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L'autorisation publiée sur le site web de Santé Canada lundi matin indique que le traitement est autorisé pour les patients adultes atteints de symptômes légers ou modérés de la COVID-19 et qui présentent également un risque élevé de tomber malade.
Un nouvel outil, le Paxlovid de Pfizer, s’ajoute à l’arsenal pour combattre la COVID-19, mais sa distribution risque de présenter un défi de taille.
Santé Canada a approuvé lundi le traitement antiviral Paxlovid de Pfizer pour traiter la COVID-19.
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Le traitement est autorisé pour les patients adultes atteints de symptômes légers ou modérés de la COVID-19 et qui présentent un risque élevé de tomber plus gravement malades ou de décéder.
Les docteurs Theresa Tam et Howard Njoo, de la santé publique fédérale, ont expliqué lundi que les patients qui seront priorisés sont les personnes immunodéprimées, les octogénaires qui ne sont pas adéquatement vaccinés, ainsi que les personnes de 60 ans et plus résidant dans des communautés mal desservies par le système de santé, notamment en milieu rural ou éloigné et dans les communautés autochtones.
Le statut vaccinal ne sera pas considéré, ont expliqué les deux médecins et, comme il est connu que les personnes non vaccinées sont plus à risque, elles sont davantage susceptibles d’obtenir ce traitement.
« Ceci est un usage scientifique et rationnel d’un médicament qui est en quantité limitée. Nous savons que les non-vaccinés sont plus à risque d’avoir des conséquences sévères, d’être hospitalisés et d’aboutir aux soins intensifs. C’est le constat scientifique et nous suivons ces données », a tranché la docteure Tam.
« Je crois que, comme soignants, vous ne pouvez choisir quels patients qui entrent à l’hôpital seront traités », a-t-elle ajouté, précisant que ces décisions avaient été prises avec des experts de plusieurs domaines, dont des éthiciens. « Les groupes priorisés représentent un effort collectif pour établir non seulement les critères cliniques, mais aussi les considérations éthiques de même que l’équité. »
En conférence de presse à la suite du breffage technique des autorités de santé publique, le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, a senti le besoin de rappeler les principes de base du système de santé canadien. «De quelle manière on traite les non-vaccinés, c'est dans un contexte de bienveillance. Au Canada, on traite les gens comme ils sont d'où qu'ils viennent, peu importe leur passé, peu importe leurs choix, on les accepte comme ils sont dans les services hospitaliers et pour d'autres services médicaux», a-t-il dit.
Quantités limitées pour un usage restreint
Howard Njoo, pour sa part, a fait valoir que l’objectif premier était « de relâcher la pression sur notre système de santé. On souligne toujours le point que la vaccination est la meilleure façon, avec aussi les mesures de santé publique, d’éviter les hospitalisations, le fardeau sur notre système de soins de santé, mais ce traitement est un autre outil supplémentaire. »
On ne peut toutefois se faire d'illusions quant à l'impact qu'aura le Paxlovid. Ottawa attend 1,5 million de doses d'ici la fin de mars, mais il faut dix doses pour un traitement, ce qui se traduira donc par une possibilité de traiter 150 000 personnes. Mais pour l'instant, on n'a reçu que 30 000 traitements, dont environ 6000 pour le Québec.
Le docteur Marc Berthiaume, directeur du Bureau des sciences médicales à Santé Canada, a expliqué que le Paxlovid ne sera d’aucune utilité pour les patients déjà hospitalisés avec des atteintes graves. « Ce n’est pas un traitement qui est indiqué chez quelqu’un qui est rendu dans une hospitalisation. (Il doit) vraiment être utilisé dans les cinq premiers jours (de l’apparition de symptômes). C’est vraiment un médicament qui va bloquer la réplication virale, donc c’est vraiment dans les premières phases de la maladie qu’il va pouvoir démontrer ses bénéfices », a-t-il dit.
Et c’est là que se trouve la difficulté: pour être traité de manière efficace avec le Paxlovid, il faut d’abord être dans les cinq premiers jours de l’apparition de symptômes, obtenir un test qui confirme l’infection, obtenir ensuite une prescription d’un médecin, se procurer le médicament et commencer le traitement dans les cinq jours suivant l’apparition des symptômes.
Traverser toutes ces étapes dans une fenêtre de temps aussi restreinte risque d’être impossible dans bien des cas. « Dès qu’on dépasse cette fenêtre (de cinq jours), on ne peut pas utiliser le traitement antiviral », a reconnu le docteur Njoo.
Le Paxlovid est un traitement qui utilise une combinaison de médicaments, le Nirmatrelvir et le Ritonavir, pour empêcher le virus qui cause la COVID-19 de se répliquer une fois qu’il a infecté un patient.
Les essais cliniques montrent qu’il est efficace à près de 90 % pour prévenir les maladies graves chez les patients à haut risque qui l’ont reçu dans les cinq premiers jours suivant l’infection.
À Ottawa, le chef conservateur Erin O'Toole a reproché au gouvernement Trudeau d'avoir agi trop lentement. Selon lui, Ottawa aurait dû faire des démarches pour que Santé Canada oeuvre en collaboration avec l'autorité réglementaire américaine, la Food and Drug Administration (FDA), afin d'aller plus vite pour l'approbation du médicament.
«Nous venons d'acheter Paxlovid. On a seulement 30 000 (traitements) chez nous maintenant, avec une crise dans notre système. C'est un autre exemple d'un gouvernement lent pendant la pandémie», a dit le chef conservateur.
Santé Canada n’a pas autorisé l’utilisation du Paxlovidchez les enfants et adolescents de moins de 18 ans.
Il ne peut pas non plus être utilisé plus de cinq jours consécutifs.
Santé Canada émet par ailleurs plusieurs mises en garde sur l’utilisation de ce médicament.
Ainsi, les personnes souffrant de maladies du rein doivent consulter leur médecin avant de prendre du Paxlovid. Une dose plus faible pourrait être indiquée. Il est contre-indiqué pour les patients souffrant de maladies du foie, notamment l’hépatite, et ceux aux prises avec le VIH.
Le médicament présente également des risques de « sérieuses interactions » avec une longue liste d’autres médicaments.
« Il y a 19 classes de médicaments, qui incluent 37 différentes molécules qui sont contre-indiquées d’être administrées de façon concomitante avec le Paxlovid. Par ailleurs, il y a un groupe additionnel de presque 120 médicaments qui regroupent environ 28 classes pharmacologiques pour lesquels on doit s’assurer de penser à une interaction et parfois ajuster les doses », a expliqué le docteur Berthiaume.
Certains effets secondaires ont été notés au cours des essais cliniques, notamment de la diarrhée, des douleurs musculaires, des nausées, de la haute pression et des maux de tête, mais Santé Canada avertit que d’autres effets secondaires pourraient être notés à mesure que son usage s’étend.