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Un débat a eu lieu sur le sujet vendredi à l'Assemblée nationale.
La députée solidaire, Christine Labrie, et le député péquiste, Joël Arseneau, s'inquiètent de l'avenir des soins à domicile au Québec et ils ont demandé vendredi une mise à jour du dossier à la ministre des Aînés, Sonia Bélanger.
«Comme vous le savez, ça ne va pas très bien en ce moment sur ce dossier-là. Il y a un peu plus d'un an, la Commissaire à la santé et au bien-être avait livré son rapport dans lequel elle disait qu'on répondait [au Québec] qu'à seulement 10% des besoins [en matière de soins à domicile]. Un peu plus d'un an plus tard, on n'a aucune idée d'où on en est par rapport à ça», a souligné Mme Labrie vendredi matin en point de presse à l'Assemblée nationale tout juste avant d'entrée en chambre.
La porte-parole du deuxième groupe d’opposition pour les aînés s'interroge sur l'avenir des soins à domicile au Québec alors que le gouvernement impose des compressions dans le réseau de la santé et des services sociaux. Rappelons que le gouvernement a mandaté Santé Québec pour qu'il élimine 1,5 milliard $ de dépenses afin de renouer avec l'équilibre budgétaire dans le réseau.
«On a des témoignages très inquiétants, notamment de coupures dans les chèques emploi-service, mais aussi de déshumanisation des soins de la part de certaines personnes», a-t-elle affirmé.
Des données obtenues par Québec solidaire (QS) démontrent que le nombre d'heures couvertes par le chèque emploi-service a diminué de 1,06 million à 995 000 entre avril et décembre dernier.
En débat vendredi à l'Assemblée nationale, la ministre des Aînés a plutôt affirmé que les heures de soutien à des personnes vulnérables couvertes par le chèque emploi-service «étaient en hausse».
Le député péquiste Joël Arseneau a lui aussi soulevé la question de l’avenir des soins à domicile au Québec lors d'un point de presse à l'Assemblée nationale, vendredi.
Le porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de santé, de services sociaux et de soins à domicile a tenu à souligner que «16 000 personnes étaient en attente d’un premier service de soins à domicile au Québec».
M. Arseneau a accusé le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) de procrastiner dans le dossier des soins à domicile.
«[…] Quels sont les moyens qui sont déployés? On procrastine, on remet à plus tard, et pendant ce temps, évidemment, les services ne sont pas livrés», a-t-il déploré.
«Il ne faut pas considérer les aînés qui ont besoin de soins à domicile uniquement sous la lorgnette de la maladie ou des soins de santé : ce sont des personnes à part entière qui peuvent contribuer à la société. Avec des services adéquats à domicile, elles peuvent continuer d’être actives», a affirmé Joël Arseneau.
Le Parti québécois estime que le prochain budget du gouvernement du Québec devrait inclure une somme minimale de 2 milliards de dollars pour soutenir un grand virage vers les soins et les services à domicile.
Le Québec est «très bon» en soutien à domicile des personnes vulnérables, a assuré de son côté la ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger, vendredi, même si on a rapporté une diminution des services récemment.
Elle vise à porter à 8 milliards $ d'ici à 2029-2030 les investissements en soutien à domicile, alors que 3,6 milliards $ ont été injectés dans ce secteur depuis 2018.
«Quand les équipes de soutien à domicile (...) entendent qu'ils sont les moins bien classées par rapport à l'Europe et le Canada, honnêtement, je trouve ça plutôt insultant», a asséné Mme Bélanger en réponse à ses vis-à-vis, au cours d'un débat de deux heures à l'Assemblée nationale.
«On est bons en soutien à domicile, on est très bons même en soutien à domicile, on peut se le dire?»
L'an dernier, plus de 16 000 personnes attendaient des services, tandis que la ministre affirme qu'elles sont 17 000.
Aussi, 386 500 personnes reçoivent des services actuellement, par rapport à 383 000 l'an dernier.
«Il n'est pas question qu'on coupe dans le soutien à domicile», a garanti la ministre, alors que le prochain budget devrait être déposé en mars.
Elle a convenu qu'il est «possible» qu'il y ait eu des «ajustements» en raison de la mise en place de l'agence Santé Québec.
La ministre avait même transmis une lettre à Santé Québec pour éviter des compressions dans les Chèques emploi-service, mais l'agence «a pris sa lettre et l'a mise au recyclage», a lancé avec ironie la députée Christine Labrie de QS.
«Les témoignages sont clairs sur l'impact des réductions d'heures de services sur les personnes qui en ont besoin», a-t-elle déploré en évoquant une «déshumanisation de soins».
Le gouvernement Legault prévoit d'adopter cette année une politique nationale de soutien à domicile, entre autres pour améliorer l'accès aux soins pour les aînés. Outre d'investir les sommes nécessaires, les principales parties concernées veulent une réorganisation des soins et avoir une meilleure fluidité.
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La ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger, a annoncé qu'elle veut présenter une politique nationale de soutien à domicile d’ici décembre 2025. Les consultations avec les organismes et les ordres professionnels ont déjà commencé.
D'ici 2031, les aînés de 65 ans et plus représenteront le quart de la population québécoise, soit plus de deux millions de personnes. La demande en soins de santé est donc appelée à augmenter en plus de la complexité des cas.
Dans son rapport publié en janvier 2024, la Commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay, avait qualifié la situation du soutien à domicile «d'inquiétante» et de «fragile» au Québec.
Elle estimait alors que Québec devrait ouvrir la porte à une contribution financière des usagers pour assurer la pérennité des services de soutien à domicile.
La contribution devrait être déterminée selon les moyens de l'usager, précise la commissaire. Les services médicaux, infirmiers, professionnels, ainsi que les services posthospitaliers et palliatifs devraient demeurer gratuits.
Dans son rapport qui contient 16 recommandations, la commissaire plaide en faveur d'une transformation du système de soutien à domicile. Elle recommande, notamment, de passer à une approche qui valorise le maintien de l'autonomie, de soutenir l'innovation et d'améliorer le soutien à la population.
Avec des informations de La Presse canadienne