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«Au Canada, de plus en plus de données montrent que les hausses passées du taux directeur freinent l’activité économique et allègent les pressions sur les prix.»
La Banque du Canada a maintenu son taux d'intérêt directeur à 5 %, mais elle n'a pas exclu d'éventuelles nouvelles hausses, ses dernières projections montrant que l'inflation resterait plus élevée à court terme.
«Sur la base de signes plus clairs que la politique monétaire fonctionne, le conseil de direction a jugé que nous pouvions être patients et maintenir le taux directeur à 5%. Nous allons continuer d'évaluer si la politique monétaire est assez restrictive pour rétablir la stabilité des prix et allons surveiller les risques de près», a affirmé le gouverneur Tiff Macklem lors d'une conférence de presse.
«Si les pressions inflationnistes persistent, nous sommes prêts à relever encore le taux directeur pour rétablir la stabilité des prix», a-t-il prévenu.
La hausse des taux d'intérêt semble avoir l'effet escompté sur l'économie: la croissance stagne, les dépenses de consommation ralentissent et le marché du travail se détend.
En outre, l'inflation a repris sa baisse en septembre, reculant à 3,8 % alors que les pressions sur les prix se sont atténuées dans l'ensemble de l'économie.
L'économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter, a estimé que, même s'il ne s'attend pas à ce que la banque centrale doive augmenter à nouveau les taux d'intérêt, il était trop tôt pour exclure cette possibilité.
«Je pense qu'ils ont une préférence pour une nouvelle augmentation des taux, si nécessaire, a expliqué M. Porter. Il n'en faudrait probablement pas beaucoup pour les amener à augmenter les taux.»
Le ton de la Banque du Canada n'a pas étonné les analystes, étant donné que les pressions sous-jacentes sur les prix sont restées obstinément élevées.
«Même si la Banque du Canada a clairement expliqué pourquoi elle n'avait pas besoin de relever ses taux de nouveau, nous nous attendons à ce que sa rhétorique belliciste persiste», a indiqué James Orlando, directeur des affaires économiques à la Banque TD, dans une note à ses clients.
En effet, elle doit maintenir des conditions financières strictes pour garantir que la croissance et l'inflation continuent de suivre la trajectoire projetée par la Banque du Canada, a-t-il ajouté.
La Banque du Canada a également publié mercredi son rapport trimestriel sur la politique monétaire, qui comprend de nouvelles prévisions économiques suggérant un ralentissement de la croissance économique et une accélération de l'inflation à court terme.
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La banque centrale s'attend désormais à une croissance du produit intérieur brut (PIB) réel de 1,2% en 2023, alors que ses prévisions précédentes en visaient une de 1,8%.
La croissance devrait encore s'affaiblir en 2024, avec une hausse du PIB réel de 0,9%, avant de rebondir à 2,5% en 2025.
La banque centrale continue de croire que l'inflation reviendra à l'objectif de 2% en 2025, comme prévu précédemment. Cependant, elle prévoit que l'inflation sera plus élevée à court terme, s'établissant en moyenne à environ 3,5 % jusqu'au milieu de 2024.
M. Macklem a noté que les nouvelles prévisions suggéraient que la voie vers un «atterrissage en douceur», ramener l'inflation à 2% sans un ralentissement économique marqué, s'est rétrécie.
«Nous disons depuis un certain temps que le chemin vers un atterrissage en douceur est étroit. Et dans cette projection, ce chemin est devenu encore plus étroit», a affirmé le gouverneur.
Lorsqu'on lui a demandé si cette période de plus faible croissance et d'inflation élevée pouvait être qualifiée de stagflation, M. Macklem a répondu qu'il «n'utiliserait pas ce mot».
«J'ai grandi dans les années 1970. Pour moi, la stagflation est une période de forte inflation et de chômage élevé. Ce n'est pas ce que nous vivons actuellement», a expliqué M. Macklem, rappelant que le taux de chômage était encore assez faible.
Le rapport de la Banque souligne certains risques entourant ses prévisions, notamment la guerre entre Israël et le Hamas. Alors que les prix du pétrole sont actuellement plus élevés que prévu, la banque centrale affirme qu'une escalade de la guerre vers un conflit régional plus large pourrait perturber l'approvisionnement mondial en pétrole.
M. Macklem a également évoqué l'impact des dépenses gouvernementales sur l'inflation, soulignant que les budgets fédéral et provinciaux dans leur ensemble ajouteraient à l'inflation au cours de la prochaine année.
«Si tous ces plans de dépenses se réalisent, les dépenses gouvernementales ajouteront à la demande plus que l'offre n'augmentera. Et dans un environnement où nous essayons de modérer les dépenses et de faire baisser l'inflation, cela n'aidera pas», a affirmé M. Macklem.
«Il serait utile que les gouvernements prennent en compte l'impact inflationniste de leurs décisions de dépenses lorsqu'ils élaborent leurs plans de dépenses. Il serait plus facile de faire ralentir l'inflation si les politiques monétaire et budgétaire ramaient dans la même direction.»