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«Mes choix sont présentement de mourir lentement en souffrant, ou rapidement… Ce sont mes options restantes...»
Contracter la COVID-19 a complètement changé la vie de Tracey Thompson.
Bien que la résidente de Toronto ait testé positive au virus il y a déjà deux ans, ses symptômes continuent d’impacter son quotidien, elle qui souffre toujours de fatigue sévère, l’empêchant de travailler.
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La quinquagénaire révèle que cette maladie incessante et le manque de support financier l’ont amenée à entamer des procédures d’aide médicale à mourir, légale au Canada depuis 2016.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Après 26 mois de pertes de revenus depuis l’arrivée de ses symptômes, la perte de sa capacité à travailler et le manque cruel de soutien, Mme Thompson estime qu’elle aura perdu tout son argent d’ici cinq mois.
«Mes choix sont présentement de mourir lentement en souffrant, ou rapidement… Ce sont mes options restantes», a-t-elle lancé en entrevue à CTV News Toronto.
En plus d’une fatigue sévère, la dame a identifié d’autres symptômes qu’elle a développé en raison de la COVID longue. Elle ne peut plus lire de livres ou de longs textes, sa vision commence à se brouiller lors du coucher du soleil et elle a de la difficulté à digérer de la nourriture, alors son goût et son odorat ont également été affectés.
Mme Thompson admet avoir de la difficulté à respirer à quelques reprises et des cicatrices sont désormais visibles sur son cœur en raison d’une myocardite.
Un an après avoir été malade, l’aide médicale à mourir a été élargie au Canada, permettant à d’autres personnes avec une maladie dégénérative d’y avoir accès.
Les données les plus récentes de Santé Canada montrent que 7595 Canadiens ont demandé l’aide médicale à mourir en 2020, une hausse de 34% comparée à l’année précédente.
Avant de contracter la COVID-19, Tracey Thomson travaillait en tant que cheffe cuisinière à Toronto.
Son travail comprenait de longs quarts remplis d’efforts physiques. Aujourd’hui, la dame affirme que se lever pour aller chercher un verre d’eau est désormais une énorme tâche pour elle.
«Passer d’employée acharnée à être constamment alitée… Je ne peux plus dépenser trop d’énergie, physiquement et mentalement, alors j’essaie de rester à la maison tout le temps», déplore-t-elle.
Mme Thompson ne veut pas mourir actuellement. En fait, elle continue d’apprécier les petites choses de la vie.
«Je suis vraiment heureuse d’être en vie. J’apprécie encore la vie. Les oiseaux qui gazouillent, les petites choses sont encore très plaisantes. J’aime encore mes amis», confie la quinquagénaire.
«Il y a beaucoup à apprécier dans la vie, même si elles sont moins présentes.»
Cependant, un monde où Mme Thompson n’est pas en mesure d’avoir de l’argent n’est pas un monde où elle croit pouvoir survivre.
«Je n’aime pas l’idée de souffrir pendant des mois pour arriver à la même conclusion. Lorsque rien ne peut t’aider, les choses ne vont pas changer», a expliqué Mme Thompson.
«Il me semble irrationnel de devoir me confronter à tout ça pour simplement mourir.»
Puisque la maladie de Mme Thompson ne figure pas dans Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées (ODSP), la dame ne peut pas recevoir une prestation de 1169$ par mois, chose qui pourrait prendre des années avant d’être admissible. Et même si l’Ontarienne parviendrait recevoir cette compensation, le montant lui permettrait seulement, dans le meilleur des scénarios, de payer son loyer.
«Ce serait l’entièreté de mon budget.»
Jusqu’à maintenant, Thompson a demandé l’approbation d’un médecin pour l’aide médicale à mourir et attend la réponse d’un deuxième spécialiste. Pour être pris en considération, un demandeur a besoin de deux médecins indépendants pour affirmer qu’il est bel et bien admissible à l’aide médicale à mourir.
Alors que Mme Thompson travaille toujours sur les étapes nécessaires, elle se dit certaine d'obtenir le feu vert.
«De ce que je sais, je remplirais tous les critères. Je suis vraiment malade.»
«Il n’y a pas de traitement. Il n’y a pas de remède. Tu n’es pas obligé d’être en phase terminale», a-t-elle avancé.
- Un texte de Hannah Alberga pour CTV News.