclaré Yuchen Zhang, auteure principale de l'étude publiée en avril, dans un communiqué de presse. Mme Zhang est doctorant au département d'épidémiologie et de biostatistique du College of Public Health de l'Université de Géorgie.
«Certaines données suggèrent que le rapport élevé entre les acides gras oméga-6 et oméga-3 typique des régimes alimentaires occidentaux – 20:1 ou même plus, alors qu'il était estimé à 1:1 pendant la majeure partie de l'évolution humaine – contribue à de nombreuses maladies chroniques, notamment les maladies cardiovasculaires, le cancer et les troubles auto-immuns», explique Mme Zhang dans des propos relayés par la chaîne américaine CNN.
Zhang et les autres chercheurs ont examiné les associations entre le rapport oméga-3/oméga-6 dans le plasma sanguin et le décès, quelle qu'en soit la cause, et plus particulièrement le cancer ou les maladies cardiovasculaires, les deux principales causes de décès dans le monde.
Les chercheurs ont utilisé les données de 85 425 personnes ayant participé à l'étude britannique Biobank, qui suit depuis au moins 10 ans l'évolution de l'état de santé de plus d'un demi-million de personnes âgées de 40 à 69 ans au Royaume-Uni.
Les participants, dont les échantillons de plasma ont été prélevés entre 2007 et 2010, ont répondu à des questionnaires sur leur alimentation, notamment sur la prise éventuelle de suppléments d'huile de poisson.
Après près de 13 ans de suivi, les auteurs ont constaté que les participants présentant les ratios oméga-6/oméga-3 les plus élevés étaient 26 % plus susceptibles de mourir prématurément, toutes causes confondues, 14 % plus susceptibles de mourir d'un cancer et 31 % plus susceptibles de mourir d'une maladie cardiaque que ceux présentant les ratios les plus faibles. Considérés individuellement, les niveaux élevés d'omégas-6 et d'omégas-3 étaient tous deux liés à un risque plus faible de décès prématuré. Mais les effets protecteurs des omégas-3 étaient plus importants, ce qui explique probablement «pourquoi un ratio élevé d'oméga-6 par rapport aux omégas-3 était lié à des effets néfastes», ont déclaré les auteurs de l'étude.
À VOIR ÉGALEMENT | Manger des insectes: pourquoi ferais-je une telle chose?
Pour l’instant, les chercheurs ne peuvent établir un lien de causalité dans la relation entre les omégas-3 et les omégas-6, mais il existe une corrélation, a observé la Dre Lauren R. Sastre, professeure adjointe au département des sciences de la nutrition à l’Université East Carolina, dans un échange de courriels avec CNN. Elle se montre critique, mais n’a toutefois pas participé à l’étude.
Selon la Dre Sastre, la corrélation «ne peut être solidement étayée en raison de faiblesses méthodologiques qui empêchent de prendre en compte d'autres composants alimentaires dans les résultats cliniques et de santé globaux», a ajouté Mme Sastre. «Il existe de nombreux composants alimentaires anti-inflammatoires (nutriments, composés phytochimiques, etc.) qui sont associés à la réduction de la mortalité toutes causes confondues, du cancer et des maladies cardiovasculaires, et le fait de n'évaluer que les omégas 3 et 6 peut entraîner la présence de facteurs de confusion importants qui fausseraient les résultats.»
Au final, Kristin Kirkpatrick, diététicienne nutritionniste de la Cleveland Clinic aux États-Unis, estime qu’«il est important de noter qu'un rapport déséquilibré n'est qu'un chapitre de notre histoire de santé meilleure ou pire».
«La consommation d'une variété d'aliments riches en fibres et d'autres aliments riches en nutriments, ainsi qu'un sommeil adéquat et de bonne qualité, la gestion du stress et l'activité physique jouent un rôle important dans la durée de notre bonne santé au cours de notre vie», dit-elle.