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Trump élu président à nouveau: voici les effets sur vos taux d'intérêt

«La tradition nous dit que [l'augmentation]des tarifs douaniers accentuera l’inflation aux États-Unis.»

Des pièces de monnaie en dollars canadiens sont affichées sur une carte de l'Amérique du Nord, à Montréal, dans une photo d'illustration du 9 janvier 2014.
Des pièces de monnaie en dollars canadiens sont affichées sur une carte de l'Amérique du Nord, à Montréal, dans une photo d'illustration du 9 janvier 2014.
Émilie Bergeron
Émilie Bergeron / La Presse canadienne

Des experts estiment que la victoire électorale de Donald Trump pourrait modifier la politique des taux d’intérêt aux États-Unis, car ses promesses risquent d’entraîner une accélération de l’inflation, ce qui pourrait avoir des répercussions sur les taux canadiens et le huard.

Parmi ces promesses figurent des tarifs imposants sur les biens importés, en particulier de Chine, ainsi que des taux d’imposition plus bas et une réglementation plus légère.

Donald Trump a promis qu’avec lui comme président, «l’inflation disparaîtrait complètement». Mais certains craignent que ses politiques économiques puissent en fait exercer une pression à la hausse sur l’inflation et, par conséquent, ralentir le rythme des baisses de taux d’intérêt attendues de la part de la Réserve fédérale américaine.

«La tradition nous dit que cette augmentation des tarifs douaniers accentuera l’inflation aux États-Unis», a souligné Sheila Block, économiste au Centre canadien de politiques alternatives.

Une inflation plus forte signifierait que la Réserve fédérale américaine pourrait être plus lente à réduire les taux d’intérêt, et les marchés modifient déjà leurs paris sur la baisse probable des taux par la banque centrale.

«Si vous mettez en place des tarifs douaniers et appuyez fort sur l’accélérateur et créez des pénuries d’emplois et une inflation des salaires en faisant chauffer l’économie, alors la Fed n’aura pas nécessairement autant de latitude pour réduire les taux aussi tôt ou aussi profondément qu’elle le ferait autrement», a fait valoir Brian Madden, directeur des investissements chez First Avenue Investment Counsel.

La banque centrale américaine a réduit son taux directeur comme prévu jeudi d’un quart de point de pourcentage, abaissant son taux d’intérêt de référence de financement à un jour dans la fourchette de 4,5 % à 4,75 %.

Les économistes de Goldman Sachs ont estimé que les tarifs anticipés de 10 %, ainsi que les taxes proposées sur les importations chinoises et les automobiles en provenance du Mexique, pourraient signifier une montée de l’inflation à près de 3 % d’ici le milieu de 2026.

Après l’élection, les marchés ont commencé à intégrer un «taux neutre» légèrement plus élevé pour la Fed, selon un rapport de TD publié mercredi. Cela signifie que les marchés pensent que la banque centrale arrêtera son cycle de réduction à un taux plus élevé que prévu.

«Nous modifions nos prévisions pour la Fed, car une inflation plus élevée se traduit par un rythme plus lent de baisse des taux en 2025», indique le rapport de TD – la Fed terminant 2025 avec son taux directeur à 3,5 % au lieu de 3 %, avant d’atteindre 3 % en 2026.

Cela signifie que «nous ne voyons aucun changement au taux neutre, juste que la Fed y parviendra plus tard», ont écrit les économistes.

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L'impact sur le huard

Alors que la Banque du Canada réfléchit à ses propres baisses de taux pour faire face au ralentissement de l’économie, les experts disent qu’elle doit garder à l’esprit l’économie américaine et la politique de la Fed.

«La valeur du dollar canadien étant réduite par rapport au dollar américain, cela est également inflationniste, car (...) de nombreuses choses que nous importons sont libellées en dollars américains», a souligné Mme Block.

«Je pense (...) que ce serait un facteur qui rendrait la Banque du Canada plus hésitante à réduire les taux trop rapidement», a-t-elle ajouté.

La Banque du Canada a commencé à réduire ses taux avant la Fed, car l'économie canadienne s'est affaiblie plus rapidement et plus significativement sous le poids des hausses de taux vouées à lutter contre l'inflation.

«Je pense que la divergence entre la trajectoire de la Banque du Canada et celle de la Fed aurait dû se produire dans n'importe quel scénario, mais maintenant, nous avons une confluence de facteurs», a déclaré M. Madden, avec un nouveau président «pro-croissance» aux États-Unis et une faiblesse continue de l'économie canadienne, qui, selon lui, pourrait être aggravée par les récentes réductions de l'immigration et des travailleurs étrangers temporaires.

«Il semble assez probable que le Canada va fonctionner dans une position d'offre excédentaire, ce qui donnera le feu vert à la Banque du Canada pour réduire les taux beaucoup plus rapidement à un niveau neutre, a dit M. Madden. Et il y aura un large écart entre les taux de financement à un jour des deux pays, si cela devait se produire, ce qui créerait probablement une pression à la baisse sur le dollar canadien.»

Cependant, M. Madden estime que l'effet d'un huard plus faible sur l'inflation canadienne ne sera pas considérable.

«D'un côté, les biens importés coûteraient plus cher parce qu'ils seraient achetés avec des dollars comportant moins de valeur. De l'autre, les exportations canadiennes vers les marchés mondiaux, en particulier aux États-Unis, seraient plus compétitives étant donné la faiblesse du dollar canadien, ce qui pourrait stimuler la demande», a-t-il expliqué.

Si Donald Trump met en œuvre son plan tarifaire, les volumes d'exportation canadiens vers les États-Unis pourraient être réduits de près de 5 % d'ici le début de 2027, ont déclaré les économistes de TD, ce qui entraînerait une augmentation des coûts pour les producteurs nationaux.

«Le coup porté à la croissance pourrait forcer la Banque du Canada à réduire ses taux d’intérêt d’environ (un demi à trois quarts de point de pourcentage) de plus que ce que nous prévoyons actuellement, ce qui creuserait l’écart avec les taux américains et exercerait une pression à la baisse supplémentaire sur le dollar canadien», ont-ils écrit, ajoutant que le huard pourrait descendre sous les 70 cents US.

Les tarifs signifieraient également que les Canadiens paieraient plus cher pour les importations, alimentant une «nouvelle accélération temporaire et modeste de l’inflation» avant de revenir à l’objectif de 2 % de la banque centrale d’ici 2026, ont-ils affirmé.

— Avec des informations de l’Associated Press

Émilie Bergeron
Émilie Bergeron / La Presse canadienne