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M. LaSalle est l'un des quelque 23 000 anciens combattants dont les demandes d'invalidité sont en attente de traitement au ministère fédéral — un arriéré qui demeure une source de colère, de frustration et d'anxiété, malgré les promesses répétées du gouve
Lorsque Stephen LaSalle s'est blessé au pied pour la première fois lors d'un exercice d'entraînement militaire, il avait vaguement entendu des histoires d'horreur sur ce que c'était que de traiter avec le ministère des Anciens Combattants. Cinq ans plus tard, le lieutenant de Marine réserviste peut en témoigner.
M. LaSalle est l'un des quelque 23 000 anciens combattants dont les demandes d'invalidité sont en attente de traitement au ministère fédéral — un arriéré qui demeure une source de colère, de frustration et d'anxiété, malgré les promesses répétées du gouvernement libéral.
M. LaSalle attend de savoir s'il a droit à la prestation du remplacement du revenu, car les douleurs chroniques et le stress post-traumatique qu'il subit depuis l'amputation du pied l'empêchent de travailler.
«Je souffre non seulement de l'amputation, mais je fais face à mes propres problèmes de santé mentale à cause de tout ça, dit-il depuis sa maison à Niagara Falls, en Ontario. Sans la prestation, je n'aurai aucun revenu.»
Le ministre des Anciens Combattants, Lawrence MacAulay, a convenu mardi que les temps d'attente au ministère étaient trop longs, mais il soutient que son gouvernement a fait des progrès en embauchant des centaines d'employés temporaires pour traiter les demandes.
Dans une entrevue avec La Presse Canadienne, le ministre a soutenu que les délais d'attente «avaient considérablement diminué» — le ministère met 25 semaines avant de traiter les demandes initiales des anciens combattants, comparativement à plus de 43 semaines l'an dernier.
Mais cette moyenne de 25 semaines ne tient pas compte de la durée pendant laquelle de nombreuses réclamations attendent avant le début officiel du décompte, y compris celles jugées incomplètes ou qui attendent toujours d'être confiées à un adjudicateur. Or, environ 17 000 des 30 000 demandes d'invalidité au ministère à la fin septembre appartenaient à ces deux catégories.
Dans un rapport publié plus tôt ce mois-ci, l'ombudsman des vétérans, Nishika Jardine, a déploré les longs délais auxquels sont confrontés de nombreux anciens militaires avant de savoir s'ils sont admissibles à un soutien financier et médical.
«En fin de compte, les anciens combattants attendent toujours plus du double des 'normes de services publiées' pour que les demandes d'invalidité soient réglées», a déploré la colonelle à la retraite Jardine en entrevue.
L'objectif déclaré du gouvernement pour le traitement de 80 % des demandes est de 16 semaines.
Pendant ce temps, de nouveaux chiffres produits par Anciens Combattants montrent que le nombre de demandes non traitées au sein du ministère n'a pas beaucoup bougé, à environ 30 000, au cours des neuf derniers mois. Et le ministère a reçu environ 6000 demandes de plus qu'il n'en a traitées au cours du dernier trimestre, ce qui soulève des craintes quant à un retour de l'arriéré et des longs délais.
La question a été relevée par le directeur parlementaire du budget et par la vérificatrice générale, Karen Hogan, qui a accusé plus tôt cette année le gouvernement fédéral de ne pas avoir tenu sa promesse de prendre soin de ceux qui sont blessés pendant leur service militaire.
Le gouvernement libéral a dépensé des millions de dollars pour embaucher des centaines de travailleurs temporaires afin d'éliminer l'arriéré, comme le rappelait mardi le ministre MacAulay, en cherchant à imputer la faute aux réductions de personnel ordonnées par le gouvernement conservateur de Stephen Harper.
«Avec ce dont on a hérité, ils s'attendaient à ce qu'il faille 10 ans pour ramener Anciens Combattants là où il était, et le ministère est maintenant là où il doit être», a-t-il soutenu.
Témoignant le mois dernier devant le Comité des anciens combattants de la Chambre des communes, la vérificatrice générale a déploré ce recours aux travailleurs temporaires et ce qu'elle a décrit comme un financement ad hoc, avant de réitérer son appel pour un plan de dotation à long terme au ministère.
D'autres solutions ont également été évoquées à plusieurs reprises par les organisations d'anciens combattants — et largement ignorées par le gouvernement. On suggérait notamment l'octroi de prestations et de services aux anciens combattants handicapés dès qu'ils en font la demande, puis le recours par la suite à un mécanisme d'audit pour détecter les tricheurs potentiels.
Le Conseil national des associations d'anciens combattants au Canada (et son Association des amputés de guerre) le demande depuis des années. Un comité des Communes a aussi recommandé l'année dernière que le gouvernement modifie la loi pour permettre l'approbation préalable des demandes, afin que les anciens combattants puissent obtenir de l'aide plus rapidement. La Légion royale canadienne appuie également une telle demande, du moins en ce qui concerne les blessures et les affections les plus courantes.
Et bien que les défenseurs aient salué la décision du gouvernement de permettre aux anciens combattants d'avoir accès à des services de santé mentale en attendant que leurs demandes soient traitées, ils se demandent pourquoi une approche similaire n'avait pas été adoptée pour les blessures physiques.