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«Je n'ai pas fait ça par haine, j'ai fait ça par amour et par très grande compassion.»
Gilles Brassard, 81 ans, a pris le chemin de la prison vendredi avant-midi, pour avoir tué «par compassion» sa femme atteinte d’Alzheimer, l’an dernier à Terrebonne.
La juge Hélène Di Salvo a entériné la suggestion commune des parties, soit la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 10 ans et demi.
«C'est une histoire d’une tristesse incommensurable. [...] Rarement dans une décision pour une peine de meurtre au 2e degré, les mots “amour”, “compassion” et “détresse” peuvent y trouver une place. C'est le cas ici.»
L'octogénaire a timidement salué ses proches qui l'accompagnaient avant de partir pour la détention.
«La famille et M. Brassard se sentent abandonner. On l'envoie clairement mourir en prison», a réagi son avocate Me Elfriede Duclervil à Noovo Info. «Il a 81 ans et n'a aucun passif judiciaire. Il a certains problèmes de santé. M. Brassard me le dit et sa famille aussi: "la société l'a abandonné". C'est littéralement une peine de mort.»
La semaine dernière, M. Brassard avait plaidé coupable du meurtre au deuxième degré dans la mort par strangulation de Thérèse Brassard-Lévesque en septembre 2023 dans une maison de retraite à Terrebonne, dans Lanaudière. Au moment des faits, il avait tenté de s'enlever la vie, par la suite, en avalant plusieurs pilules. Une employée l'avait retrouvé à temps. La scène avait été captée par une caméra de surveillance.
«Je n'ai pas fait ça par haine, j'ai fait ça par amour et par très grande compassion. Je la voyais tellement diminuer et le pire était à venir. Donc, je n'étais pas capable d'endurer tout ça. Il y avait beaucoup trop de choses qui rentraient en compte aussi», a expliqué l'octogénaire aux journalistes, vendredi. «Je l'ai eue à la maison, elle était très agressive. Quand je lui donnais sa douche, elle me donnait des coups de pied et elle me griffait.»
Les témoignages des membres de la famille du couple lus en cour ont dépeint Gilles Brassard comme un mari et un père aimant, qui a essayé de prendre soin de sa femme aussi longtemps qu'il le pouvait avant qu'elle ne devienne trop malade et agressive pour vivre à la maison.
M. Brassard avait dû placer sa femme, avec qui il était marié pendant 53 ans, en résidence à la Ressource de Lanaudière. Selon les témoignages pendant le procès, ça ne serait pas bien passé pour elle. La femme de 79 ans était parfois mal nourrie, portait toujours les mêmes vêtements et avait même les ongles noirs.
«Je me suis dit qu'on avait 80 ans et qu'on en a assez fait. On va laisser notre place et on va aller dans un monde meilleur», a avoué l'accusé aux journalistes vendredi.
Le meurtre au deuxième degré entraîne automatiquement une peine d'emprisonnement à vie, avec un minimum obligatoire de 10 ans avant qu'un délinquant puisse demander une libération conditionnelle.
Avec des informations de la Presse canadienne