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Northvolt rejette les conclusions des organisations environnementales.
Des substances toxiques, qui proviendraient d'une autre époque, s'écouleraient dans la rivière Richelieu à partir du site de Northvolt en Montérégie, selon des organisations qui ont présenté leurs résultats lundi matin à Montréal. Ces conclusions sont toutefois rejetées catégoriquement par l'entreprise qui soutient prendre toutes les précautions pour éviter la contamination des eaux de ruissellement.
Le Comité Action Citoyenne - Projet Northvolt (CAC), la Société pour vaincre la pollution (SVP) et la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) ont fait analyser des échantillons d'eau et de sédiments qui proviendraient du site de Northvolt par un laboratoire certifié.
Les échantillons analysés «suggèrent que les travaux de construction de l'usine Northvolt» ont favorisé le relargage dans la rivière Richelieu de divers contaminants provenant de l'ancien site industriel, dont des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), des substances toxiques et cancérigènes.
Northvolt rejette les conclusions des organisations environnementales.
«Leurs échantillonnages ont été faits en dehors du site», a indiqué Valérie Hébert, gestionnaire environnement pour Northvolt, dans une entrevue avec La Presse canadienne.
Il peut donc, selon elle, y avoir eu une contamination «par les terres agricoles» à proximité ou «par les eaux de ruissellement le long des rails du CN», ou «ça peut être influencé par l'eau de ruissellement de la route, à proximité, dans laquelle il peut y avoir un contaminant».
Mme Hébert a fait référence à une possible contamination des échantillons par la route, car le Chemin du Richelieu, qui longe la rivière, sépare le site de Northvolt et les lieux où certains échantillons ont été recueillis par les citoyens.
«Depuis le début des travaux, Northvolt a analysé 27 échantillons d'eau s'écoulant hors de son site pour les HAP. Aucun de ces échantillons ne dépasse le critère de rejet à la rivière Richelieu déterminé par le MELLCFP pour l'anthracène», a fait valoir la gestionnaire environnement pour Northvolt.
«Nous, on échantillonne à la sortie de notre site et eux, ils ont échantillonné en dehors du site», a-t-elle ajouté.
Valérie Hébert a également expliqué que les eaux de ruissellement du site en construction sont dirigées vers un bassin de rétention dont la grandeur est suffisante pour capter l'entièreté des eaux de ruissellement et ainsi éviter les inondations soudaines.
Avant que Northvolt réagisse, l'écotoxicologue à la Société pour vaincre la pollution Daniel Green avait expliqué avoir observé des écoulements d'eau de ruissellement provenant du site de construction de Northvolt à partir de photos satellites et de photos provenant de drones.
Il a précisé que des photos aériennes prises après de fortes pluies au mois de juin et au mois d'août 2024 montrent «que le site est saturé d'eau, engorgé d'eau» et qu'on «voit les traces d'eau de ruissellement se diriger dans la rivière Richelieu» à partir de l'usine en construction.
Il a expliqué que des échantillons d'eau et de sédiments, provenant de ruissellements, ont été recueillis au mois de septembre 2024 par le groupe de citoyens le long du littoral de la rivière Richelieu.
«Il y a des écoulements du site, c'est visible, on a échantillonné des écoulements» et «il y a des échappements du site qui contaminent l'environnement. C'est ce que nos données démontrent», a affirmé Daniel Green lors d'une conférence de presse, lundi matin.
Le biologiste et directeur général de la SNAP Québec, Alain Branchaud, a ajouté que «Northvolt fait des efforts pour empêcher le rejet de contaminants». Mais «est-ce qu'elle en fait suffisamment?, la réponse est non».
L'un des endroits où les échantillons de sédiments ont été recueillis par les citoyens est à la sortie d'un `tuyau de rejet' qui s'écoule à quelques mètres de la rivière Richelieu, juste en dehors du terrain de Northvolt, a expliqué le coprésident de la SVP, Daniel Green.
À cet endroit, des concentrations de 2 mg/kg d'anthracène (une sorte de HAP) auraient été constatées, soit 8,2 fois plus que le critère CEP pour la protection de la vie aquatique.
Le CEP de l'anthracène pour la vie aquatique est de 0,24 selon un document conjoint des deux ministères de l'Environnement.
Le critère CEP correspond à la concentration au-delà de laquelle «des effets néfastes sont fréquemment observés» pour les espèces aquatiques.
«Nous nous questionnons quant à la pertinence de comparer les résultats d'analyse de solides trouvés dans un tuyau avec les critères applicables à des sédiments», a rétorqué Valérie Hébert, en ajoutant que «si l'on utilise plutôt les critères applicables aux sols, une concentration de 2mg/kg d'anthracène» ne dépasse pas le seuil de contamination.
La rivière Richelieu est la «première victime de cette contamination industrielle», selon SNAP Québec.
« Nous sommes particulièrement inquiets de voir surgir une nouvelle menace à la survie et au rétablissement du chevalier cuivré», a indiqué Alain Branchaud, de la SNAP Québec.
Ce poisson n'existe nulle part ailleurs au monde qu'au Québec, dans le secteur situé entre le Lac Saint-Louis et le Lac Saint-Pierre et particulièrement dans l'estuaire de la rivière Richelieu.
Les trois organisations demandent «la prise en charge des analyses toxicologiques par les deux ministères de l'Environnement» et aussi «la mise en place d'un système de confinement et de traitement de l'eau pour éviter la contamination de la rivière Richelieu».
L'écotoxicologue Daniel Green a expliqué avoir appliqué le protocole d'échantillonnage de sédiments et d'eau de surface du ministère de l'Environnement du Québec et organisé une formation de citoyens «pour leur montrer comment échantillonner».
Les citoyens ont utilisé `des bouteilles sellées, remises par le laboratoire' qui a analysé les échantillons.
«Ce qui est intéressant dans le fait d'utiliser des citoyens, c'est qu'ils connaissent le territoire, ils passent devant Northvolt tous les jours» et «si nous avons identifié des écoulements, c'est parce que les citoyens nous disaient «ça coule là!»», a expliqué M. Green.
Les contaminants, selon lui, sont sur le site depuis l'époque où l'endroit appartenait à la compagnie CIL, mais ce sont les travaux de Northvolt, a-t-il affirmé, qui permettent aux contaminants de s'échapper du site et d'atteindre la rivière, notamment parce que beaucoup d'arbres ont été coupés.
«C'est une initiative citoyenne, ce sont des fonds de citoyens qui ont permis de faire l'échantillonnage», mais «ce n'est pas à nous de faire ça», mais au gouvernement, a pour sa part dénoncé Arianne Labonté, membre du comité de citoyens.
Le terrain où compte s'établir Northvolt en Montérégie a longtemps été un site industriel.
Tout au long du 20e siècle, le terrain était la propriété d'entreprises de production d'explosifs.
La municipalité de McMasterville a d'ailleurs été ainsi nommée en l'honneur de William McMaster, premier président de la Canadian Explosives Company en 1910.
Dans les années 2000, et jusqu'en 2015, le site a servi à des entreprises de fabrication de produits chimiques et de peintures.
Durant cette même période, il a également fait l'objet de travaux de décontamination et de végétalisation.