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Limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C permettra d'éviter un emballement du changement climatique, mais pas des souffrances massives dans les pays en développement.
Limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C permettra d'éviter un emballement du changement climatique, mais pas des souffrances massives dans les pays en développement, a averti mercredi un consortium de 50 chercheurs.
Quelque 200 millions de personnes dans les régions pauvres seront exposées à une chaleur invivable et un demi-milliard seront confrontées aux ravages destructeurs de la montée des eaux, même si le monde respecte le plafond de +1,5°C par rapport à la fin du XIXe siècle fixé par l'accord de Paris, ont-ils indiqué dans une étude publiée dans Nature.
Ce scénario est désormais considéré comme optimiste, alors que les émissions de gaz à effet de serre restent à des niveaux record et que les scientifiques du Giec (ONU) estiment que les politiques actuelles mènent plutôt vers un réchauffement de 2,7°C d'ici la fin du siècle.
La température moyenne à la surface de la Terre a déjà augmenté de près de 1,2°C depuis l'ère préindustrielle, ce qui, selon les auteurs de l'étude, est déjà trop élevé.
Si l'on veut éviter que de larges pans de l'humanité soient exposés à «des dommages importants (...), la juste limite doit être fixée à 1°C ou en dessous», et la concentration atmosphérique de CO2 - actuellement à 420 parties par million (ppm) - doit être réduite à 350 ppm, jugent les scientifiques.
«Nous sommes dans l'Anthropocène, mettant en danger la stabilité et la résilience de la planète entière», a déclaré Johan Rockström, auteur principal de l'étude, faisant référence à une nouvelle époque géologique marquée par l'empreinte de l’homme sur la planète.
Johan Rockström est l'un des initiateurs du concept de «limites planétaires», des lignes rouges à ne pas franchir.
En 2009, lui et ses collègues ont identifié neuf de ces limites et ont estimé que trois avaient déjà été franchies: les gaz à effet de serre réchauffant la planète, l'accélération de l'extinction d'espèces et un excès d'azote et de phosphore dans l'environnement (provenant principalement des engrais).
Depuis, nous en avons franchi trois autres: la déforestation, la surexploitation de l'eau douce et l'omniprésence de produits chimiques synthétiques, notamment les plastiques.
La pollution extérieure aux particules, qui raccourcit chaque année plus de quatre millions de vies, pourrait s'ajouter cette année à la liste et l'acidification des océans n'est peut-être pas loin derrière.
«Rien de moins qu'une juste transformation globale (...) est nécessaire pour assurer le bien-être humain», concluent les auteurs de l'étude, soutenue par la Global Commons Alliance, une coalition de plus de 70 centres de recherche et de politique, dont le Forum économique mondial, The Nature Conservancy et Future Earth.
«Ces transformations doivent être systémiques dans les secteurs de l'énergie, de l'alimentation, de l'urbanisation, etc», s'attaquant à tous les moteurs économiques, technologiques, politiques du réchauffement pour garantir l'accès aux ressources pour les plus pauvres.